Chapitre 5, partie 1

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Chapitre 5

Denis resta figé un moment. Il n'avait pas remarqué que pendant qu'il parlait, Anaïs avait ouvert les yeux et s'était relevée sur le fauteuil. Elle n'avait pas fait un seul bruit. Elle le regardait maintenant, un léger sourire aux lèvres, avec ses grands yeux verts curieux. Même le caniche semblait maintenant l'observer, attendant la suite.

― Désolée de t'avoir surpris, dit Anaïs. Je ne voulais pas te faire peur. Mais ton histoire est tellement captivante que je ne désirais pas t'interrompre. Les autres m'ont présentée à toi, mais permets-moi de te serrer la main pour m'introduire en bonne et due forme.

Denis serra la main d'Anaïs. Elle avait une poigne ferme, plus que ce à quoi il se serait attendu d'une femme de sa taille. Elle s'enfonça ensuite dans le fauteuil, les bras posés sur les accoudoirs et les mains croisées sur la poitrine.

― Alors, continue donc de nous parler de toi, ajouta-t-elle. Tu nous as mentionné ta naissance, mais j'aimerais bien en connaître plus sur les raisons qui t'amène ici, aujourd'hui, parmi nous. Régine nous en a glissé un mot, mais j'aimerais l'entendre dans tes propres mots.

― Bien, je... j'ai...

Il soupira. Parler de son problème était plus difficile qu'il ne le croyait. Il ne pouvait s'empêcher de se sentir complètement ridicule. Après tout, ce n'est pas à tous les jours qu'on avoue avoir des dons de clairvoyance.

― J'ai... des genres de visions.

Denis eut envie de rire. Il y avait quelque chose de tellement théâtral dans sa déclaration. Il avait l'impression de sonner comme le petit garçon dans le film Le Sixième Sens avouant au psychiatre qu'il voyait des morts.

― Quel genre de visions, Denis ? demanda Anaïs.

― Heu... je vois des... des meurtres, des accidents. Des gens qui meurent. Oui, c'est ça. Dans mes rêves, je vois toujours des gens qui meurent.

Anaïs se releva et s'avança pour s'approcher de Denis. Elle semblait avoir tout à coup pris le contrôle des questions, car plus personne en parlait à part elle. Elle paraissait même ignorer la présence des autres membres, et parlait à Denis comme s'ils étaient seuls.

― Et vois-tu cela uniquement dans tes rêves ? demanda-t-elle. Ou vois-tu cela aussi quand tu es éveillé ?

― Juste dans mes rêves. Je n'ai jamais d'hallucinations quand je suis conscient.

― Je vois. Et à quelle fréquence cela se produit-il ?

― Heu... je ne sais pas. Ça semble plutôt aléatoire. Mais ces derniers mois, ils sont devenus plus fréquents.

― As-tu une idée de la cause ?

― Pas vraiment. Mais il me semble que depuis que je suis déménagé à Montréal, c'est pire.

― Et qu'est-ce qui t'amène à croire que ces rêves sont bel et bien réels ? Qu'ils ne sont pas simplement le fruit de ton subconscient ?

― Parce que... parce que j'ai déjà vérifié la véracité de certains d'entre eux. Dans certains cas, les coïncidences étaient trop troublantes.

Denis fit une pause. Anaïs était-elle en train de remettre ses rêves en question ? Voulait-elle le tester ? Pourquoi l'avoir fait venir jusque-là si c'était pour remettre en cause qu'il avait vraiment un don ? Cette dernière le fixait, les sourcils légèrement froncés, comme si elle réfléchissait. Anaïs jeta soudain un œil à Aurélie, qui semblait vouloir dire quelque chose.

― Comme cette vieille dame que tu as vue assassinée, il y a presque deux mois, dans son appartement, n'est-ce pas ? finit-elle par dire. C'est de cela que tu veux parler ?

La Société des voyants, Tome 1: L'odeur de la nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant