Chapitre 2.

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Lilly.

Quatres heures. Il est quatres heures du matin, et je ne parviens pas à trouver le sommeil. Et ça m'enrage. Je sais pertinemment que si je ferme mes yeux dans cet état là, mes cauchemars se feront un malin plaisir à resurgir. Je souffle, et passe une main dans mes longs cheveux. Puis je me masse les tempes tentant de me calmer.
Je ne suis pas bien, et ça arrive très souvent, seulement ce soir c'est différent des autres jours. C'est pas la même peur et la même douleur que je ressens.
C'est plus une perte de moi qu'une perte de quelqu'un.

Pas besoin de réfléchir longtemps, je sais ce que c'est cette peur.

Après l'abandon de mes parents à mes cinq ans, je ne cessais pas de faire des cauchemars, chaque nuit. Toujours le même. Je revivais la soirée où mes parents m'ont laissés au bord d'une route, devant cette établissement qui m'abrite à présent.
J'avais cette peur d'être à nouveau abandonnée.

Mais ce soir, ce n'est pas celle là, c'est celle que moi je me perde. De toute façon, je n'ai peur de perdre personne : je n'ai pas spécialement d'amis. Il ne me reste que mes pensées un peu bizarres et trop à l'eau de roses, ainsi que mes bouquins. Et de mes écouteurs. Associez ça à une fille terriblement seule et vous remarquerez que cette fille aura l'l'étrange impression qu'un jour elle se perd. Et c'est ce que je ressens.

Je sens que je change de peurs alors j'ai peur.

Je suis vraiment bizarre.
Je souffle une énième fois, et je me décide à oublier de dormir ; je ne vais pas y arriver cette nuit. Je me penche vers le sol, en me tenant fermement au draps de mon lit afin de ne pas basculer. Sur le sol j'attrape mon portable suivit de mon livre préféré. Je mets rapidement mes écouteurs et enclenche la musique. Je ferme les yeux, savourant la voix de ce chanteur que j'affectionne tant. Puis j'ouvre mon livre où le marque page est. Page 235.

Il y a ces livres, qui sont bien particuliers. Ils donnent l'envie de vivre. L'envie de créer. De nouer des relations. D'explorer la nature. De découvrir le monde. Puis certains te font rêver avec des mots doux, des scènes d'amours inombrables, et une belle fin heureuse. Mon livre préférée, lui, c'est tout le contraire. Il n'y a rien de toutes ces bêtises : ce bouquin est la réalité. Et c'est pour ça que je l'aime tant et qu'il m'aide toujours.

Mais pas ce soir. Ce soir je n'arrive pas à accrocher. Je relis encore et toujours la première phrase, bloquant dessus. Mon esprit est bien trop encombré. Je soupire. J'en ai marre. J'en ai assez de tout, j'ai envie d'envoyer tout valser. Pourtant, je ne fais rien. J'aime la vie, malgré les horreurs qu'elle me fais vivre.

Je retire d'un geste la couverture rouge qui reposait sur mon corps et extirpe mes jambes de dessous. Je pose un pied au sol, créant des frissons dans tout mon corps. La fraîcheur se propage rapidement mais je ne fais pas attention. Maladroitement, je saisis mon ordinateur portable qui doit être le seul objet technologique dernier cri ici. Pas étonnant, ma famille d'accueil me la offert. Je le dépose sur mon lit où je m'empresse de retourner sous les couvertures.

J'ouvris l'écran d'un geste habitué. Une fois internet ouvert, je ne cherche même pas, je tape rapidement YouTube sur le moteur de recherche. L'icône rouge célèbre apparaît et je clique dessus.

Il n'y a pas très longtemps j'ai fais une vidéo. J'ai chanté et je ne suis jamais aller voir les avis que les gens ont pu laisser. Enfaite, je ne sais même pas combien de vues ma vidéo a pu faire. Je me suis toujours dis, que je n'avais aucune chance dans le milieu de la musique. Que ma voix est bien trop ordinaire. Mais qui ne tente rien n'a rien non ? Et pourquoi pas moi pour une fois ? Pourquoi ça devrait toujours être les autres qui aurait le droit de réaliser leur rêve, d'être heureux ? 

La page s'affiche et descend lentement la souris. Une boule dans ma gorge s'est formée alors que mon coeur bat à un rythme irrégulier. J'ai peur. J'ai peur des gens. J'ai peur de leurs avis et de leurs façon de penser. J'ai peur du monde.

500 000.

Voilà ce qui s'affiche. Ce qui signifie que cinq cent milles personnes dans ce monde ont vu ma vidéo. Je tousse, l'air ne faisant plus son passage entre mon oesophage et mes poumons. Et le pire, c'est que leurs avis sont positifs.

Alors c'est maintenant que tout commence ?

"Je voulais que tu comprennes ce qu'est le vrai courage, au lieu de t'imaginer
que c'est un homme avec un fusil à la main.
Le vrai courage, c'est de savoir que tu pars battu,
Mais d'agir quand même sans s'arrêter."

Hope. || N.H.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant