Plaie (ré)ouverte

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Passés les premiers instants d'euphorie qui suivent la soudaine sensation de liberté, nous réalisons rapidement que le projet est plus qu'inatteignable. Nous n'avons aucune ressource pour créer un nouveau soulèvement, pas de combattants et au moins trois ennemis. L'armée ne nous lâchera pas, les Aeris et leurs Relictas veulent absolument me tuer et les rebelles voudrons rapidement se venger de notre fuite. C'est bien, au moins on part avec de bonnes cartes en main, Me dis-je en faisant la moue. Pour le moment nous devons déjà penser à notre propre survie, nous avons chevauché durant deux jours et deux nuits et nous avons enfin atteint l'autre côté de la faille. Le feu qui crépite doucement me fait voir de drôles de formes, des animaux, des visages ou des danseurs fous. Les flammes les plus hautes éclairent notre petit camp de fortune, une tente, deux sacs de couchage et un foyer ardent pour nous réchauffer. Je me perds dans mon propre esprit, comme hypnotisée par les flammes dansantes, me remémore les raisons qui nous ont poussé à en arriver là. Plus le temps passe et plus je regrette d'être partie aussi vite, sans plus de préparation car nous manquons grandement de nourriture et d'équipement. Par chance, nous avons trouvé un petit ruisseau en suivant Niv, suffisant pour nos besoins à tous en ce précieux liquide. Cependant les estomacs se font vides et notre session de chasse n'a rien donné, juste quelques mures et quelques feuilles d'ortie que nous avons mis à macérer au dessus des flammes. Le bouillon frémit , libérant un doux fumet de fruits rouges mélangé à une légère odeur de bon poisson, due aux orties. À l'aide d'un bâton, j'attrape le récipient bouillant et en verse dans trois bols de ferraille, ce n'est pas grand chose mais ça nous aide a tenir. Nous avons laissé les chevaux en liberté car nous savons qu'ils sont suffisamment bien dressés pour rester proche de leurs cavaliers, ça nous facilite la tâche, ils s'abreuvent et se nourrissent seuls.

« Tiens bois ça, ( je tends un bol a Jao) ça te réchauffera.

-Merci, ( il tremble de tous ses membres )

-Tu n'aurais pas du te mouiller, tu vas vraiment attraper la crève.

-Je sais mais on aurait eu un peu de poisson pour ce soir et puis le lac était tellement clair, ça aurait été dommage de ne pas en profiter non ? Tu t'y es baignée aussi je te rappelle.

-Oui sauf que moi je ne suis pas « trop pudique pour me montrer » espèce de gros benêt.

-Tu aurais pu au moins garder tes sous vêtements.

-Hi hi ! Tu ne vas pas me dire qui tu as eu peur de mon corps de déesse ?

-Oh arrête ( il a un petit sourire gêné et se met à rougir) c'est juste que... que

-Que tu n'as pas l'habitude de voir ce genre de spectacle.

-O...Oui c'est ça. Et puis même c'est quoi cette assurance que tu as là ?

-Honnêtement j'en sais trop rien Jao, j'ai toujours eu le souvenir d'avoir été pudique mais... je ne sais pas, il n'y avait personne autour.

-Et moi ? Je n'existais pas ? Ah ah ! Mes yeux on vu ce qu'ils ont vu.

-Ouuuuh il va faire des cauchemars ( je remplis un bol pour Niv puis enveloppe une couverture sur nous deux). Allez c'était pas si terrible, si ?

-Non au contraire... je veux dire...argh !

-Chut, tu t'enfonce dans ta propre tombe là tu sais. » Les flammes de notre feu de camp me laissent entrevoir son visage rougi par la honte, je lui adresse un regard amusé qui nous fait finalement éclater de rire tous les deux. Nous passons la nuit à essayer de nous faire peur mutuellement, sans grand succès. Nous rions en cœur de notre situation jusqu'à tard le soir, cette nuit, pas d'attaque d''Ombre, pas de coup de feu, juste nous trois dans cette nature immense et magnifique. Le lendemain, nous décidons de nous reprendre en main et de chercher un abri dans les environs de notre petit ruisseau de l'étendue d'eau. Après bien trois heures de galères à chercher, nous finissons par trouver un rocher dans lequel une petite ouverture se dessine, elle semble plutôt grande mais le passage est trop étroit pour nous. Je demande à Jao si il pourrait aller chercher de quoi faire une pioche, vraiment solide. Il revient après quelques minutes, et moi je suis prête, une fois la pioche confectionnée, je me poste devant l'ouverture et prend une grande inspiration, une deuxième, une troisième...HAAAA !!! BRAOM. Le passage est ouvert mais mon cri a paniqué les chevaux et il nous faut plusieurs minutes pour les calmer et les rassurer. Jao me regarde avec un air intrigué :

Le Troisième SoupirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant