[7] Tyler/Jenny

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Tyler

Au bout de quinze minutes, je vois Jennifer arriver d'un pas rapide et nerveux. Quand elle arrive à ma hauteur, elle me regarde avec le même regard rempli de haine que la dernière fois.

- Mais qu'est-ce que tu fous ici? Me demande-t-elle les lèvres tremblantes de colère.

- Je suis juste venu voir mon fils, pas la peine d'en faire tout un drame. Je lui réponds en allumant une cigarette.

- Mais t'es complètement taré! Tu penses vraiment que tu peux venir comme ça, comme si de rien était en prétendant que Maxence c'est ton fils?

- C'est pas le cas peut-être? Je lui demande en commençant aussi à m'énerver.

- C'est pas ça la question. Pendant six ans t'es pas là et que t'ignore l'existence de ton fils. Tu vis ta meilleure vie pendant que moi je travaille comme une morte de faim et juste pour ce donner bonne conscience de toute les années de souffrance que j'ai vécu, monsieur se permet de venir chercher mon fils à l'école comme un père modèle? Te fous pas de ma gueule!

- T'as aucune idée de ce que j'ai vécu pendant ces six ans alors je t'interdis de me juger Jennifer Blackman.

Le ton de ma voix a été assez froid pour l'empêcher de répliquer. Je souffle une bouffée de fumée en écrasant mon mégot contre le mur sur lequel j'étais appuyé et regarde Jennifer droit dans les yeux.

- T'arrête pas de te plaindre, je continue, c'est toi qui as souffert, c'est toi qui a tramé comme une folle, c'est toi, toi, toujours toi! Ça t'arrive de penser à autre chose qu'à toi des fois? Et puis ce gosse qui semble être le plus gros fardeau de ta vie, t'as un peu chercher à l'avoir. A dix-sept ans tu sortais comme une taré au lieu de préparer ton diplôme comme tout le monde et tu t'étonnes d'avoir une vie de merde? Je respecte le fait que tu te sois battue toute seule, mais regarde aussi ta part de responsabilité. T'es pas toute blanche dans cette histoire, alors arrête de m'utiliser comme prétexte comme quoi c'est à cause de moi que ta vie soit partie en l'air. Et enfin arrête TON enfant parce qu'un enfant ça se fait à deux et le fait que je n'ai pas été là ne justifie rien. Ce gosse c'est aussi le mien aux dernières nouvelles, merde!

Ses lèvres tremblent encore, mais pas de colère cette fois. Je vois des larmes perler dans ses yeux marrons, qu'elle baisse immédiatement pour ne pas que je voit son moment de faiblesse.

- T'es vraiment qu'un enfoiré. Dit-elle d'une voix faible avant de se précipiter à l'intérieur de l'établissement.

Je rallume une autre cigarette avant de la suivre à l'intérieur. Elle lance quelques mots à la secrétaire qui me lance un regard mauvais.

-Vous n'avez pas le droit de fumer ici monsieur, c'est une école primaire.

Je m'avance vers elle et lui souffle ma fumée au visage avec un sourire. Elle tousse avant de s'en aller en grommelant.

-Sale vielle. Je chuchote assez fort pour qu'elle m'entende.

Jennifer s'adosse au bureau de cette dernière et garde les yeux sur le sol pour ne pas me regarder.

- Jenny... Je commence en m'avançant vers elle.

- Tu peux t'en aller, Tyler, tu n'as plus rien à faire ici.

- On a pas encore régler cette histoire.

- Et je n'ai pas envie de la régler maintenant. Pas ici en tout cas.

- Bien...

J'attrape un stylo sur le bureau de la vielle dame et prend le poignet de Jenny.

-Qu'est-ce que tu fous?

Je ne lui réponds pas et commence à écrire des chiffres sur son avant-bras à la peau pâle.

- Le bar des Hell Riders n'a pas changé d'adresse et au cas où, voilà mon numéro. Passe quand tu veux, j'y suis généralement toute la nuit.

Je ne lui laisse pas le temps de répondre et m'en vais pour reprendre ma moto à l'extérieur.
*******
Jenny

J'ai attendu que Maxence aille faire sa sieste d'après midi pour aller m'allonger dans mon lit et fixer le plafond pendant quelques minutes avant d'éclater en sanglots et de verser toutes les larmes que je retiens depuis tout à l'heure.

Je suis une mère horrible, une fille horrible, un être tout ce qu'il y a de plus immonde! Les paroles de Tyler ricoche encore dans ma tête en me blessant avec la même violence.

Je ne suis qu'une fille égoïste et imbue d'elle même. Tout est de ma faute... Je me recroqueville sur moi-même et essuie les larmes devenue trop abondante avec mon avant-bras. En le faisant, j'aperçois le numéro que Tyler y avais inscrit tout à l'heure. Je me relève brusquement et attrape mon téléphone sur ma table de chevet. Je compose fébrilement le numéro, mais me ressaisis avant de l'appeler. Si je veux parler à Tyler, il faut que je le fasse de vive voix.

                      ******************
Vers 21 heures, j'envoie Maxence au lit. J'attends quinze minutes avant de pouvoir sortir, sûr qu'il est en train de dormir. J'envoie un message à ma voisine de palier pour la prévenir que je sors et qu'elle puisse jeter un coup d'œil sur Maxence de temps en temps.

Je marche dans les rues à peine éclairé par des lampadaires en essayant tant bien que mal de me rappeler de l'emplacement du bar des Hell Riders. La seule solution que je trouve s'est de passer par mon ancienne rue pour pouvoir me diriger plus facilement. J'y arrive après quinze minutes de marche. En marchant dans mon ancien lieu de vie, j'ai un pic de nostalgie en repensant à toute ces nuits à faire le mur, à aller vers le bar en courant, le cœur rempli d'adrénaline. Je me souviens encore des cuites que je me prenais et qui m'handicapais le lendemain en cours. Les genoux endoloris, la tête lourde et l'esprit embrouillé par l'euphorie... Je me demande encore comment j'ai pu vivre comme ça.

Je passe inconsciemment devant mon ancienne maison. Je sais que mes parents n'habitent pas là, ma sœur m'a déjà dit qu'ils avaient déménagé dans  un autre état pour couler des vieux jours heureux. La maison est plongée dans le noir. Elle est peut-être inhabitée. Mon regard se porte sur la fenêtre de mon ancienne chambre. Je me demande en quoi est-ce que mes chers parents l'on transformer après mon départ... Je détourne les yeux de cet antre rempli de souvenirs et continue mon chemin.

Au fur et à mesure que je m'approchais de la boîte, la musique devenait de plus en plus bruyante. Je me suis servi du bruit comme guide pour me repéré. Je suis finalement arrivé devant la bâtisse éclairé par une devanture aux néons verts et rouges qui clignotent incessamment. Je m'arrête devant et inspire un grand coup. Mon cœur bat en rythme avec la musique de l'intérieur. Je fais encore quelque pas, pousse la porte et me retrouve dans un joli lieu de perdition.

CloserOù les histoires vivent. Découvrez maintenant