Chapitre 10

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« Vous vous moquez de moi ? » demanda Titus qui ne savait pas digérer ce flux de révélations.

« Vous avez entendu ? » interrogea soudainement Paulus en coupant la parole à Titus.

« Non ! » répondit Ariane.

« Non quoi ? Non tu n'as rien entendu ou non tu ne te fous pas de ma gueule ? » s'enquit de nouveau Titus.

« Non, je ne me fous pas de ta gueule et non je n'ai rien ... » Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase que Paulus se leva vif comme l'éclair et se précipita vers la porte de la cabane en bois. « ...entendu. » conclut-elle pendant que Paulus franchissait le seuil de la porte. « Mais qu'est-ce qui lui prend à la fin ? » demanda-t-elle à Titus toute estomaquée.

« Je n'en sais rien. » lui répondit le jeune homme. « C'est lui le soldat après tout. Il doit savoir ce qu'il fait. S'il pense qu'il y a quelque chose à craindre alors il doit vraiment y avoir quelque chose à craindre. »

« Mais si ça se trouve, c'est juste un animal qui passait par là. » reprit la demoiselle.

« À moins que ce ne soit un vrai espion étranger qui ne vienne pour de vrai nous épier avec l'intention de nous attaquer pour de vrai pendant que nous serons occupés à combattre la peste. » suggéra Titus.

« N'exagère pas non plus. Je trouve que... » Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase. Elle fut interrompue une nouvelle fois par Paulus qui faisait son retour poussant devant lui un autre homme d'âge adulte, dans une tenue d'esclave.

« Regardez ce que j'ai trouvé ! » annonça Paulus avec une voix partagée entre l'amusement et la lassitude.

« C'est plutôt gros comme animal. » ironisa Titus en lançant à Ariane un regard chargé de sous-entendus.

« Ça va. » répliqua la jeune fille visiblement agacée. « Ce n'est pas comme si c'était un espion étranger non plus. »

« Quoi ? Avec tout ce que vous venez de me raconter, je crains moins un espion étranger que ce type. Si ça se trouve on n'est déjà plus en sécurité ici. »

« Mais de quoi est-ce que vous parlez ? » demanda Paulus en traînant sans ménagement l'homme qu'il avait ramené avec lui. Cet homme n'était autre que Tiberius, l'esclave qu'il avait dépouillé et abandonné tout nu dans la remise de sa maison.

Titus voulut répondre mais Ariane lui trancha sèchement la parole. « Rien d'important. »

« Effectivement, ce n'est rien d'important. » renchérit Titus un peu à contre cœur après quelques secondes d'hésitation. Après tout ce qu'il s'était passé, il n'avait pas envie de contrarier Ariane, surtout pas maintenant qu'elle semblait lui avoir pardonné toutes ses bourdes.

« Hum ! » maugréa tout haut Paulus, dévisageant curieusement ses amis tandis qu'il prenait place devant Tiberius. « Bien ! Comme vous pouvez le voir, nous avons reçu un peu de visite. Je ne sais pas pour vous, mais moi j'ai ma petite idée sur l'identité de celui qui se cache derrière tout ça. »

« Tu veux parler de ton père, n'est-ce pas ? » interrogea Titus, légèrement dubitatif.

« Vraiment ? Comment as-tu deviné ? » demanda Paulus avec une voix surchargée d'ironie. « Je pensais que tu n'y arriverais jamais. C'était tellement difficile comme mystère. »

« Je sais être perspicace quand je veux. » répondit Titus qui commençait à s'habituer aux railleries de Paulus et qui comprenait qu'il n'avait pas à s'offenser à chacune des blagues de ce dernier.

Le Mal du siècle [En collaboration avec Nanton]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant