CHAPITRE 19 . L'éveil de ma confiance en moi .

36 4 0
                                    


Ma nouvelle classe n'était séparée de celle de l'année dernière que par un simple mur. Les deux salles étaient identiques, et leurs portes, si proches, semblaient presque se toucher.

Nous attendions sagement, alignées contre le mur sous le préau, que l'on nous invite à entrer. Rien dans cet environnement ne m'était étranger. Mon regard, vagabond, observait les visages dans le rang. La plupart de mes camarades étaient les mêmes que l'année précédente. Quant aux nouvelles, leurs visages m'étaient familiers ; elles avaient partagé avec nous les récréations, même si elles n'étaient pas dans ma classe.

- Rékia, je suis trop contente ! On va être ensemble ! dis-je en sautillant de joie.

Une maîtresse que je ne connaissais pas commença à appeler nos noms, un par un. L'une après l'autre, nous quittions le rang pour rejoindre nos places dans la salle.

"J'ai encore le temps avant qu'elle m'appelle", pensais-je. J'avais déjà repéré l'endroit où j' allais devoir m'asseoir : tout près de la porte, au fond, comme l'année précédente je suppose.

Mais soudain, j'entendis mon prénom. Ou du moins, je crus l'entendre. Je restai immobile, incertaine.
Le bras tendu , le bout des doigts sur l'épaule de ma camarade Je ne réagis pas.

- Malika ! Malika ! Vas-y ! crièrent mes camarades.

Le deuxième appel me fit sursauter. Je quittai le rang, légèrement déstabilisée, mes doigts glissant de l'épaule de la camarade devant moi. À petits pas, je traversai la salle jusqu'à une table vide à côté d'une élève déjà installée. Je restai debout, hésitant un instant. Mais la maîtresse ne fit aucun commentaire. J'en déduisis que c'était bien ma place.
Assise à la troisième table, au centre de la rangée du milieu, je jubilais intérieurement. Cette disposition me semblait bien différente. Je me sentais comme... grandie.
L'orgueil raviva mon courage, je prit le temps, de promener mon regard sur cette salle fraîchement repeinte. Les murs, nus et sans souvenirs, me parurent pendant un instant hostiles puis soudain pleins de promesses. Une nouvelle année, un nouveau départ.

Pourtant, je ne pus m'empêcher un sourire mi-amusé, mi-contrarié en voyant les tables poussiéreuses et ternes, l'armoire vide, et l'absence de couleurs. Mais l'arrivée des élèves, avec leurs affaires neuves et colorées, suffit à égayer l'atmosphère.

Le temps passa vite dans un brouhaha constant. La maîtresse semblait avoir du mal à rétablir l'ordre. Sa voix, douce mais peu affirmée, se perdait dans le tumulte joyeux de ce premier jour.
Ce n'est qu'à la fin de la matinée qu'elle se présenta enfin. Elle se redressa sur l'estrade et, dès qu'elle prit la parole, un calme immédiat s'installa.

- Je m'appelle...

Elle fit une pause, et un silence solennel envahit la salle.

- Mademoiselle Flumian. Vous pouvez m'appeler Melle, cela suffira.

Sa voix, à la fois douce et sonore, était rassurante.

- Comme nous sommes mercredi, il n'y aura pas classe cet après-midi, annonça-t-elle.

Les élèves, captivées, buvaient ses paroles.

- Demain, apportez vos tabliers, vos affaires, une bougie ou même un bout, et un chiffon propre. N'oubliez pas !

Mademoiselle Flumian était la plus jeune des maîtresses. Grande, élancée, et légère dans ses mouvements, elle avait un charme naturel. Ses épais cheveux châtains étaient noués simplement sur la nuque, et ses yeux marron clair pétillaient d'intelligence. Je ne pouvais m'empêcher de chercher son regard, déjà fascinée par sa présence.
Déjà à l'affût de la moindre attention .

Le Point qui résiste .Où les histoires vivent. Découvrez maintenant