Chapitre 15 - Le deuil

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Iréné et Hémon avaient perdu toute intimité depuis qu'ils étaient revenus de la maison du bord de mer. À présent qu'il avait des élèves, il était encore plus occupé qu'avant. Démosthène, excité comme si Zeus lui avait confié sa grandeur, il ne lâchait plus son gendre et l'entraînait dans des réunions secrètes toutes les nuits.

Un nouvel évènement bouleversa le calme retrouvé d'Iréné dans sa maison : l'accouchement de Kallista. Le travail durait depuis le matin. Timoclée et Iréné étaient sorties de la chambre pour laisser les sages-femmes à leur tâche. Elles attendaient dans le patio, picorant à peine les morceaux de fromage sec et de pain moelleux en guise de dîner. Le silence de la maison était teinté des cris de souffrance de la future mère.

– Alors ?

Hémon s'approcha d'elle, sortant de son appartement, visiblement prêt à partir, et s'assit sur le bord de la banquette d'Iréné.

– On nous a dit que l'accouchement serait difficile, son ventre était douloureux.

Timoclée se redressa.

– Je vais voir comment ça se passe, indiqua-t-elle avec un petit sourire avant de s'effacer.

Iréné se blottit contre son époux dès qu'ils furent seuls. C'était de plus en plus rare, elle ne voulait pas perdre une seule occasion de peur de ne jamais identifier quel sentiment elle éprouvait pour lui. Alors elle se hissa sur ses genoux et posa son visage contre le sien. Il la serra dans ses bras.

– Cette nuit je ne serai pas là mais je reviendrai tôt demain matin, murmura-t-il.

– Que vas-tu faire ?

– Je vais penser à toi, répondit-il en souriant et en glissant sa main sous sa robe.

Il l'embrassa tendrement, Iréné répondit, aimant de plus en plus la passion dont il était capable.

– Les enfants, les enfants ! surgit Démosthène. Dans l'intimité !

La jeune femme se détacha immédiatement d'Hémon et remit sa robe en place, à la fois agacée et embarrassée.

– Papa ! Que viens-tu faire ici ?

– Je viens chercher mon gendre, notre réunion va bientôt commencer.

– Ces réunions secrètes ne sont toujours pas suffisamment dangereuses pour vous ? gronda Iréné.

– L'interdiction de se rassembler nous y force, expliqua simplement Démosthène avec un haussement d'épaules.

– C'est justement cette interdiction qui forcera le roi à vous arrêter un jour ou l'autre. Je croyais que Platon disait que l'obéissance aux lois représentait la liberté.

– À nos lois oui, pas à celles des occupants.

– Soit, abandonna Iréné. Soyez prudents.

Démosthène déposa un baiser sur son front, Hémon dans son cou, et ils sortirent tous les deux. Iréné soupira. Comment toute cette histoire allait-elle s'arranger ? Il avait ignoré le message d'Alexandre qui souhaitait la voir, elle espérait que sa situation avec Hémon allait poursuivre sur cette bonne voie tout en espérant également oublier son attirance pour Alexandre... C'était comme être prise dans une toile et ne pas savoir d'où viendrait le coup fatal.

– Iréné ?

Timoclée venait de réapparaître, l'air bouleversé.

– Kallista ? demanda aussitôt Iréné avec un frisson.

Son amie secoua lentement la tête, Iréné remarqua que les cris avaient cessé. Elle se précipita dans les appartements des invités et fut immobilisée par l'une des sages-femmes à l'entrée de la chambre.

Dans leurs brasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant