Chapitre 12: Vous serez imprévisible

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De la voiture dans laquelle ils s’étaient cachés, Chams et Rembrand tremblaient de se faire prendre. Cette dernière songeait que son frère, à qui elle avait emprunté en cachette le véhicule ne lui pardonnerait jamais. Conduire une voiture à quatorze ans, même une mini, ça pouvait lui coûter cher. Ils s’étaient donc recroquevillés pour ne pas être vus. Tout avait été très rapide, deux cars d’agents de la sécurité s’étaient arrêtés devant la bibliothèque Kepler, des hommes cagoulés, bardés de protections, comme s’ils allaient à l’assaut d’une forteresse en étaient sortis et avaient cerné le bâtiment. Puis les véhicules des prédicteurs avaient fait leur entrée, on les reconnaissait à leur casque caractéristique, les cosmoculus, qui semblaient pétiller de clignotements alarmants. Ils s’engouffrèrent tous à l’intérieur de l’édifice.

Cid Lexer, entouré de ses sbires, monta au pas de course l’escalier monumental qui menait à la salle de lecture. Il se tenait droit, les mains jointes dans le dos, dans une pose martiale et victorieuse. Les prédicteurs portaient tous un costume étroit et sombre, qui en imposait aux habitués de ces lieux.

— Contrôlez le scope de tout le monde, déclara d’un ton sentencieux Cid, elle a sans doute des contacts que nous ignorons. Arrêtez tous ceux qui ont une rencontre prédite pour aujourd’hui, plus les Poissons, les Cancer et les Scorpion, je veux savoir avec qui elle avait rendez-vous ! Arrêtez également ceux dont la visite à la bibliothèque n’était pas prévue, on ne sait jamais. Eparpillez-vous, elle ne doit pas nous échapper !

— Bien, magister.

Sur ces ordres, les prédicteurs s’élancèrent dans la salle de lecture et commencèrent à en contrôler les usagers. Deux gardes restèrent à la porte pour en bloquer le passage.

Cid balaya du regard l’ensemble de la salle, ses cosmoculus lui indiquaient instantanément le signe astral des personnes qu’il voyait, il identifia en un instant deux Cancer, un Poissons, une Balance, deux Capricorne mais rien qui ne lui sembla pertinent.

« Où est partie la jeune fille ? » cria-t-il soudain. Les têtes des lecteurs se suspendirent dans les airs, inquiètes et rassurées à la fois par cette présence policière. La plupart d’entre eux semblaient se réveiller d’un songe, un vieil homme toutefois désigna un passage latéral, c’était l’un des accès aux réserves de livres. Le magister y pénétra suivi de deux de ses acolytes.

Stella trébucha dans un tas de livres qui attendait que l’on vienne s’occuper de lui. En descendant dans les caves de la bibliothèque ils découvrirent une confusion difficile à imaginer. Des livres s’empilaient en colonnes branlantes, des caisses de manuscrits et de parchemins s’entassaient pêle-mêle dans les couloirs cherchant leur place dans ce capharnaüm. Il n’était pas étonnant qu’il faille attendre des semaines avant de pouvoir consulter un ouvrage, le pauvre Balthus avait dû y passer des années ! Il n’y avait pas plus d’employés dans les archives que dans la salle de lecture, l’endroit était silencieux et désert. C’était un vrai labyrinthe, l’endroit parfait pour se cacher ! Les couloirs étroits bordés d’étagères se succédaient jusque dans la pénombre de la cave. Quelques loupiottes laissaient filtrer une lumière pâle et artificielle dans les allées de poussières. Et on devinait au-dessus des étagères qui s’élevaient sur plusieurs mètres de hauteur, peut-être cinq ou six, d’autres livres entassés menaçant de s’écrouler à la moindre secousse. Au-delà, des ténèbres insondables dissimulaient le plafond.

— Là ! dit-elle en désignant un recoin formé par des caisses d’ouvrages empilées, cachons-nous là !

Gide qui la devançait en poussant les livres qui encombraient leur passage, se retourna et se pencha vers elle. Ses yeux bleus de requin la fixèrent de son sourire aquatique.

Sagittaire { Terminé }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant