Chapitre 11
Denis n'en croyait toujours pas ses oreilles. Alors, ce Marcel Bleau était un vrai médium avec de vrais pouvoirs? Donc, ce qu'il avait vu était une véritable entité et ses notes mystérieuses voulaient vraiment dire quelque chose? Ce n'était pas de la frime?
Denis se rappela soudain du moment où Marcel Bleau cherchait quelque chose du regard dans la pièce et qu'il avait un l'impression, un instant, que Bleau le regardait. Peut-être avait-il vraiment senti sa présence, en fin de compte? Denis état soufflé, c'était tout simplement incroyable.
Pourquoi cet homme avait-il quitté la Société, alors? Était-il en conflit avec cette dernière? Pourtant, Anaïs avait dit qu'il avait gardé le contact avec eux. Peut-être ses activités lucratives causaient-elles problème aux gens de la Société?
Peu après son téléphone à Anaïs, cette dernière avait immédiatement rejoint Cournoyer pour l'alerter. Bien entendu, lorsque ce dernier avait commencé son enquête, il était déjà trop tard. Le meurtre avait déjà eu lieu et le cadavre décapité de Bleau avait déjà été retrouvé par sa femme qui avait alerté la police.
Le lendemain, vendredi après-midi, Denis se rendait au bureau de Cournoyer pour donner sa déposition. Aurélie et Anaïs, descendue expressément de Baie-Saint-Paul, devaient le rejoindre là-bas. Anaïs préférait ne pas le laisser seul et tenait à ce qu'un membre l'accompagne pour le soutenir en cas de besoin. Elle-même semblait passablement affectée par la mort de Bleau, plus que Denis ne l'aurait cru.
Denis arriva au poste de police au coin d'avenue du parc et de Jean-Talon et fut amené dans le bureau de Cournoyer où Aurélie et Anaïs l'y attendaient. Aurélie était vêtue d'une jupe paysanne noire et d'un chandail en dentelle noire. Un collier de rubans dentelés, orné de gouttes noires et d'une pierre rouge serrait son cou. Des cœurs rouges sur fond noir brillaient sur ses ongles courts. Anaïs, toujours aussi sobrement vêtue, sirotait une tasse de thé, probablement celui de la réserve de Cournoyer. Elle tenait le coup, mais elle était clairement ébranlée. Son chien Cookie, comme s'il sentait sa détresse, était assis tout près d'elle et avait posé son menton sur ses genoux. Denis se demandait encore à quel point elle connaissait Bleau. Le lieutenant fit asseoir Denis. Aurélie, assise juste à ses côtés, posa sa main sur la sienne et lui sourit.
― Vraiment navrée pour ce que tu as eu à vivre ça, dit-elle. Est-ce que ça va?
Denis s'efforça de sourire à son tour. Aurélie semblait vraiment désolée pour lui et empreinte de sollicitude.
― Ça va aller, je pense. Ça va juste me prendre un peu de temps à m'en remettre.
Denis prit une grande respiration et poussa un soupir.
― Bon, si vous voulez bien, on pourrait commencer tout de suite? dit-il. J'avoue que plus vite on en aura fini, mieux je me sentirai.
― Je vous écoute, dit Cournoyer, en s'appuyant sur son bureau.
Denis raconta alors pratiquement tout ce qu'il avait vu. Du moins, les détails dont il arrivait à se rappeler. Pendant tout le temps qu'il narrait l'assassinat, il regardait Anaïs et Aurélie en biais. Il aurait bien voulu épargner les parties sanglantes, spécialement pour Anaïs, mais il se doutait un peu qu'elle savait à quoi s'attendre.
― Alors, monsieur Bleau a bel et bien été décapité à l'aide d'un couteau, marmonna Cournoyer, songeur. C'est ce que les conclusions du rapport préliminaires avaient démontré.
― Heu... par curiosité, qu'est-ce que le rapport a dit d'autre? demanda Denis.
Cournoyer se redressa sur sa chaise et jeta un regard circulaire sur ses trois invités. Le crime était odieux et sauvage et il n'aimait jamais mentionner ce genre de détails scabreux, même après avoir œuvré toutes ces années dans la police. Cela demeurait difficile. Il sentait Anaïs émotive, mais il continua. Il était certain qu'elle voudrait savoir de toute façon.
VOUS LISEZ
La Société des voyants, Tome 1: L'odeur de la nuit
ParanormalDenis Bergevin a toujours été différent des autres et il le sait. Caché au plus profond de son être, il conserve un secret qu'il n'a jamais révélé à personne : depuis sa plus tendre enfance, Denis a des visions. Et pas n'importe lesquelles, car ses...