Chapitre 13 - L'union

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Deux ans plus tôt, le jour du mariage d'Iréné.

Les esclaves s'activaient depuis le lever du soleil pour laver et décorer la maison de Démosthène. Des guirlandes d'olivier et de laurier étaient accrochées sur tous les murs ainsi qu'au-dessus de la porte d'entrée, on installait aussi des banquettes pour la grande salle de réception : un côté pour les hommes et un autre pour les femmes. Un prêtre passait de l'encens dans la cour autour d'un autel blanc sur lequel aurait lieu le sacrifice rituel, des cuisiniers recevaient la nourriture et la transportaient dans les communs en discutant des recettes qu'ils mettraient en œuvre, et Démosthène dictait toutes ses recommandations à son secrétaire qui écrivait tant bien que mal ses consignes.

Iréné entendait tout depuis sa chambre. Elle entendait le remue-ménage tout en refusant de se lever. Puis la voix de son père s'approcha de la porte de sa chambre.

– Est-elle debout ?

– Pas encore maître, elle dort profondément, répondit doucement une servante.

– Elle fait semblant, oui, grommela-t-il en entrant.

Iréné enfouit sa tête sous son oreiller.

– Lève-toi ! As-tu oublié quel jour nous étions ?

– Tu vas parachever ta transaction ? répliqua-t-elle amèrement.

– Le mariage de son unique enfant est le jour le plus important d'un père !

– Pas celui de la fille. Pas le mien en tous cas.

– Tu m'as promis de ne pas faire d'histoire, souviens-toi !

– Eh bien j'ai changé d'avis !

– IRÉNÉ ! Hurla Démosthène à bout de nerfs.

Elle ne répondit rien, resta immobile un instant et finit par sortir du lit pour aller à sa toilette, la tête basse. Son père soupira et la laissa entre les mains de sa nourrice qui officierait en tant que nympheutria, une tutrice qui la guiderait tout le long des cérémonies.

Iréné s'immergea dans la baignoire remplie d'eau tiède et de pétales de fleurs. Elle serra ses genoux entre ses bras pendant que sa nourrice lavait ses cheveux. L'eau dégoulinante masquait ses larmes. Elle avait tant repoussé ce jour qu'elle croyait à peine qu'il était enfin arrivé.

– Ne pleure pas, rassura sa nourrice. Le mariage est un grand jour pour une femme. Tu vas faire la fierté de ton père et de ton époux, tu auras de beaux enfants à ton tour.

Iréné se sentait bien loin de ces préoccupations-là et surtout pas prête à endosser ces responsabilités. D'autant plus avec un inconnu. Sa nourrice lui versa de l'eau chaude sur la tête et rinça ses cheveux. Elle la sortit du bain, la sécha méticuleusement avant de lui faire enfiler sa robe de mariage de lin blanc plissé. Les manches très larges étaient resserrées le long des bras par des petites attaches dorées. Une autre esclave peignait ses cheveux avant de les nouer en chignon et de m'entourer d'une coiffe de tissu blanc, laissant juste des boucles apparaître au-dessus de son front et de ses tempes. Puis la même esclave cercla ses yeux de khôl noir, embauma ses lèvres et appliqua un léger voile vert sur ses paupières. Iréné s'était peu à peu arrêté de pleurer mais ne sortait pas de son silence. Elle ne s'aperçut même pas qu'on lui mettait ses plus précieuses parures d'or : collier à pendentifs précieux, boucles d'oreilles, bracelets.

– Regarde comme tu es belle, continuait la nourrice en lui brandissant un miroir sous les yeux.

– Elle est très belle, confirma Démosthène en entrant de nouveau.

Iréné se leva et enfila des sandales alors que son père s'approchait d'elle.

– Tu ne fais plus la tête ? s'enquit-il.

Dans leurs brasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant