Des cauchemars aux larmes de joie

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Nous sommes essoufflées, cela doit faire plusieurs minutes que nous courrons notre meilleur sprint à la recherche d'un lieu ou nous abriter mais impossible de trouver un endroit dépourvu de monde. Béatrice n'en peut plus et je n'arrive pas à maintenir le Flux suffisamment pour courir, nous décidons alors de nous arrêter dans une ruelle plus calme et apparemment juste à temps car nous entendons un groupe de soldat courir dans la rue principale. À l'instant où nous n'entendons plus les pas précipités des soldats nous nous écroulons sur les pavés froids et nous pleurons ? Peut-être de peur, peut-être de soulagement, nous finissons par reprendre nos esprits et commençons à réfléchir à un éventuel plan de fuite de la ville. Béatrice se pense capable de nous sortir de la ville, du moins elle connaît le trajet mais une variable reste présente : elle est incapable de se battre contre quelqu'un d'expérimenté et je manque de beaucoup d'énergie pour la protéger. Il faudrait que l'on puisse manger et dormir un peu mais comment faire pour ne pas se faire repérer ? Toute la ville doit être au courant maintenant, nous avons réussi à entendre quelques bribes de conversation et apparemment nous serions de dangereuses terroristes ayant tenté d'atteindre à la vie du troisième grand général de l'armée de lutte face aux Ombres. En conclusion aux yeux de la population de cette ville nous sommes des criminels de guerre, des menaces pour l'humanité enfin bref, des monstres.

Des monstres qui vont devoir rôder toute la nuit pour chercher à manger, comme des ombres.

« nous voilà pas dans la merde » ne puis-je m'empêcher de lâcher ce qui n'arrange rien au moral de notre petit duo.

Après plusieurs heures de recherche, tout ce que nous trouvons sont un rat et une pomme à demi pourrie. L'odeur nous fait renoncer à notre maigre butin et nous finissons par tenter le tout pour le tout dans une auberge miteuse, éloignée du château. Nous poussons la porte en faisant retentir une petite clochette qui attire les regards pendant une seconde et les discussions reprennent comme si personne ne nous connaissait. Je crois que notre bonne étoile est de sortie. La vielle femme qui tiens l'auberge ne nous pose aucune question mais nous observe d'un œil curieux. Nous parvenons à négocier un repas pour deux et une chambre pour une nuit sans qu'elle ne nous demande rien. Elle n'a pas beaucoup insisté en voyant l'état de nos vêtements, en lambeaux et notre mine creuse. La nuit est difficile, des cauchemars affreux se suivent tout au long de mon sommeil, dans l'un je suis la spectatrice de l'assassina de Béatrice durant son sommeil. Je lui hurle de se réveiller mais aucun son ne sort de ma bouche qui se remplit de sable, je m'étouffe, je suffoque, je me débat mais rien à faire. Le sable se transforme en une armée de petits insectes qui sortent par tous les orifices de mon visage. Je me vois depuis l'extérieur, je ne suis plus qu'un cadavre dévoré par les vers, les mouches et les fourmis. Je tiens la main à un enfant qui croise mon regard et une volée de flèche viennent se loger dans ses yeux. Il se met à m'implorer de le tuer, une force invisible attrape ma main qui tiens un couteau à la lame aussi noir que les ténèbres les plus profondes, un visage appairait dans le noir de la lame et je poignarde l'enfant qui se trouve être... Béatrice. Plus la nuit avance plus les cauchemars se font intenses et terrifiants. À mon réveil, Béatrice se tiens assise sur son lit à côté de moi, sanglotant, et semble avoir un sommeil aussi agité que le mien. Je lui attrape doucement la main, la fait s'allonger à mes côtés et remonte la couverture sur nous deux. Nous voilà de nouveau comme deux petites filles terrifiées comme lors d'un gros orage, nous nous rassurons mutuellement par notre présence et finissons par trouver le sommeil, chacune dans les bras de l'autre. Les cauchemars se font moins présents sur la deuxième partie de la nuit et Béatrice semble ne plus sangloter lorsque je me réveille. Le lendemain matin nous restons un moment sans bouger, comme paralysées par la présence rassurante de l'autre, nous ne bougeons pas d'un poil, comme si nous avions peur de briser ce moment de bonheur. Nous parvenons à nous lever pour nous habiller et nous commençons à nous préparer pour partir quand nous entendons le son de nombreuses bottes qui tapent contre le sol des escaliers de l'auberge.

« Béatrice va te cacher vite ( elle reste accrochée à mon bras comme paralysée ) Vite s'il te plaît » Toc Toc. Et merde, pensé-je pas le temps de se cacher ni de fuir. Je fais apparaître ma lame et la sensation de froid se propage dans tout mon bras. Allez, ouvrez la porte qu'on rigole un peu. Comment ont-ils pu nous trouver ? Ma question me trotte un petit moment quand j'entends la voix de l'aubergiste « elles n'ont pas dû se réveiller je vais aller les réveiller » Hein ? La femme que je pensais digne de confiance nous a livré aux soldats.

« tu es sûre Adèle ? (une voix familière résonne derrière la porte sans que je puisse la définir) laissons les dormir.

-mais non ne t'inquiète pas vu le bruit que vous faites cela m'étonnerais qu'elles dorment encore. » la poignée tourne lentement, je suis prête, mon épée en garde devant moi, préparée mentalement à défendre mon amie au péril de ma vie.

« les filles ? Vous avez des visiteurs.

-des visiteurs ? Des soldats venus nous battre à mort oui !!

-je pense que tu fais erreur ma grande » me fait elle d'un ton rassurant « Al, je pense que tu lui dois quelques explication.

-Al ?? » ce n'est pas possible. Un homme s'avance et je vois le visage émacié mais souriant de celui qui à sauvé ma vie il y à deux ans.

«

-effectivement je crois que quelques explications autour d'un thé de Céleste seraient nécessaires. Je croyais que tu m'avais oublié » me dit-il en me fixant d'un air amusé, le sourire jusqu'aux oreilles. Je me jette à son coup, il m'attrape et me fait tournoyer comme une petite fille qui joue avec son père.

Nous passons un moment à pleurer tout les deux, des larmes de joie, cette fois j'en suis sûre.

Le Troisième SoupirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant