Chapitre 19: Laissez les étoiles vous guider

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Il avait neigé toute la nuit. Une brume rougeâtre recouvrait la banlieue parisienne depuis l’aube, elle commençait à se dissiper en laissant traîner d’étranges voiles nuageux dans les rues. Chams et Stella avaient rendez-vous chez Rembrand ce samedi après-midi, elles avaient fait la grasse matinée après la fête de la veille et se sentaient prêtes pour faire tourner le Zodiaque. Elles fendaient les rues blanches et calmes de cette zone pavillonnaire sur leur scooter. L’Île de France est étrangement silencieuse lorsque les premiers flocons de neige viennent saupoudrer la ville, les gens apeurés restent chez eux, annulent tout ce qui leur a été prédit et s’enferment dans leur télévision devant les émissions de Starscope.

Elles s’arrêtèrent dans une ruelle à l’écart devant une petite maison en bois nichée entre deux bâtiments de béton. La demeure ne devait jamais voir le Soleil tant la hauteur des immeubles semblait l’écraser. Elle était encastrée ainsi au fond d’un jardin qui semblait abandonné depuis des années. Les flocons de neige commençaient à en couvrir les buissons et les arbres, lui donnant un air frigorifié.

— T’es sûr que c’est ici ? interrogea Stella.

— C’est l’adresse…

L’endroit était lugubre.

Elles laissèrent le scooter et s’avancèrent dans l’allée. Leurs pas s’enfonçaient dans le sol neigeux, ils bruissaient comme un chuchotement d’insectes. La maison paraissait morne et en ruine. C’était une vieille habitation qui datait probablement du début du siècle dernier, d’ailleurs on n’avait pas dû y faire la moindre réparation depuis. Des tuiles manquaient, une bâche couvrait une partie du toit et les carreaux brisés d’une des fenêtres de l’étage avaient été couverts de cartons. L’habitation semblait sommeiller à la manière d’un clochard enseveli sous des ordures pour se faire un abri douillet. Elles se demandèrent comment le meilleur élève de la classe pouvait vivre dans un taudis pareil. Rembrand était décidément trop nébuleux !

On entendait une légère musique venir de l’intérieur, c’était une de ces mélodies orientales, jouées sur un instrument à cordes au son grêle et aigu, une mélodie lointaine qui tintait dans le froid de décembre.

Il n’y avait pas de sonnette à la porte, Stella allait frapper lorsque Rembrand ouvrit. Il porta son doigt devant sa bouche et leur fit un « chut » menaçant tout en leur faisant signe d’entrer de son autre main.

L’intérieur de la maison était pire que son apparence extérieure. Un bordel sidéral y régnait ! Des objets incongrus et exotiques s’entassaient sur des étagères branlantes dans l’entrée, des tas de livres, des sacs, des magazines jaunis étaient empilés un peu partout. Le plus surprenant étaient les mobiles qui pendaient au plafond, il y avait là toutes sortes de grigris, des miroirs, des plumes, des brindilles et des herbes aromatiques, des symboles du Zodiaque aussi, cet ensemble hétéroclite semblait mettre en garde contre on ne savait quel mauvais œil.

Rembrand était stressé, sans un mot il les invita à monter à l’étage. Chams observa un instant la première marche et se demanda si elle allait supporter son poids… devant son camarade qui la pressait, elle s’engagea finalement dans l’escalier. Il grinça lugubrement, mais par chance le bruit s’accorda à merveille avec les pincements de la mélodie orientale. Ils montèrent aussi silencieusement que l’escalier le leur permit. Il y avait deux chambres à l’étage, et une trappe qui devait donner sur un grenier.

— Ma grand-mère écoute de la musique, dit le garçon en susurrant, il ne faut pas la déranger, elle déteste ça !

Les filles restèrent sans voix.

— Mais tout va bien se passer, continua-t-il, il faut juste faire gaffe avec Mamy, elle est un peu bipolaire mais elle n’est pas méchante.

— Ta grand-mère est bi ?

Sagittaire { Terminé }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant