Closer

[13] Jenny

Pendant plus d'un mois, ça a été le silence radio du côté de Tyler. Je ne l'avais ni vu, ni croiser « par hasard » dans les rues. Il ne m'a même pas appelé, mais maintenant je doute qu'il l'est en sa possession. Je ne dis pas qu'il me manque, au contraire, je me sens enfin plus libre. Mais son absence faisait naître en moi une vraie anxiété. J'ai l'impression que le même scénario qu'il y a six ans: la rencontre, l'attachement et enfin l'abandon. Sauf que cette fois-ci ce n'est pas moi qui allais souffrir, mais bien Maxence. Je le voyais bien dans ses gestes et dans son attitude qu'il appréciait particulièrement Tyler. Je ne sais pas si cette affection est réciproque mais j'avais très peur que mon petit ange souffre si jamais son bâtard de père s'en allait sans un mot.

On est samedi soir et j'aidais Maxence a prendre son bain. Il n'arrête pas de m'éclabousser avec l'eau savonneuse de la baignoire mais ça me fait sourire, je trouve cela atrocement adorable.

- Mais arrête! J'ai protesté après une énième giclé d'eau qui a atterri sur mon t-shirt.

Pour toute réponse je n'ai reçu que l'éclat de rire cristallin de mon fils qui semblait bien se moquer de moi. Comme vengeance, je l'éclabousse à mon tour, ce qui n'a fait qu'accentuer son éclat de rire. Je me suis mise à rire avec lui et j'ai posé un baiser sur son front mouillé.

- Max, tu sais que maman t'aime très fort, pas vrai?

Il m'a sourit:

- Je sais. Moi je t'aime grand comme ça! Dit-il en faisant un grand écart avec ses bras.

Je ris à nouveau et l'aide à sortir de la baignoire en l'enroulant dans une serviette à l'effigie des Power Rangers. Je le laisse s'habiller et j'ai à peine le temps de m'effondrer dans le canapé du salon quand on tambourine à la porte. Je soupire et à contrecœur, je vais ouvrir. Une vague de cheveux roux se précipite sur moi et m'enlace avec force, risquant de me faire perdre l'équilibre.

- Qu'est-ce que tu fiches ici, Lola? Je demande après m'être libérée de son étreinte.

- Je suis venu rajouter de la couleur à ta vie!

Je croise les bras sur ma poitrine, pas sûre de comprendre sa métaphore.

- En bref, ce soir on sort en boîte.

-Non, non et non! Je suis crevée et j'ai aucune envie de sortir.

Elle me saisit par le bras et serre fort.

- Alleeeeeeeer! Se plaint-t-elle. Ça fait un bail qu'on a pas fait une soirée entre filles. Et puis ça te feras du bien de sortir! Regarde, tu ressemble à...

Elle me lâche pour juger du regard mon grand t-shirt bleu de Snoopy, mes chaussons roses usés et mes cheveux rassemblés en chignon maladroit.

- À une vielle mère au foyer.

- Hé! Je réplique en lui donnant un coup de poing sur l'épaule.

Elle masse la partie endolorie de son bras en riant.

- Jen, s'il te plaît. Ça me ferait grave plaisir.

Je l'observe quelques secondes et voyant qu'elle ne changera pas d'avis, je soupire:

- C'est bon. Laisse moi juste demander à la voisine de veiller sur Maxence.

Sans crier gare, mon amie me saute une nouvelle fois dessus en poussant des petits cris de joie.

- Laisse moi me charger de la voisine. Toi tu dois aller te préparer.

Elle me pousse de force dans la salle de bain et ferme la porte derrière moi. Alors que je me de déshabille, je l'entends crier à travers la porte: