Adrien Agreste

359 28 11
                                    

Je n'ai que treize ans, et pourtant tout le monde me connaît déjà. Je m'appelle Adrien Agreste, je suis le fils de Gabriel Agreste, un éminent styliste, et de Émilie Graham de Vanilly, une actrice à succès.

Une actrice décédée le mois dernier.

Je suis également un modèle reconnu, au sourire parfait, celui qui ne quitte jamais mes lèvres. Du moins sur le papier. Sur les photos dans les magazines, celles prises durant des shooting-photo jamais arrêtés.

L'extérieur m'est interdit, les seules fois où le droit de poser le pied dehors m'est accordé, c'est pour le travail, mes cours d'escrime, et ceux de basket. Mais même à ces endroits, je ne suis qu'Adrien Agreste, le fils prodigue de Gabriel Agreste.

Si j'avais pensé que tout était compliqué auparavant, ce n'était rien comparé à maintenant. Ma mère n'étant plus là pour passer du temps avec moi, ma seule compagnie est la solitude, ainsi que Nathalie, quand elle daigne passer plus de quelques minutes à mes côtés.

Si j'avais pensé que mon père était froid, c'était parce que je ne pouvais pas comparer avec le futur. Il refuse éternellement de m'accorder la moindre attention, autre que pour que j'effectue ce qu'il souhaite.

Évidemment, l'école ne m'est pas autorisée. Non, j'ai des cours à la maison depuis le plus jeune âge. Et je doute qu'un jour, mon vœu de m'y rendre me soit accordé.

Où est-ce que je veux en venir avec tout ça ?

Je suis seul. Terriblement seul. Les seules personnes que je peux voir dans ma vie ne voient que la façade que j'ai créée pour plaire à mon père.

Adrien Agreste est un garçon poli, réservé, heureux, et bien sûr, enfermé par choix.

Il n'est pas un blagueur, les jeux de mots l'horripilent. Si son cœur lui était un jour volé, il resterait silencieux à ce sujet. Jamais l'idée de faire le moindre commentaire à son père ne lui a traversé l'esprit.

Non, tout ceci ne caractérise pas Adrien Agreste, parce que c'est une partie de moi que j'ai dû refouler au plus profond de moi. Parce que pour faire plaisir à mon père, je suis prêt à renier jusqu'à même mon identité propre. Ne serait-ce que pour voir un de ces si rares sourires sur son visage, un de ceux que je n'ai pas revu depuis la mort de ma mère.

Je ne sais pas si c'est normal que je sois si détaché face à la perte d'un être si cher, ou si c'est simplement dû à mon emploi du temps surchargé, m'épuisant au point que je n'ai pas le temps d'y penser.

Quand je joue du piano pour mon père, j'essaie de tout mon possible de ne pas penser à ma mère, parce que quand cela arrive, mes mains se mettent à trembler, et des larmes montent dans mes yeux, et je ne veux pas faire de fausse note. Mon père n'aime pas les fausses notes.

Mais malgré tous mes efforts, j'ai l'impression qu'il continue de s'éloigner, refusant même de me regarder les rares fois où je le croise, refusant de me prendre dans ses bras, de me dire que j'ai le droit de laisser tomber le sourire pour pleurer.

Alors je continue de sourire, à chaque fois qu'un public est là, même s'il ne s'agit que de Nathalie. J'essaie également de me forcer à penser que mes sourires sont réels, alors même que je sais qu'ils sont factices.

Mais je continue de porter le masque d'Adrien Agreste pour mon père...Même si parfois j'espère, sans grand espoir, pouvoir n'être qu'Adrien un jour. Un Adrien parmi tant d'autre, sans le poids du nom qui suit.


Vous l'avez donc compris, j'ai essayé d'imaginer comment s'est passé l'année d'après la mort de sa mère, mais avant qu'Adrien ait le Miraculous du Chat Noir et aille à l'école.

C'est plutôt déprimant en fait... (Comme d'habituuuuude~)

Qu'en avez-vous pensé ?

- 22 juillet 2020

OS Miraculous LadybugOù les histoires vivent. Découvrez maintenant