balade au bout du monde

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« Mademoiselle Elie ? Nous devrions nous presser pour arriver avant la nuit, même au sanctuaire il ne fait pas bon de se balader au levé des Ombres »

La douce voix de Béatrice me ramène calmement à la réalité et je me laisse guider par la fluidité de ses mouvements. Elle me place sur un fauteuil roulant plutôt élégant et bien plus confortable que le sol parsemé de brisures de vase et de fruits. Après m'avoir installée sans gestes brusques dans mon petit trône roulant elle passe mes jambes dans une bande velcro pour éviter qu'elles ne se baladent un peu partout. Comme je m'y attendais, je ne sens absolument plus rien dans mes jambes, comme si elles n'avaient plus de batterie du tout, comme si elles ne faisaient plus partie de moi. La petite virée en fauteuil s'avéra bien plus agréable que je le pensais. Nous passons tout d'abord par un long couloir illuminé par des torches du même vert translucide que celles qui bordaient le poste de garde d'Al...d'ailleurs j'espère qu'il s'est remis de son excès. Mon œil est attiré par le mur de droite qui voit s'aligner une rangée de plusieurs tableaux vides... non ! Le premier tableau se dessine sous mes yeux ainsi que le suivant. Au fur et à mesure que Béatrice me pousse à travers le long de cette galerie, les personnages des tableaux se dessinent et disparaissent une fois que nous sommes passées. Ça me rappelle fortement un des livres que j'ai lu quand j'étais plus jeune, une histoire de sorciers et d'école de sorciers, un carton. Au bout du couloir nous arrivons sur un endroit que je n'aurais jamais pu voir de ma vie au vu de nos revenus plus que moyens : un jardin japonnais. Entouré de piliers rouges et noirs soutenant un toit abritant de magnifiques arcades.Nous traversons le jardin, l'air frais me chatouille le visage et pénètre mes narines avant de faire un tour dans mes poumons qui semblent se détendre au contact d'un air aussi pur. Les odeurs sont si douces, les parfums d'un nombre incalculable de fleurs se mélangent en un bouquet d'odeurs enivrant.




« -Est-ce agréable ? »Me demande Béatrice d'un ton très enjoué «

-Oui merci beaucoup Béatrice j'en avais besoin je crois, » je lui répond. «

-Je me doutais que ça te ferais plaisir, quand ils m'ont amenée ici pour la première fois le parfum de ces fleurs m'a remise sur pieds en quelques jours.

-Toi aussi tu as été soignée ici ?

-Oui il y a des années de cela je n'avais que 15 ans.

-Ah puis-je te demander pourquoi ? »au vu du spasme que je ressent au moment où je pose le question je comprend trop tard que je suis allée trop loin «

-Pardon,excuse moi je n'aurais pas dû te demander ça, quelle est cette fleur ?

-C'est...c'est une Memoriae, ceux...ceux qui boivent une infusion a base d'un même pétale partagent leurs souvenirs durant 1h. Elle est extrêmement rare et elle est protégée par nos lois au vu de son pouvoir aussi fascinant que dangereux. »ouf ,me dis-je au moins je ne l'ai pas trop froissée

Notre balade dans le jardin appelé le caeli super terram par Béatrice ou le Paradisum pour faire plus court et il porte bien son nom, c'est un vrai bonheur de s'y balader, comme si nous n'étions plus sur Terre. Nous sortons du jardin par une énorme porte de bois et de métal légèrement entrouverte mais suffisamment pour laisser passer deux femmes à cheval et nous. Le spectacle qui s'offre à nous est juste indescriptible : une vue imprenable sur une mer déchaînée dont les vagues viennent se briser au bas de l'immense falaise sur laquelle nous sommes en train de marcher. L'air salin me fouette le visage et l'odeur... Hmmm c'est si bon, j'ai beau ne pas apprécier la mer, je dois m'avouer vaincue face à la puissance de ce paysage. Nous poursuivons notre balade que je qualifierais plus de « périple » au vu de ce que nous traversons. Un désert maintenant ? «Comment ? » ça m'a échappé « Maître Ammon t'expliquera tout en temps voulu mais je comprend ta réaction, j'ai eu la même. » me dit Béatrice en riant, dévoilant ses dents d'une blancheur a faire pâlir les vendeurs de dentifrice. Elle m'a montré comment contrôler mon fauteuil avec mon « Potentiel d'Ombre », je fais quelques erreurs de trajectoire de temps en temps mais ça me permet de voir son visage dégagé de ses cheveux auburn par le vent. C'est vraiment quelqu'un d'incroyable, elle semble avoir traversé des phases très complexes dont elle n'évoque pas grand chose, comme si elle avait vécu des traumatismes. Elle sourit tout le temps et reste toujours à l'écoute, avec un sens de l'humour très présent elle rit à la moindre de mes blagues et moi de même. On passe un excellent moment en nous déplaçant dans ce désert, qui n'est pas si désagréable d'ailleurs, je suis presque déçue d'arriver devant la porte de la Forêt. Elle se distingue des deux autres portes par sa taille, elle semble minuscule, elle ne doit pas dépasser les deux mètres cinquante de haut et un mètre de de large. En revanche ce qui est derrière est vraiment incroyable : une forêt composée d'arbres de plus de plus d'une centaine de mètre de haut, un tronc semblable a ceux des séquoia à feuille d'if mais possédant des feuilles semblables à des disques et si grandes que je pourrait aisément m'y glisser pour y dormir  avec une autre personne. Le peu de lumière qui parviens à percer forme des petits faisceaux qui font scintiller la mousse humide au pied des arbres géants, formant une ambiance aussi mystérieuse que féerique.

Après quelques minutes de progression dans le dédale de géants végétaux nous arrivons sur une clairière avec une petit chalet de bois et de pierre en excellent état.

« Je commençais à m'inquiéter de ne jamais te voir pénétrer dans la forêt »nous lance une voix grave et rassurante.

«Maître Ammon je vous laisse je dois rentrer au Paradisum

-Non non sœur Béatrice je m'arrangerai avec votre Grande Soeur

-Mais maître...

-Oh et cesse de m'appeler maître ça me vieillit » D'où vient la voix ? Elle semble venir d'en haut... Fuiiiiiii...Stomp, un homme en capuchon vient de faire une chute d'au moins cinquante mètre et je suis sensée ne pas être étonnée ?

«

-Je me présente, Ammon, un des septs Grands Maîtres, gardien du sanctuaire de la Forêt. Je fais au plus court : Tu vas devoir vivre ici durant plusieurs mois voire plusieurs années pour devenir celle que tu vise a devenir

-Plusieurs mois ? Des années ???

-Oui et ils ne seront pas des plus reposants je peux te l'assurer. Montre moi la lame que tu as reçu dans ton oubliée s'il te plaît.

-Ma quoi ? » demandé-je, mais le temps que je réponde je tiens déjà la lame noire dans ma main droite.

«

-décidément c'est une vraie merveille, qui ne pouvais fonctionner que sur toi.

-Que sur moi ? Comment ça ?Et pourquoi je...

-Tututut on se calme. Rentrons et je t'expliquerai certaines choses. »

Durant cette soirée dans la forêt j'apprends qu' Ammon ne répondra à une question chaque jour si je donne des résultats à l'entraînement et qu'entre autre je suis une éveillée, une sorte d'élue ou je ne sais quoi qui doit trouver son but et comprendre le Pourquoi du comment. En gros je ne suis pas plus avancée mais au moins je sais que mes jambes ne sont pas une cause perdue, ce qui m'aide a trouver le sommeil dans la petite chambre qui m'a été préparée par Béatrice qui dort dans le canapé du salon. Je tombe finalement dans les bras de Morphée avec facilité, motivée par l'entraînement dont Ammon m'a parlé pour demain.


Le Troisième SoupirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant