Chapitre 7 - Les réfugiés

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Deux jours passèrent. Iréné restait dans sa maison, préoccupée par la situation de son père et la pièce de Darius. Elle avait plusieurs fois failli en parler à Hémon, le mettre dans la confidence pour qu'il en parle à son tour à Démosthène. Elle pensait que son mari avait au moins une certaine influence, un pouvoir persuasif sur son père, suffisant pour qu'il abandonne tout projet d'alliance bien trop dangereux avec les Perses.

– Iréné ? Tout va bien ? s'enquit Hémon en passant près d'elle dans le jardin.

Elle releva la tête de sa broderie et lui sourit.

– Oui et toi ?

Il acquiesça.

– La situation est encore un peu tendue dehors, certains citoyens n'acceptent pas l'interdiction des rassemblements.

– Il fallait bien s'y attendre. Est-ce que les Macédoniens ont appelé des renforts ?

– Non aucun. Mais la maison de Phocion est sous bonne garde.

Elle n'avait pas de nouvelles d'Alexandre, non plus. Si bien qu'elle se demandait s'il avait bien cherché à l'approcher ou non. Elle avait peut-être rêvé cette rencontre dans la bibliothèque ?

Elle sentit un baiser sur sa joue.

– Je vais travailler, dit Hémon en s'éloignant.

Iréné resta seule quelques instants avant de bondir sur ses pieds. Elle devait faire confiance à Hémon. Alors elle courut dans sa chambre, prit la monnaie perse et se rua dans la bibliothèque de son époux.

– Hémon, il faut que je te parle, lança-t-elle.

Elle en avait assez d'hésiter tout ce temps. Il fallait qu'elle sache.

– Que se passe-t-il ?

– Seule à seul, précisa-t-elle.

Hémon congédia son secrétaire Hippolyte.

– Je t'écoute.

Iréné s'assit près de lui.

– L'accusation contre mon père, pendant le banquet, est-ce que c'est vrai ? Il a vraiment reçu une délégation perse en secret ?

Son époux resta immobile et muet.

– Pourquoi crois-tu que je sache quelque chose ?

– Tu es son plus proche disciple.

– Ce ne sont que des rumeurs probablement lancées par Démade.

– Pourquoi ? C'est ridicule !

– Parce qu'il se demande comment ton père a pu avoir les moyens de rassembler et lever les Cités contre la Macédoine.

Iréné blêmit. Si les Macédoniens découvraient que c'était par des accords et de l'or perses que Démosthène avait provoqué une révolte contre eux, ils tueraient sans aucune hésitation l'orateur.

– Ne t'inquiète pas, ils n'ont aucune preuve puisque c'est faux, rassura Hémon.

Elle écarta ses doigts et découvrit la pièce.

– Je l'ai trouvée derrière mon père. C'est bien une preuve ça ?

Hémon la saisit avec un soupir. Il sembla soudainement beaucoup plus préoccupé.

– Tu n'étais pas censée la trouver.

Iréné se raidit. Elle avait peur de comprendre.

– Tu n'étais pas censée l'apprendre de toute façon.

Dans leurs brasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant