Sagittaire { Terminé }

Chapitre 10: Un nouvel attentat est imminent

Stella ne cessait d’y penser. Il y avait décidément un point obscur qu’elle se devait de découvrir. Elle devait confirmer les coordonnées astrales de son scope, son avenir en dépendait !

Selon sa mère, sa date de naissance était le 12 décembre à 3h48 du matin, mais sous quelle longitude ? et quelle latitude ? Comme le lui avait rappelé Rembrand, les coordonnées géographiques devaient être extrêmement précises pour définir le thème astral d’une personne, même une erreur infime pouvait parfois avoir de grandes répercussions ! Il fallait donc s’assurer du lieu de sa naissance, elle avait téléphoné à l’hôpital Cassiopée, on lui avait confirmé qu’elle y était bien née… le 21 décembre.

Stella doutait. Comment se fier à une information qui était déjà à moitié fausse. Elle commençait à croire en l’avertissement de Balthus, quelqu’un avait changé ses coordonnées astrales ! On lui mentait, et ses parents eux-mêmes ne semblaient pas connaître la vérité. L’élément le plus troublant était cette histoire d’hélicoptère que lui avait racontée sa mère, pourquoi l’aurait-on emmenée à l’hôpital Cassiopée en hélico alors qu’il devait se trouver à moins d’un kilomètre de la maison ! Cela n’avait pas de sens ! Elle était née ailleurs !

La jeune fille retournait dans sa tête toutes ces informations. Sa mère n’avait que des souvenirs vagues de son voyage jusqu’à l’hôpital, on l’avait probablement droguée pour limiter la douleur de l’accouchement et lui faire tout oublier. Ils avaient pensé à tout ! C’est alors que lui revint en mémoire cette photo de Cid Lexer la tenant dans ses bras alors qu’elle venait de naître, la photo de l’hôpital !

Stella se rua dans la cuisine. Cassandre préparait le dîner en suivant les instructions d’une émission culinaire de Starscope, elle semblait absorbée par sa tâche.

— Maman, je peux prendre ton téléphone, je voudrais télécharger les photos de ma naissance pour faire un album.

— Vas-y ma chérie, mais ne coupe pas l’émission.

Les photos défilèrent sur l’écran. Stella sentait monter en elle une angoisse étrange, ancestrale, génétique, celle de la découverte de ses origines ! Elle se figea soudain sur la photo de Lexer, son sourire mécanique la mit mal à l’aise, il la regardait, là, maintenant, elle en eut la certitude, comme s’il la narguait après toutes ces années ! 14 ans d’ignorance ! Mais elle tenait sa revanche… la photo ne trahissait aucun signe particulier, elle en scruta alors les moindres recoins à la recherche d’un indice qui lui indiquerait le lieu de cet hôpital. Là, les draps ! Les draps, son indice était là, dans le repli des draps du lit de sa mère ! Il fallait zoomer, on ne distinguait pas grand-chose, mais il y avait une inscription sur la doublure du drap ! Grossir, grossir, grossir, elle parvint à agrandir l’image à son maximum, faisant ainsi apparaître le logo de l’hôpital où sa mère avait accouché : « H.I.A. Arcturus ».

Une rapide recherche confirma ses doutes. Il s’agissait de « l’Hôpital d’Instruction des Armées Arcturus » basé en Bretagne. Un hôpital militaire ? Pourquoi avait-on emmené sa mère dans un hôpital militaire ? et aussi loin de Paris, en Bretagne ? Tout cela n’avait pas de sens… ou bien au contraire cela en avait un qu’il lui faudrait découvrir rapidement !

Stella releva la tête et dévisagea sa mère qui empilait méticuleusement des couches de lasagnes les unes au-dessus des autres. Cette dernière ne savait donc rien ? Etait-il possible que Cid Lexer l’ait maintenue ainsi dans l’ignorance pendant tout ce temps ! Cassandre se tourna enfin vers elle en goûtant la sauce tomate sur son doigt.

— Je crois que c’est prêt ! Tout va bien ? interrogea-t-elle en contemplant la mine sérieuse de sa fille.

— Faut que j’appelle Chams.

Et la jeune Sagittaire s’éclipsa.

L’heure était grave. Elle possédait désormais ses véritables coordonnées astrales, elle disposait de tous les éléments pour retrouver son avenir, mais il lui fallait trouver un astrologue fiable ! Quelqu’un qui ne la trahirait pas et qui lui dévoilerait enfin qui elle était !

***

— Comment ça il peut pas le faire ? Je croyais que c’était le meilleur élève de Balthus !

Stella s’énervait au téléphone contre Chams, celle-ci avait été retrouver Rembrand car leur camarade n’avait pas de portable. Il restait cependant leur seule connaissance capable d’analyser un thème astral, il fallait faire avec. La conversation à trois n’était cependant pas évidente.

— Il dit qu’il lui faut trouver les éphémérides de ton année de naissance.

— Et il ne sait pas où les trouver ?

— Si, mais ça peut prendre du temps…

— Passe-le-moi, s’emporta la jeune Sagittaire, il commence à m’énerver !

On entendit une discussion entre les deux ados, Rembrand semblait réticent, il prit enfin l’appareil.

— Ecoute, Stella, je vais m’en occuper, mais j’ai plein de choses à faire rien qu’avec les infos que j’ai récupérées sur l’ordi de Balthus, ça va me prendre du temps. Et puis il faut que je sois discret. Me demande pas pourquoi.

— Pourquoi ?

— Laisse-moi quelques jours et j’aurai ton thème de naissance, de toute façon il y a plus urgent.

— Quoi ? Qu’est-ce qui est plus urgent que mon avenir ? J’ai besoin de savoir quelle est ma bonne étoile !

— Tu regardes pas les infos ? Il va y avoir un nouvel attentat ! Starscope l’a annoncé !

Il y eut un silence. Chams reprit le téléphone. Stella jeta un coup d’œil rapide aux dernières nouvelles. C’était vrai. Tout le monde se demandait quelle serait la prochaine cible du Z13 !

— Tu penses ce que je pense ? reprit la jeune métisse.

— La carte du professeur ?

— Oui. Il faut faire vite si nous voulons savoir ce qu’il t’a laissé !

Stella concorda. Il n’y avait pas un instant à perdre. Elle sortit la carte de la bibliothèque Kepler que Balthus lui avait laissée. Elle relut la mise en garde qu’il avait griffonnée dessus : « Reprends ton destin en main. » Elle la serra contre elle et pria secrètement le Zodiaque que la bibliothèque ne soit pas l’attentat programmé par le Z13. Contrairement à toute attente, elle réalisa qu’elle n’avait pas peur, l’angoisse qui la prenait était celle d’arriver trop tard. Comme s’il s’était agi d’une course, une course contre un adversaire invisible et omniprésent, car il lui semblait au fond d’elle que quelqu’un d’autre savait, quelqu’un d’autre cherchait à l’empêcher de découvrir sa bonne étoile.