Chapitre 11 - Le duel

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La maison de Phocion fut prise d'assaut par Démosthène. Hémon le suivait avec peine, pas vraiment enclin à subir une sorte de procès de la part des Macédoniens, ni à supporter son beau-père qui était remonté comme un lion. Le stratège était bien évidemment là tout comme d'autres hauts dignitaires d'Athènes, qu'ils soient pour ou contre la présence macédonienne.

– Un trône. Il a mis un trône dans la salle d'armes, grommelait Démosthène en attendant Alexandre.

– Ce n'est qu'un siège, contra Hémon qui s'impatientait.

– Un siège unique sur une estrade, c'est un trône.

– Un seul homme à la tête d'un État, c'est un roi.

– Ce gamin ne sera jamais le roi d'Athènes !

– Il l'est déjà, répliqua Démade en s'approchant.

– Que fais-tu ici, toi ? soupira l'orateur.

– Quand j'ai appris la nouvelle, je me suis précipité. Pour rien au monde je ne manquerais cette confrontation !

– Il n'y aura aucune confrontation.

– Voyons Démosthène ! se mit-il à rire. Ton gendre a abattu un citoyen !

– Ce citoyen voulait nous tuer ! Et j'imagine bien qui aurait pu lui commanditer ce meurtre !

– C'est une chose que nous nous efforcerons de découvrir, coupa la voix posée et forte d'Alexandre.

Les regards se tournèrent vers le jeune homme, encadré de Philotas, Cassandre, Héphaestion et Ptolémée. Hémon sentit Démosthène frissonner d'excitation à ses côtés. Il avait hâte de leur clouer le bec et de les renvoyer dans les robes de leurs mères. Alexandre prit place sur le siège dépliable, pur insigne de commandement militaire. Ptolémée resta juste derrière lui.

– Un messager vient de me rapporter l'affaire. Que faisiez-vous la nuit en dehors d'Athènes ? questionna Alexandre.

– Cette affaire concerne-t-elle nos occupations privées ? retourna Démosthène.

– C'est cette imprudence qui l'a provoquée.

– Ça ne serait jamais arrivé si nous avions le droit de nous réunir librement !

– Donc en quelque sorte, je suis le fautif ?

– En quelque sorte, oui, confirma l'orateur.

Alexandre se contenta d'un demi-sourire.

– Je suppose qu'il faut se tourner vers ton camp adverse, dit-il en jetant un regard sur Démade.

Voilà pourquoi Démosthène était satisfait de cette situation. Le coupable ne pouvait être que le clan macédonien, ou le clan athénien adverse. Quoiqu'il en soit, l'un ou l'autre devrait payer. « Gagnants » avait-il affirmé.

– Jamais notre parti n'a commandité cette agression, réfuta Démade en s'attendait à ce genre d'attaque. Nous l'aurions fait depuis longtemps si c'était le cas.

– Mais peut-être avez-vous profité de notre présence, supposa Alexandre.

– Même si ce plan est ingénieux, semer le trouble à Athènes n'a jamais été notre but, mais plutôt celui de Démosthène.

Alexandre se tourna donc vers l'orateur, parfaitement satisfait.

– Pourquoi pas.

L'orateur se raidit.

– Et j'aurais monté cette affaire tout seul pour pouvoir t'accuser ?

Le roi haussa les épaules.

Dans leurs brasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant