Chapitre 17 - L'avenir d'Iréné

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Printemps de l'an 334 avant J.-C.

– Ces quelques jours vont changer l'histoire Hémon ! s'exclamait Démosthène en fendant la foule de l'agora avec son gendre.

– C'est décidément une réplique habituelle, se moqua-t-il.

– L'armée d'Alexandre va s'écraser contre celle de Darius ! Les Perses vont renvoyer chez lui le petit roi du Nord ! se réjouissait l'orateur.

– Ce n'est pas un discours très patriotique. Notre armée est engagée à ses côtés.

– Mais justement ! Quand nous verrons nos hommes blessés et sacrifiés pour rien, nous nous retournerons plus facilement contre la Macédoine, insistait Démosthène.

Hémon leva les yeux au ciel avant de pousser les portes de sa maison. Les deux hommes étaient suivis d'un groupe de jeunes garçons qui étudiaient auprès d'Hémon. Non seulement il enseignait quelques passes d'armes, mais en plus la philosophie et les sciences. Il entrait dans une carrière de pédagogue qui lui convenait enfin. Il avait renoncé à la fonction de stratège et n'était donc pas parti pour l'Asie avec l'armée grecque.

Ils traversèrent le vestibule et le patio dans lequel les élèves s'installèrent C'était la partie de son métier qui lui tenait le plus à cœur : passer un savoir à des enfants, si grands soient-ils.

Alors qu'il s'attendait à ce que son beau-père reparte aussitôt – il ne s'attardait plus chez lui à présent –, il remarqua que Démosthène jetait un œil sur l'appartement d'Iréné. Il ne lui avait jamais demandé les raisons d'une telle punition, jugeant probablement pas que ça le regardait. Mais ça le minait visiblement. Hémon, lui, refusait de penser à elle. Il s'était lui aussi enfermé, en excluant Iréné de sa vie.

– Veux-tu rester un moment ? proposa Hémon.

– Non, non je dois retrouver Phocion et Démade au Conseil.

– Bien, nous nous verrons ce soir alors.

Démosthène tapota son épaule avec un sourire et fit demi-tour. Il s'arrêta devant l'entrée, pivota et revint à lui. Démosthène s'éclaircit la gorge comme s'il allait prendre la parole durant un procès.

– As-tu oublié quelque chose ?

– Je sais que votre histoire ne me regarde pas et je suis sûr que tu as d'excellentes raisons pour garder ma fille enfermée, comme tu as dû en avoir pour cette concubine, Cibéria. Mais je veux la voir, lança directement Démosthène.

Hémon arqua les sourcils.

– Je ne t'ai jamais interdit de la voir, répondit-il simplement.

À vrai dire, ça le rassurait de savoir qu'elle était là, et ne pas la voir le soulageait. Mais cette situation ne pouvait pas durer éternellement.

– Donc je peux entrer dans son appartement ? préféra reformuler Démosthène.

– Oui, tu peux.

L'orateur se contrôla pour ne pas se ruer sur la porte d'Iréné, il déverrouilla le loquet, poussa le battant et surgit dans la cour avec un regard avide. Hémon resta en arrière, chamboulé. Démosthène allait rouvrir une blessure qui n'avait toujours pas cicatrisée.

– Iréné ? entendit-elle soudainement.

Elle reconnut aussitôt la voix.

– Papa ?

L'orateur déboula dans sa chambre et se figea.

– Oh.

Dans leurs brasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant