Respiration assistée

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Le transfert ? De quoi parlent-ils ? ARGHHH ! Le froid d'une aiguille me transperce le dos puis chacun de mes muscles se relâchent de manière incontrôlable, comme si je n'y avais plus accès. J'entends le bruit que fond des ciseaux, quelqu'un est en train de découper mon haut.

«

-Parfait, parfait nous pouvons débuter.

-Bien, Aeris débutons la procédure de transfert »

De quoi parle t-ils bon sang ? La procédure de quoi ? Je voudrais crier mais mes cordes vocales semblent s'être endormies, aucun son ne daigne sortir, juste un râle auquel personne ne prête attention. Ma tête est tournée sur la droite, ce qui me permet de voir ce que tient le deuxième homme, une seringue dans lequel un liquide transparent se ballade au fil des mouvements précis de l'homme. Après observation je constate qu'il y a autre chose dans cette foutue seringue, un machin visqueux et noir, qui semble nager dans le liquide transparent, tournant dans le récipient de verre comme un poisson dans son bocal. L'homme finit par se décaler et je le perd de vue, ce qui ne fait qu'aggraver mes angoisses. Je n'ai absolument aucune idée de ce qu'ils me veulent. Me tuer ? Me torturer pour que je leur donne des informations ? La deuxième aiguille est plus fine mais je sens le liquide se diffuser dans mes veines, depuis ma nuque où il à piqué, jusque dans mes pieds alors que je ne suis pas sensée sentir quoi que ce soit dans cette partie de mon corps. Le fluide se diffuse lentement comme un venin puis je sens que quelque chose remue dans ma nuque, quelque chose de très désagréable puis plus rien, le noir complet.

URRGHHH !!! La douleur est des centaines de fois plus insupportable que L'In Lucido, j'ai l'impression que l'on essaye de sortir mon âme de son enveloppe corporelle, comme si on ouvrait mon dos pour me retirer mes vertèbres. Le déchirement, la brûlure, le choc, je passe par toutes les douleurs possibles, j'ai envie de hurler mais ma voix semble emprisonnée à l'intérieur de ma gorge. Je pense que j'ai dû reprendre le contrôle de mon corps car dans mes rares instants de lucidité, je ne suis plus sur la table d'opération, je suis dans un coin de la pièce ou en train de frapper contre la porte comme une folle.

Tout à coup, je reprends mes esprits et la lumière blanchâtre de la pièce m'aveugle un moment, je me cogne dans des meubles et contre ce que je devine être quelqu'un. Lorsque je retrouve l'usage de la vue, je manque de défaillir, les murs sont maculés de sang, la table d'opération métallique est bisée en deux et un pied lui manque. Il ne me faut pas longtemps avant de comprendre qui est le responsable de ce massacre. Les corps déchirés, démembrés et lacérés des trois scientifiques sont éparpillés un peu partout dans la pièce. Le sang sur mes mains et dans mes cheveux confirment mes craintes, j'ai perdu le contrôle et ils n'ont pas dû faire long feu. Ma nuque me fait un mal de chien, comme si mes cervicales s'étaient déplacées, je peine à tourner la tête, qu'est-ce qu'ils m'ont injecté pour obtenir une telle réaction. Je devrais être terrifié de ce spectacle mais ces gens me débectent tellement que je prend ça comme une simple vengeance, rien de plus. BOUM BOUM BOUM. Oh bordel! J'ai faillis avoir une attaque, quelqu'un vient de toquer à la porte si violemment que j'en ai ressenti les vibrations dans tout mon corps.

Une voix grave s'élève de derrière la porte :

«

Maître ? Est-ce c'est terminé ? Maître ? »

Merde ! Je suis prise au piège dans cette pièce et cette voix pourrait très bien être celle de la montagne qui m'a lancée à travers la pièce. Je dois impérativement trouver une solution... ma lame ne répond toujours pas mais je me sens tout de même moins faible que dans les cachots, je peux peut-être tenter une esquive et courir le plus vite possible... mais où ? J'espère que Jao s'en est sortit, il semblait en forme, j'espère que ces deux idiots ne l'on pas rattrapé. Elie concentre toi bordel ! C'est moi qui suis dans le pétrin pour le moment, je dois régler ce problème, le monstre continue de frapper contre la porte, si fort que j'ai l'impression qu'elle va lâcher. Je dois être paranoïaque, la porte semble blindée...BOUM...BLANG... Putain ! La porte vient de lâcher, la montagne de muscle est dans l'encadrement de la porte et met un moment avant de comprendre ce qu'il à sous les yeux. Je profite de cet instant de faiblesse pour attraper un débris de carrelage très pointu et tranchant avant d'entamer un sprint vers l'homme. Il est surpris de ma manœuvre et me laisse une ouverture, l'éclat de carrelage est planté dans sa gorge, je retombe au sol et il dans le couloir en tenant son coup, me laissant la voie libre pour sortir de cette pièce mais avant que j'ai le temps de mettre un pied dehors, des coups de feu retentissent et la montagne est prise de spasmes avant de s'effondrer lourdement sur le sol. Un groupe armé fait irruption dans la salle d'opération, suivit par Jao qui semble très inquiet de mon état. Les hommes armés retirent leur casque et je reconnais le chef du village, le fils charpentier ainsi que d'autres habitants du village d'Originem. Jao se jette à mes côtés et me prend dans ses bras, ce qui m'arrache un cri de douleur :

« Que se passe t-il Elie ?

-Mes côtes... je crois que certaines sont cassées... comment...tous ces gens ?

-on était pas très loin du village mais il y à plus important, on doit te soigner avant que l'une d'elles te perce un poumon.

-D...D'accord.

- Les gars, sortez la civière ! Vite ! On doit l'opérer au plus vite !

-Mais jao ( une femme s'est avancée, envoyant pendre son arme sur sa gauche) on à pas le matériel au village...

-Merde ! On fait comment ? Si ses côtes se déplacent son état empirera !

-On à qu'à prendre ceux là ( le fils du menuisier-charpentier est en train d'examiner un scalpel tout neuf en le faisant tourner entre ses doigts), je ne suis pas sûr qu'ils nous en veuillent ah ah.

-Bien vu, prenez tout ce dont Pharia a besoin ! ( il se détourne du groupe et s'adresse à la femme qui s'était avancé) Doc avec tout ça vous pourrez faire quelque chose ?

-Je pense que oui mais il va me falloir des antibiotiques...

-J'ai ! ( un autre homme du groupe lance une fiole a Pharia)

-Parfait ! En revanche on ne peut pas risquer de la transporter jusqu'au village, on risque d'empirer les choses, il faut opérer sur le champ. Nettoyez moi ce foutoir et allongez la par ici ! »

Je commence à sentir que je perd connaissance mais Jao me tient la main en me répétant de rester avec lui, que tout va bien. L'adrénaline a dû me faire perdre toute notion de douleurs car maintenant j'ai l'impression d'avoir des couteaux plantés dans le thorax.

« Depuis quand on opère les fractures de côtes Doc' ?

-Ce n'est pas une simple fracture Jao, tu vois l'hématome là ? C'est le signe que le poumon à été touché et qu'il faut rapidement l'opérer.

-Doc' ( deux hommes font irruption dans la pièce)! On à trouvé un respirateur ! Mais pas de trace d'anesthésiant.

-Merde... Elie je ne vais pas avoir le choix...

-A... Allez-y !

-Tu es sûre ? Ça va être extrêmement douloureux... ( je confirme ma réponse avec un léger hochement de tête) Bien, je veux que l'on couvre l'entrée je ne dois en aucun cas être dérangée, c'est compris ?

-Oui ! (tous les soldats se postent dans le couloir et devant la porte, seul le médecin et Jao sont avec moi)

-Elie j'ai une minuscule dose d'anesthésiant a base d'une plante extrêmement rare, juste assez pour stopper ta respiration naturelle pendant quelques minutes. Jao s'occupera de t'insuffler de l'air à intervalle réguliers pour te maintenir en vie. Pour pouvoir me laisser travailler, il ne pourra pas t'insuffler de l'air à intervalles courtes alors tu vas devoir économiser ton oxygène. Je sais que ça va te paraître impossible mais il va falloir que tu reste immobile et que tu reste calme dans ton esprit sinon je ferai des erreurs et tu épuiseras ton oxygène c'est compris ? ( j'acquiesce de la tête, me préparant mentalement à ce qui m'attend bien que ça soit impossible). Jao dégage ses voies respiratoires et intube là s'il te plaît.

Le Troisième SoupirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant