Chapitre 7

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Paulus attendit pour s'assurer que son père s'était bien éloigné avant de retirer le drap qui couvrait le corps d'Ariane qui commençait à suffoquer. Titus avait pratiquement perdu la langue. Déjà avec Paulus, il avait un rival de taille dans sa conquête pour le cœur d'Ariane et il trouvait sa position bien critique. Mais avec l'entrée en lice du magistrat Aper, la situation devenait carrément désespérée.

« Dis-moi que j'ai mal compris. » s'empressa de dire Paulus à Ariane.

« Ce n'est pas comme si c'était de ma faute non plus. Je te signale que j'apprends la nouvelle en même temps que toi. » lui répondit la jeune fille.

Paulus passa une main dans ses cheveux, comme il lui arrivait de faire à chaque fois qu'il était embarrassé. On aurait pu voir ses méninges s'activer dans sa tête tant il était agité. Il soufflait, soupirait, pestait, rageait et jurait tout en même temps à voix basse et de façon incompréhensible, comme quelqu'un qui commençait à perdre la tête.

« C'est bien mon père tout ça. » finit-il par dire. « C'est un vrai coup de maitre. J'aurais même pu être admiratif si je ne me sentais pas aussi impliqué dans cette histoire. L'autorité du magistrat Albus décline petit à petit et mon père est en train de se tailler sa place au soleil. Mais il sait qu'Albus ne se laissera jamais éclipser aussi facilement. Et donc ? Quoi de mieux qu'un mariage pour régler tous les possibles litiges qui menacent à l'horizon ? » Puis s'adressant à Ariane : « La seule question que je me pose est juste de savoir si c'est ton père qui a eu l'idée de te vendre ou le mien celle de t'acheter. »

« Mon père ne ferait jamais une chose pareille. » répondit Ariane avec véhémence.

« Ne te voile pas la face. C'est clair que ton père se sent menacé. Il ferait tout pour maintenir sa position. Et franchement, offrir ta main à mon père n'est pas un accord si inhumain. On a vu pire. »

« Mon père ne me proposerait jamais en échange de quoi que ce soit. » lui rétorqua la jeune fille.

« Tu vas devoir l'admettre. Même si l'idée de te vendre ne vient pas de lui, il n'a pas refusé l'offre de mon père. »

« Peut-être que le tien ment tout simplement. »

« Je connais mon père. », hurala presque Paulus. « Il ne... »

« Euh les amis ! ... », intervint Titus pour attirer l'attention.

« Quoi ? » répondirent en chœur Paulus et Ariane.

Titus fut frappé par la synchronisation avec laquelle ils lui répondirent. Puis il se reprit et dit « Je ne voudrais pas interrompre votre chaleureuse réunion familiale, mais je vous rappelle qu'il y a peine quelques minutes, je jouais un espion étranger, et Ariane un cadavre. Si vous vous mettez à hurler de la sorte. Vous pourriez attirer l'attention, et toute notre mise en scène de tout à l'heure risque d'avoir été bien vaine. »

« Tu as raison. » répondit Paulus.

« Je sais je sais. »

« Essaie de rester modeste. »

Titus lui répondit avec un sourire avant de reprendre la parole avec un ton de voix plus modéré que celui de ses compagnons quelques minutes auparavant : « Mais je pensais que vos parents étaient amis. D'où vient cette rivalité dont vous me parlez ?»

« C'est ce que je croyais moi aussi, mais les évènements de ces derniers jours m'ont fait reconsidérer la situation. » dit Ariane.

« Tout est une question de politique. » complèta Paulus. « C'est plus une alliance qu'une amitié qui unit mon père au magistrat Albus. Et puis entre nous, il y a certains rivaux qu'il vaut mieux avoir avec soi que contre soi, et cela nos deux pères l'ont très bien compris. » Il s'interrompit un moment durant lequel il semblait réfléchir avant de poursuivre « Très bien. C'est clair que notre intimité est compromise ici. Il va falloir qu'on se déplace. »

Le Mal du siècle [En collaboration avec Nanton]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant