Elle est là, dans un lit tout blanc, les yeux clos. Sa tête repose sur un grand oreiller, ses cheveux mi-courts dévalent tranquillement le tissu blanc.
Gretel.
Ça fait un mois et deux semaines que je ne l'avais plus revue.
Elle est effroyablement inerte ; il n'y a pas la moindre activité sous son épiderme, pas le moindre air qui circule à ses poumons, pas la moindre idée qui se joue dans sa tête.
Jamais Gretel ne m'a parue aussi silencieuse.
Est-ce moi, les circonstances, la fatigue, la lumière peut-être, ou son visage me semble légèrement différent ?
Je le reconnais, évidemment que je le reconnais. Simplement... Je ne m'imaginais pas qu'elle avait de si petites tempes. Ou alors, un nez si relevé. Comme si ces caractéristiques lui avaient soudainement poussé. Ou alors, est-ce moi qui ai tout oublié ?...
J'ai la soudaine envie de l'attraper par les épaules, et de la secouer comme un prunier. Très, très mauvaise idée, évidemment. Mais je me fais tout de même violence pour ne pas l'écouter.
Je remarque soudain que Mathias et Sabrina étaient restés au fond de la pièce, tous deux droits comme des piquets. Quand je me détourne, Sabrina déclare immédiatement, exécutant deux grandes enjambées pour arriver à ma hauteur :
« Elle a mauvaise mine, évidemment, mais notre sérum a déjà fait un effet considérable. Un mois et demi inanimée, et on dirait que ça fait à peine une semaine. »
Ce commentaire me fait froncer du nez. Malgré tout, je trouve la peau de Gretel pâle, presque plus livide que celle de Mathias quand il regardait le parking s'étaler à ses pieds depuis l'échelle de secours.
Sabrina fait volte-face vers nous :
« Bon, les garçons, je vais me mettre au travail. Même si j'ai bien l'impression qu'il n'y a pas grand-monde qui passe par-ici, demeurez prudents, s'il vous plaît. Vous pouvez prendre le trousseau de clés, s'il vous arrive pépin, vous pourrez toujours vous enfuir. Quant à moi, je peux toujours passer par la fenêtre et me débrouiller. »
Sauf si elle a une Gretel réveillée mais engourdie avec elle, pensé-je. Mais cette éventualité ne semble soit pas la traverser, soit pas la déranger.
Mon regard glisse à nouveau vers Gretel, allongée dans son lit.
Je m'en veux de l'avoir fait attendre si longtemps. Elle me manque affreusement.
***
« Bon, on fait quoi ? »
C'est le murmure de Mathias qui me ramène dans l'instant présent.
Je suis de retour, dans le couloir aux murs intimement serrés et aux douces lumières. Derrière moi, la porte se referme, le voyant lumineux de la poignée passe au rouge.
Je me tourne vers Mathias, hébété, sans trop savoir quoi répondre.
« Euh... Bah... On attend.
— J'imagine. Elle n'avait pas parlé de placard à balais, Sabrina ? »
En effet, ça me revient. Mathias a décidément un peu plus l'esprit en alerte que moi, j'ai l'impression d'être complètement évaporé. Pour un peu, je pourrais me tromper de porte et me balader dans l'hôpital sans même m'en rendre compte.
Mathias commence à s'éloigner doucement le long du couloir, inspectant les portes et les pancartes. Je le suis sans trop réfléchir, je suis un peu vide, pour le moment.
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Par Cœur
Teen Fiction« Prends-le. Prends mon cœur, Timothée. » Avoir le cœur sur la main... ou dans la main ? C'est l'histoire d'un garçon, qui un jour hérite d'un cœur. • Aucun des médias ne m'appartiennent, ils sont tous tirés d'Internet. ~ Livre terminé, publié le 28...