Chemin de Traverse (Partie 2)

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Harry me serrait la main si fort que je crus qu'il allait me briser les doigts. Il avait peur de me perdre au milieu de la foule de sorciers qui se pressaient autour de nous. Moi aussi, j'étais un peu étourdie : tout brillait, tout scintillait, tout respirait la magie.

Dans ce tourbillon de visages, mon regard croisa celui d'un garçon de mon âge à peu près. Ses cheveux, sa silhouette, tout sembla se figer l'espace d'une seconde. Mais je n'eus pas le temps de m'attarder : Harry, agacé, passa sa main devant mes yeux pour me ramener à la réalité.

Toujours liés par nos doigts entrelacés, nous poussâmes la porte d'une boutique qui sentait la paille et le parchemin : l'animalerie. Mes yeux s'écarquillèrent aussitôt. Des cages alignées du sol au plafond bruissaient de cris, de plumes et de couinements.

C'est alors qu'une petite cage, à l'écart, attira mon attention. On l'avait mise dans l'ombre, presque comme si on voulait la cacher. Intriguée, je m'approchai et découvris... un bébé dragon. Noir comme la nuit, ses écailles luisaient faiblement, et ses yeux turquoise tremblaient de peur. Mon souffle se coupa.

Je restai figée, fascinée, jusqu'à ce qu'une voix résonne dans ma tête :
— Qu'est-ce qu'elle a, à me regarder comme ça ?

Je sursautai et me retournai, mais personne ne me parlait. Harry, de son côté, s'extasiait devant une chouette blanche. Il m'appela avec un sourire rayonnant.
— Regarde, Ava ! Elle est magnifique, tu ne trouves pas ?
— Edwige, murmurai-je en caressant les plumes soyeuses de l'oiseau. Elle devrait s'appeler Edwige.
Harry rit doucement.
— Parfait. Elle sera notre chouette. Et toi ? Tu as trouvé ton bonheur ?

Il me suivit du regard, jusqu'à la petite cage à demi dissimulée. Quand il aperçut le dragon, il leva les yeux au ciel.
— Toi... un dragon, évidemment. Ça ne m'étonne même pas. Comment tu veux l'appeler ? Kira ? Mais... ça fait un peu fille, non ?

Une voix féminine s'éleva derrière le comptoir :
— C'est une femelle, jeune homme. Votre sœur a l'air d'avoir apaisé cette pauvre créature depuis qu'elle l'observe. Nous pensions l'envoyer en Roumanie, mais à voir son comportement avec elle... ce ne sera peut-être pas nécessaire.

— En Roumanie ? répéta Harry, intrigué.
— Oui, répondis-je avant même que la sorcière n'ouvre la bouche. Là-bas vit Charlie Weasley, un dragonnologue. Il soigne les dragons et les relâche ensuite dans la nature. Mais... je peux la prendre, Harry, dis ? Ça ne te dérange pas ?

Il n'eut pas le temps de répondre. J'avais déjà soulevé la cage et me dirigeais vers le comptoir, le cœur battant de joie. Kira était à moi.
Je n'avais jamais vu Hagrid aussi heureux que lorsqu'il nous rejoignit. Ses yeux brillaient d'orgueil.
— Un dragon, hein ? Tu as de l'instinct, gamine. Ils sont grands, puissants, respectés... mais aussi dangereux. T'as intérêt à t'accrocher.

Je souris. J'aimais les dragons précisément pour ça : leur puissance, leur mystère, leur part d'ombre.

La nuit tombait lorsque Hagrid nous guida jusqu'à une auberge sombre et poussiéreuse, coincée entre deux grandes bâtisses. Une enseigne grinçait au vent : Le Chaudron Baveur. L'endroit n'avait rien d'accueillant, mais en franchissant la porte, une chaleur étrange m'envahit.

À l'intérieur, des dizaines de regards se tournèrent vers nous. Les chuchotements commencèrent aussitôt. Hagrid discutait avec certains sorciers, mais je n'écoutais pas vraiment. J'étais trop occupée à caresser doucement Kira à travers les barreaux de sa cage.

Ce ne fut que lorsque des mains se tendirent vers Harry pour le féliciter que je relevai les yeux. Tous le regardaient comme une légende vivante. Moi, j'étais invisible... ou presque.

Un homme au turban étrange s'approcha, la voix hésitante :
— Les... Po... Potter. C'est... un honneur... un si grand honneur.

— Professeur Quirrell, dit Hagrid derrière nous. Enseignant à Poudlard. Défense contre les Forces du Mal.

Je n'aimais pas son sourire nerveux, ni son regard fuyant. Quelque chose en lui me mettait mal à l'aise. Harry, lui, paraissait simplement intimidé. Mais moi, je décidai aussitôt de me méfier. Peu importe son titre, je ne lui ferais pas confiance.

Quand il prononça notre nom, soudain, les regards se tournèrent aussi vers moi. Des chuchotements montèrent : on disait que je ressemblais à ma mère, sauf pour mes cheveux noirs, et mes yeux — deux couleurs différentes, l'un héritage de mon père, l'autre de ma mère.

Harry adore mes yeux. Il dit qu'ils me rendent unique. Moi, je me contente de savoir que, quoi qu'il arrive, il est mon pilier. Il tombe, je tombe. Je donnerais ma vie pour lui. Après tout, il m'a déjà sauvé la mienne, ce fameux soir du 31 octobre.

Hagrid, sentant mon malaise face à tous ces regards, nous poussa gentiment vers l'escalier.
— Allez, les gamins. Un peu de repos. Demain, direction la gare.

Et je serrai contre moi la cage de Kira, certaine que ma vie venait de basculer pour de bon.


~Ava Potter~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant