Closer

[21] Tyler

Je finis par me garer devant l'appartement de Jenny qui se précipite de sortir de la voiture. Je la suis de près et entre avec elle dans l'ascenseur. Elle croise les bras sur sa poitrine et regarde droit devant elle.

- Qu'est-ce que tu fais encore là, Tyler?

- Je te l'ai déjà dit, ne me force pas à me répéter.

- Je n'irai nulle part avec toi.

Je préfère ne rien répondre parce que je sens que la colère commence à monter. Au bout de quelques minutes, l'ascenseur s'arrête à l'étage où se trouve son appartement. On sort tout les deux en même temps et pendant qu'elle cherche les clés dans son sac, j'envoie un message à quelques uns de mes hommes pour aller chez moi. J'ai besoin de sécurité.

- Tu te dépêche? Je demande à Jenny qui cherche encore ses clés.

- Oui, oui c'est bon. Grogne-t-elle. C'est pas chez toi je te rappelle.

Elle fini par les trouver et elle les insère dans la serrure. Elle entre et essaye de ma claquer la porte au nez mais je la bloque avec mon pied.

- Mais qu'est-ce que tu fous, Tyler?

- J'ai même pas le droit de venir voir mon fils?

A l'arrière, j'entends la petite voix de Maxence qui s'écrit:

- Maman, papa il est là?

Et des petits pas s'avancent vers la porte qui s'ouvre en grand sur le petit garçon qui a les joues couvertes de confiture.

- Papa! S'écrie-t-il en se jetant sur moi.

Je le rattrape et manque de m'étouffer sous ses câlins à répétition.

- T'es là! Mais t'étais où? Pourquoi t'es pas venu me voir? J'ai fait quelque chose de mal?

Je le regarde dans les yeux et caresse ses cheveux d'une main.

- Ne t'en fait pas, tu n'as rien fait. J'étais juste très occupé.

- Tu restes avec nous pour dîner?

Je repose le gamin au sol et m'accroupis pour me mettre à son niveau. D'une voix calme, je lui chuchote:

- Tu sais garder un secret?

Maxence hoche la tête, tout excité.

- Je ne vais pas rester ici. Je vais faire beaucoup mieux.

- Tu vas faire quoi? Me demande-t-il tout en chuchotant.

- Je vais t'emmener, toi et ta maman, pour que vous veniez vivre dans ma grande maison.

- Je pourrais te voir tout les jours?

- Je t'emmènerai même faire des balades en forêt le soir.

Le petit pousse un hurlement de joie et se précipite dans l'appartement. Jenny me regarde, suspicieuse.

- Qu'est-ce que tu lui as raconté comme conneries?

- Oh, rien. Il est juste très enthousiaste de venir vivre avec son père.

- Mais en quelle langue je dois te le dire? On n'emménagera pas chez toi!

- Il y a un problème Jen? Demande une voix derrière elle.

Je reconnais la rouquine qui travaille avec elle au café. Je pense même que c'était avec elle qu'elle était en boîte.

- Qu'est-ce qu'il fait ici ? Demande son amie en me désignant d'un geste de tête.

- Rien, il allait partir.

- Mais laisse le rester un peu, non? Ça fait longtemps que tu ne l'a pas vu!

- Il ne m'a pas manqué Lola.

Lola. Je connais enfin le nom de cette rouquine qui me matte depuis qu'elle a passé la porte.

- Mais il a manqué à Maxence. Tu voudrais pas rendre ton fils triste, n'est-ce pas?

Elle a prononcé cette dernière phrase en lui lançant un regard appuyé. Jenny et elle se livrent dans un duel de regard pendant quelques secondes avant que Jenny cède d'un soupir.

- C'est bon, tu peux entrer.

Lola sourit, victorieuse et embrasse la joue de Jenny en lui disant au revoir. Elle me fait un léger signe de la tête avant de s'engouffrer dans l'ascenseur.

J'entre dans l'appartement pendant que Jenny enlève nerveusement son manteau.

- Elle est pas mal ton amie. Je lui lance, l'air de rien. Je pourrais bien me la faire...

- T'as pas honte de toi? Me demande-t-elle en me foudroyant du regard. Déjà que t'as pas l'habitude de garder ta queue pour toi, il est hors de question que je te permette de toucher ma meilleure amie!

- Parce que j'ai besoin de ta permission, peut-être ?

Elle lève les yeux au ciel et va dans la cuisine.

–Bon Jenny il faut que t'arrête de prendre ton temps, tu prends tes affaires, faut qu'on y aille.

–Pour la énième fois, on ira nulle part avec toi !

–Jusqu'à maintenant tu n'as pas compris que ce n'était pas une demande mais un ordre ?

–Je n'ai pas d'ordre à recevoir de toi, Tyler.

–Eh bien tu aurais dû y penser avant de monter dans la voiture du sergent d'armes du gang ennemie!

–Mais qu'est-ce que tu racontes ?

–Quand madame a voulu faire la grande et qu'elle a décidé d'aller faire du stop, il a fallu que la seule voiture dans laquelle elle veuille monter soit celle du mec qui à tout moment peux te tuer  toi, moi, ton fils, tes darons et même ta grand-mère! Je te propose d'être en sécurité en venant habiter chez moi là où j'ai mis je ne sais combien de mecs à la sécurité. Mais si tu veux jouer la suicidaire tu n'as qu'à rester ici, mais il est hors de question que j'ai laisse MON fils courir un danger, compris?

J'ai tout lâché d'une traite sans respirer, d'un ton froid et autoritaire. Jenny me regarde quelques minutes, sûrement essayant d'assimiler tout ce que je viens d'entendre.

–Tu... Tu veux dire qu'on est vraiment en danger Maxence et moi ? Bégaie-t-elle.

–C'est ce que je me tue à t'expliquer depuis tout à l'heure.

Toujours sans un mot, elle se part dans le couloir et revient une quinzaine de minutes après avec deux grands sacs remplis à craquer et Maxence qui la suit derrière.

- On part quand tu veux. Lâche-t-elle sans même me regarder dans les yeux.

Je porte Maxence dans mes bras et par fierté, je laisse sa mère se débrouiller toute seule avec ses bagages.

- Elle ressemble à quoi ta maison? Me demande le gamin pendant que je l'attache à l'arrière de ma voiture.

- Tu la verras bientôt.

- Est-ce que je pourrais jouer au foot dans le jardin?

-Évidemment .

Il me fait un grand sourire, ravi. Je passe une main dans ses cheveux, commençant à ressentir beaucoup d'affection pour ce mini-moi. Je prend place derrière le volant et après un dernier regard à Jenny qui ne regarde même pas dans ma direction, je démarre direction mon havre de paix.