Des jours comme ça

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Il y a des jours comme ça, où j'ai simplement envie de rester en boule dans mon lit. De ne pas me lever et affronter ma journée. Des jours où quelques simples mots sont capables de me faire pleurer « Marinette », « Elle », « sa », et les accords féminins qui vont avec. Tout ceci utilisé pour me désigner.

Ces jours-là, il m'arrive de me blâmer pour ne pas arriver à en parler. Si je le faisais ce serait plus simple. Mais quand je pense ça, je réalise que c'est déjà trop tard...Si j'avais compris que j'étais un garçon à quatre ans, et persisté avec les années, alors j'aurais été pris au sérieux. Cependant, je sais qu'à présent, on me dira que si j'étais un garçon, alors j'aurais dû le réaliser plus tôt. Et que de toute manière je suis trop jeune pour savoir ça.

Ironiquement contradictoire, pas vrai ?

Ces jours-là, j'ai simplement envie de me changer les idées, mon corps couvert par des vêtements bien trop larges, et mes cheveux cachés dans mon dos, là où je ne peux les voir. Mais je n'ai pas le choix, je dois me lever, m'habiller, suffisamment large pour pouvoir supporter la journée, puis endurer les éternels appels d'un prénom qui n'est pas le mien, et des accords féminins.

Ces jours-là, je fixe généralement le vide, tentant de me détacher de tout ça, pour ne pas être trop affecté, mais ça m'est impossible. Encore l'an dernier, j'aurais pu trouver ça un tant soit peu supportable...Mais j'ai rencontré Tikki, et avec elle l'euphorie de genre. Ma Kwami est la seule à connaître la vérité, à m'appeler Maël, à utiliser des accords masculins.

Cependant, aussi positif que cela puisse paraître, goûter une fois à l'euphorie de genre rend la dysphorie encore plus marquée. Elle me donne l'espoir qu'un jour, on ne parle plus de Marinette, mais de Maël.

Elle me donne aussi l'espoir qu'on ne parle plus de Ladybug. Parce qu'à peine ce nom avait franchi mes lèvres que je l'avais regretté. Paris était protégé par Ladybug et Chat Noir, l'héroïne et le héros de la ville. Et Ladybug n'avait rien d'un garçon.

Ainsi, ces jours-là, j'avais encore moins envie que le Papillon ne frappe, parce que cela voudrait dire endosser le rôle de la figure féminine de Paris. L'inconscient avait beau modeler le costume lors de la transformation, il ne pouvait pas moduler le corps, alors même avec une tenue large et rigide, couvrant la majorité de ce qui pouvait trahir la réalité biologique de mon corps, ce qu'elle était restait évident. Les gens se demandaient simplement pourquoi je ne portais pas un costume aussi moulant que mon partenaire, ce que j'aurais pu faire si ça ne nécessitait pas de compresser ma poitrine comme le ferait un binder, et donc de briser les règles de ne pas faire de sport en en portant un. Il aurait aussi fallu rembourrer le costume au niveau de la taille, pour que mes formes ne soient pas trop apparentes.

Enfin, ç'aurait été bien trop compliqué. De toute manière, Ladybug n'était reconnue que comme une fille, alors à quoi bon ? Même Chat Noir ne savait rien de ma réalité, de celle qui parfois, causait des ratés en combat, liés à ma perte de concentration.

Mais ces jours-là n'étaient pas les pires. Non, les pires, c'était quand ces jours-là tombaient sur ces semaines-là. Celles où mes émotions étaient exacerbées, et où un rien pouvait me faire pleurer ou m'énerver. Celles où j'avais parfois du mal à ne pas me recroqueviller sur moi-même pour atténuer ne serait-ce qu'un peu la douleur dans mon bas-ventre. Celles où je savais que je ne pouvais pas aller aux toilettes des garçons, même si personne me connaissant n'était aux alentours, parce que mon collège avait eu la brillante idée de ne pas mettre de poubelles dans ces toilettes-là, allez savoir pourquoi.

Oui, ces jours-là, durant ces semaines-là, étaient les pires. Parce que même si un simple accord masculin dû à une mauvaise prononciation pouvait m'arracher un sourire et faire monter des larmes de joie dans mes yeux, c'était souvent des larmes de frustration ou de tristesse qui finissaient par couler. Parce qu'il est difficile de prononcer une simple phrase sans accorder, dans cette langue où tout est genré.

Alors généralement, quand on me demandait ce qu'il se passait, je disais juste que c'était les hormones, parce qu'au moins, ce n'était pas un mensonge. Je détestais ces hormones présentes dans mon corps, celles qui lui avait fait prendre la forme qu'il a, celles qui me font également perdre le peu de contrôle des émotions que je ressens.

Ces jours-là, je finis par me poser chez moi à la fin de la journée, en boule dans mon lit, avec seulement Tikki pour me réconforter.

Oui, il y a des jours comme ça.


Joyeux. *tousse*

Wow, j'avais envie de faire un OS sur Mari en tant que gars trans', et un beaucoup plus tourné sur la dysphorie de genre... Ben ça a fini par être le même.

Ah. Ah.

Et puis, pour arranger la chose, j'ai décidé de faire en sorte que les costumes ne puissent pas changer les corps, sinon c'est pas drôle.

Je suis horrible... (Oui. Et pour une fois je le pense toujours... Pauvre Maël... Bordel j'ai envie de réécrire sur lui... Je le ferais quand j'aurais fini de tout republier.)

M'enfin, vous en avez pensé quoi ?

- 23 juillet 2020

OS Miraculous LadybugOù les histoires vivent. Découvrez maintenant