1. mon monde

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Le chant du coq réveille certaines maisons à Niamey mais la nôtre c'est papa avec son chapelet à la main.

Il fait porte par porte, de sa femme, à ses fils et sa fille jusqu'à la bonne pour la prière de Fajr.

On y était habitué tellement que, quand il sonnait l'heure notre inconscient se révèle maitre et nous réveille.

Mon père Yahya est parmi les hommes politiques de Niamey. Quoi que à l'école ou dans les rues, on les traite de voleurs, avec nous il était bon et avec Dieu il était honnête.

Son seul défaut est qu'il est un père protecteur jusqu'au dernier degré et mon inscription à l'école des blancs fût par miracle, du moins grâce à mon oncle qui était venu le sermonner.

Mon père voulait qu'on se voile. Il était rigoureux que j'oublie souvent d'enlever le voile pour dormir, l'islam avant tout malgré qu'il est député.

Je ne voyais aucun mal en cela et d'ailleurs j'étais sa seule fille et l'ainée.

Mon véritable souci c'est ma mère, Mounira. Ma mère est titulaire d'un Bac+5 en droit mais avec la complicité de sa famille, elle est devenue une femme de ménage qui nageait ses peines à laver nos habits ou en nettoyant les salons.

Peu importe, elle était heureuse c'est une éducation reçue dès le bas âge que la femme était faite pour le foyer, cette situation est devenue comme une coutume et acceptable d'aucuns diront que la femme est une machine à pondre.

Je n'étais pas de cet avis, je voulais aller à l'ecole, je voudrais créer une ONG pour garantir le droit de la femme même si je suis issue d'une famille où la femme est insignifiante.

Je voulais me battre pour une cause qu'est la liberté effective de la femme, la guérir de ces maux qui depuis des lustres dominaient le peuple nigérien.

Je pensais à ce combat mais je ne me résoudrais que la femme est la source de son propre malheur. Quand je la vois souvent accepter cette domination. Combien de femmes refusent des postes politiques?

Le foyer a lié les pieds et les mains de ces femmes qu'au point où une femme ne peut être parmi le personnage des "aides humanitaires".

L'Islam aussi a son impact et analyser cette situation, je prie Dieu de ne pas me maudire.

Mes deux frères qui me suivent sont terribles, jumeaux Ousseini et Hassane était toujours là pour moi, les quelques fois où j'avais besoin d'acheter des articles dehors, sans contester, ils prennent l'argent et y vont. Mon père me savoir dehors, c'est une mort assurée.

Il avait tout planifié pour que je sois dans des conditions. En 2016, jusqu'à là je n'ai pas eu de portable malgré mes 17 ans. Un soir par mégarde, à sa déscente du travail j'étais partie le voir dans son salon.

Les chambres étaient fusionnées, il y avait deux trois pièces et chacune des pièces avaient un salon. J'étais seul dans ma chambre avec ma télévision et une petite bibliothèque au salon où j'arrangeais mes livres, j'aime surtout lire les romans africains: Soundjata Keyta, Sous l'orage, le monde s'effondre en attendant le vote des bêtes sauvages, gros plan d'Amadou Idée, j'avais fait le tour des Frasques d'Ebinto plusieurs fois, ce roman m'a fait pleurer à ma première lecture. Il y en avait plein Leuk le liévre, coup de pilon, cahier d'un retour, les contes et les nouveaux contes d'Amadou Komba racontés par Birago Diop.

Comme je venais d'admettre au BEPC et je suis passionnée par la littérature j'ai demandé à papa d'enrichir ma bibliothèque avec la littérature classique: les femmes savantes et le malade imaginaire de Molière, le Cid, la peste et l'étranger d'Albert Camus. Le livre que je lis et que je ne comprenais toujours pas c'est les misérables de Victor Hugo.

Dans ma chambre, il y avait un lit, un armoire sur lequel est deposé mes cahiers et une chaise sur laquelle j'étudie.

Je ne me maquille pas souvent, ces trucs de colorer son visage n'a jamais été mon fort. J'étais naturelle et le peu de gens qui voyaient mon visage me disaient souvent: "tu es naturellement belle"

Ma beauté est ce parce que je suis une femme claire, au cheveux prolongeant jusqu'à la moitié de mon dos, mes yeux aux couleurs blanchâtres avec un noirceur scintillant au soleil comme l'eau du fleuve à midi.

J'étais donc partie le voir après qu'il ait suivi son journal, un journal pour lequel on écoute rien de bon quand on est dans sa voiture. Il aime l'actualité donc chaque fois c'est RFI ou Africa 24.

Assis dans son salon en s'adossant au canapé un pied sur l'autre. Je passe le "Salam" avant de rentrer. Il repondit et me regarde d'un air admirateur, avec ses cheveux blancs qui poussaient petits à petits.

Je le voyais vieillir sous mes yeux mais je l'admire autant qu'il m'admire. J'étais sa préférée, peut être la raison pour laquelle il me protège ardamment.

Je m'assis à côté de lui, tenant sa main car on s'amuse souvent.

-papa, dis-je d'un ton sec, qu'après mon BEPC, il me faut un portable car il nous faut des recherches.

-D'un air étonné, ma fille, le portable est ma source du débauche de la société, vois-tu, à notre époque, on se baignait dans les livres pour faire nos recherches. La machine vous rend fénéant et le comble vous êtes là à chater avec des garçons qui vous empêchent d'avancer. Ce monde, est dangeureux, la société est malade et mon combat depuis toujours était de te protéger comme toute forme de violance.

Si il savait que la plus grande violance était de te priver de liberté, je suis une femme, je dois me préparer au pire mais père s'est posté en défense et il contre tous ballons pour qu'ils ne m'éteignent.

Souvent je suis furieuse mais je n'ose broncher, c'est ainsi qu'on m'a éduqué, c'est ainsi je dois me comporter.

- avec un sourire d'un enfant docile et poli, je repondis, d'accord père, c'est vous qui êtes l'aîné, c'est vous qui saviez ce qui est bon et mauvais pour moi.

Les aînés pensent toujours avoir raison, ils veulent qu'on marche droit sur leur décision même si cela nous conduit à une fin tragique même si cela nous rendrait malheureux mais que devrons-nous faire si ils nous ont engendrés. On est forcé d'y faire. Voici mon monde, voici ma situation de vie.

Le lendemain matin, après la prière et quelques petites révisions papa me déposa au cours et je marchai à petits pas quand une voix m'interpella.

- Ani, Ani, raisonna la voix en abrégeant mon prénom Anissa

voile tombéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant