Chapitre 6, partie 2

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Denis ne s'était pas trompé. Il avait passé trois jours à dormir à l'institut, sur un petit lit, dans une pièce morne et avec des électrodes sur le cuir chevelu ainsi que sur la figure, la poitrine et aux jambes, et des sangles autour du thorax et de l'abdomen, pour subir ses examens de polysomnographie. Curieusement, le fait de ne pas être chez lui l'empêchait de faire de l'insomnie, même s'il ne prenait pas ses somnifères pendant la durée de tests, afin d'éviter qu'ils aient une influence sur les résultats. Et quand il ne dormait pas, le Dr Scott l'avait soumis à une batterie de tests qui occupaient une partie de ses journées. Analyses sanguines, examens pour vérifier ses réflexes, imagerie cérébrale par résonance magnétique nucléaire, magnétoencéphalographie, exercices sur le tapis roulant avec un électrocardiogramme, etc.

Denis se demanda si le Dr Scott et son équipe allait trouver quelque chose, car il n'eut aucun cauchemars ou visions durant les trois nuits. Aurait-il besoin de revenir une autre fois afin de s'assurer qu'ils le voient pendant une crise ? D'un autre côté, savoir qu'on l'étudiait et qu'on allait peut-être le renseigner sur son état et ses causes le rassurait. Il se savait entre bonnes mains.

Aurélie, de son côté, faisaient les exercices également et passaient pratiquement les mêmes tests. Denis appris d'elle un peu plus tard que les membres devaient passer des examens au moins une fois par année pour vérifier leur état de santé et la progression de leur pouvoir, s'il y en avait eu.

Entre les tests, Aurélie amenait Denis à l'hôtel, soit pour se reposer, se changer, manger au resto de l'hôtel ou encore se détendre à la piscine.

Rendu au lundi matin, après environ 2 jours et demi d'examens, le Dr Scott rencontra Denis et Aurélie dans son bureau.

― Alors? Vous avez trouvé quelque chose? Demanda Denis, nerveux.

― Oui, on pourrait dire ça.

Le Dr Scott sorti trois très longues feuilles quadrillées de son tiroir. Sur ces dernières, des tracés en dents de scie. Les résultats de l'EEG faite pendant son sommeil.

― He bien, commençons par ce que nous avons vu pendant que vous dormiez, dit le Dr Scott. Comme vous le savez, nous avons fait une polysomnographie, qui nous a permis d'enregistrer votre rythme respiratoire, votre rythme cardiaque, l'activité électrique de votre cerveau, votre réponse musculaire, etc.

― Et?

― Essentiellement, tous vos résultats sont normaux de ce côté. L'activité électrique des muscles est correcte, la saturation sanguine en oxygène va bien, l'activité électrique du cœur et les mouvements respiratoires sont réguliers, l'électro-encéphalographie, tout est normal la plupart du temps...

Denis soupira. Quoi? C'était tout? Il avait fait tout cela pour se faire dire qu'il était normal?

― ... sauf à une période particulière de votre sommeil, termina le Dr Scott.

Denis sursauta. Alors, il y avait bien quelque chose ! Il se tourna vers Aurélie qui lui sourit, l'air de dire : « tu vois ! c'est clair que tu es une personne spéciale ». Elle semblait bien excitée d'en savoir plus elle aussi.

― Quoi donc?

― He bien, commençons par la base, pour que vous saisissiez bien. Un être humain normalement constitué, lorsqu'il dort, passe par cinq phases de sommeil. Vous avez d'abord le premier stade, ou celui de l'endormissement, que certains appellent le « twilight zone ». Le tracé sur l'EEG est différent de celui que vous avez au réveil, mais est encore normal. Cette phase dure une dizaine de minutes. Vient ensuite le deuxième stade, celui du sommeil léger. Votre tracé change encore, mais il demeure normal. Pour simplifier, comme vous pouvez voir, les pointes de votre tracé sont plus prononcées. Les ondes de votre cerveau sont peu amples, elles sont de 3 à 7 Hertz. À ce stade, vous êtes assoupi, mais vous êtes encore très sensible aux stimuli extérieurs.

La Société des voyants, Tome 1: L'odeur de la nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant