Chapitre 34: Etes-vous prêts à entendre la vérité

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Stella semblait flotter dans l’air chaud de cette nuit de décembre. L’explosion du planétarium se propageait à l’ensemble de l’ancien palais. Toute l’Île de la Cité ne serait bientôt plus qu’un vaste brasier. Il fallait en finir.

Elle regarda cette grosse boule de Bocace Barca qui rampait désormais devant elle ; l’appel de son père comme tout le reste faisait-il partie d’un plan plus vaste qu’elle et ses amis n’avaient pas entrevu ? Comment ce Cid Lexer osait-il menacer sa famille alors qu’elle détenait la vérité ! En regardant le ministre s’essuyer le sang qui coulait sur son visage, elle se demanda si elle parviendrait à aller jusqu’au bout, en était-elle vraiment capable ? Ce ministre pleurnichant à ses pieds était sa seule chance, il lui fallait son scope. Mais alors qu’elle ramassait le gyrodrone pour menacer à nouveau l’animal, ce dernier se redressa d’un mouvement et se lança sur elle. Il l’aplatit de toute sa masse contre la verrière qui céda enfin lors de l’impact de ces deux lutteurs.

Stella suffoqua sous le choc, elle sentit un craquement dans son dos, c’était la verrière du toit qui se fissurait en un millier de morceaux.

Ils tombèrent alors tous deux avec fracas dans la galerie des Glaces. Les pare-soleils auxquels ils s’agrippèrent les ralentirent tant bien que mal, les faisant ainsi glisser jusqu’au sol. Pense à ta chute se dit-elle alors que le dallage de la salle n’était plus qu’à quelques mètres. Elle s’aplatit tant bien que mal et s’assura une réception chancelante mais sauve.

Une lumière rouge d’incendie baignait l’espace tandis qu’une alarme lointaine marquait les pulsations du drame. Les centaines de murs-écrans de ce labyrinthe numérique crépitèrent et s’allumèrent aussitôt, puis, en quelques secondes des mini-drones rejoignirent leurs nouveaux hôtes pour filmer leurs visages en gros plans. Déjà les caméras déformaient leurs mimiques qui apparurent démultipliées sur les moniteurs de ce dédale.

Ils n’étaient pas tombés dans les mêmes couloirs du labyrinthe, quelques mètres les séparaient, mais combien de cloisons gêneraient leur progression ? Combien de fausses-trappes et de culs-de-sac avant de trouver le bon chemin ? Le ministre en connaissait les moindres secrets, Stella par contre était complètement perdue.

— Sale petite comète ! siffla Big B, dis-moi donc où est passé ta bonne étoile maintenant ?

— Qu’est-ce que c’est que cet endroit ?

— C’est mon antre ! Le cœur du palais, la galerie des Glaces ! Une réplique numérique de la galerie de Versailles, sauf que la mienne est un véritable piège pour les Serpentaire égarés !

Bocace se mit à rire de son gloussement affreux, il retrouvait son génie salvateur. Il avançait rapidement dans les couloirs numériques qui s’illuminaient à chacun de ses pas, son portrait apparaissait en gros plan sur les écrans, difforme, hideux ou au contraire angélique et vénusien[1] au gré des applications. Stella tournait dans tous les sens, cherchant à se repérer dans ce méandre, tournant en rond, rebroussant chemin ; le mini-drone l’agaçait à la filmer sans arrêt, déformant l’appréhension de son visage en des milliers de grimaces d’enfant abandonnée. Elle répondait à Bocace qui la narguait tout en marchant.

— Pauvre petite Stella, tu as tué tous tes amis, ils sont morts maintenant, tu le sais ?

— Je n’ai tué personne !

— Mais si, répliqua-t-il en riant, tu les as tués. Ils sont morts par ta faute ! Moi, je n’ai fait que suivre les astres…

— Menteur !

— Qui a échoué à sauver la Pythie ? Qui est responsable de la mort de ton père ? Qui a entraîné tes camarades dans ce piège stupide ? Toi, toi et encore toi !

Sagittaire { Terminé }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant