Hagrid

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Les jours qui suivirent furent un vrai cauchemar. Les Dursley, paniqués à l'idée que Harry et moi soyons vraiment des sorciers, avaient décidé de faire comme si les lettres n'existaient pas. Mais elles revenaient sans cesse. Chaque matin, une pluie de hiboux s'abattait sur Privet Drive. Vernon, hors de lui, déchirait les enveloppes avant même que nous puissions les toucher.

Harry et moi nous envoyions des regards complices. Plus il tentait d'empêcher les lettres d'arriver, plus elles redoublaient d'ingéniosité. Dans la boîte aux lettres, sous la porte, dans les fissures de la cheminée... Une véritable armée de parchemins volants assiégeait la maison.

— Ava, souffla Harry un soir, allongé sur son lit. Tu crois qu'ils vont tenir longtemps comme ça ?
— Non, répondis-je, amusée. On finira par en avoir une entière. Ils ne peuvent pas nous cacher la vérité éternellement.

Et je savais que j'avais raison.

Le soir du départ

Tout dégénéra. Vernon, transpirant, les yeux fous, annonça qu'il avait trouvé une solution. Avant que nous puissions protester, il nous entassa tous dans la voiture, direction on ne savait où. La pluie battait les vitres et le vent hurlait. Dudley ronflait à l'arrière, serrant contre lui un paquet de chips, tandis que Harry et moi échangions des regards inquiets.

Nous roulâmes des heures, changeâmes de direction plusieurs fois. Finalement, nous atterrîmes dans un endroit reculé : une cabane en ruines, posée sur un îlot battu par les vagues. L'endroit était glacial, lugubre, et absolument pas fait pour y passer la nuit.

— C'est parfait, déclara Vernon en verrouillant la porte. Pas de lettres ici.

Je levai les yeux au ciel. Il ne comprenait donc pas que la magie trouvait toujours un chemin ?

Minuit approchait.

Harry, recroquevillé sur une couverture miteuse, comptait les minutes en silence. Ses yeux brillaient dans l'obscurité.
— Ava, murmura-t-il. On est le 31 juillet. Dans quelques secondes, j'aurai onze ans.
Je souris et posai ma main sur la sienne.
— Bon anniversaire, Harry.

Mais avant que je puisse ajouter autre chose...

BOUM.

La porte de la cabane trembla sous un coup monstrueux. Dudley sursauta et se cacha sous sa couverture. Vernon bondit sur ses pieds, tremblant.
BOUM. Cette fois, les gonds cédèrent, et la porte vola presque de ses charnières.

Une silhouette gigantesque se découpa dans l'encadrement, emplissant toute la pièce de son ombre. Un homme immense, vêtu d'un manteau trempé de pluie, entra d'un pas lourd. Sa barbe noire descendait jusqu'à sa poitrine, et ses yeux brillaient d'une lueur douce malgré sa carrure impressionnante.

— 'Scusez du dérangement, dit-il d'une voix grave. Mais vous avez deux enfants ici qui attendent une lettre depuis bien trop longtemps.

Je restai figée, le cœur battant à tout rompre. Harry, à mes côtés, n'en croyait pas ses yeux.

L'homme claqua la porte derrière lui, puis sortit de sa poche deux enveloppes de parchemin. Sur chacune d'elles, un nom soigneusement tracé à l'encre verte :

Harry James Potter.
Ava Lily Potter.

— Joyeux anniversaire, Harry, dit-il avec un sourire. Et toi aussi, Ava.

L'homme imposant s'avança dans la cabane, dégoulinant d'eau de pluie. Tante Pétunia poussa un cri étouffé et se recroquevilla derrière Vernon qui, malgré sa carrure, paraissait soudain minuscule face à ce colosse.

— Vous êtes qui, bon sang ?! gronda Vernon, la voix tremblante. Sortez de ma cabane immédiatement !

L'inconnu leva un sourcil, et sans prêter attention à Vernon, se tourna vers Harry et moi. Son regard se fit plus doux.
— Eh bien, regardez-moi ça... Harry, tu es le portrait craché de ton père. Et toi, Ava... tu détiens la beauté de ta mère. 

Je sentis ma gorge se nouer. C'était la première fois que quelqu'un parlait de nos parents autrement qu'en marmonnant à demi-mots ou en détournant le regard.

— Qui... qui êtes-vous ? demandai-je, la voix hésitante.

— Rubeus Hagrid, Gardien des Clés et des Lieux à Poudlard, répondit-il fièrement. Et j'ai été envoyé pour vous remettre ça.

Il nous tendit nos lettres. Harry et moi les prîmes d'une main tremblante. Nos noms étaient écrits avec soin, suivis de notre adresse exacte dans cette fichue cabane. Mon cœur battait si fort que j'avais l'impression qu'il allait exploser.

Harry ouvrit la bouche mais Vernon l'interrompit brutalement :
— Je vous interdis de leur dire quoi que ce soit ! Ces enfants ne retourneront pas dans ce monde de... de dégénérés !

Hagrid pivota lentement vers lui. Ses yeux, qui quelques instants plus tôt brillaient de chaleur, lancèrent soudain des éclairs de colère.
— Dégénérés ?! Vous osez traiter Lily Potter de dégénérée, après tout ce qu'elle a sacrifié ?!

Je sursautai en entendant le prénom de notre mère. Tante Pétunia devint blanche comme un linge, serrant les lèvres avec force.

Harry, lui, osa poser la question que nous attendions tous les deux depuis toujours :
— Mes... nos parents. Qu'est-ce qui leur est arrivé ?

Un silence lourd envahit la pièce. Le feu de cheminée craqua dans l'air humide. Enfin, Hagrid s'agenouilla pour être à notre hauteur.
— Vos parents étaient deux des meilleurs sorciers que j'aie jamais connus. Ils sont morts en vous protégeant... la nuit où Vous-Savez-Qui est venu.

Je sentis mes yeux se remplir de larmes. Harry resta figé, incapable de parler.
— Mais... comment ? soufflai-je.

— Voldemort, dit Hagrid d'une voix sombre. Un des plus puissants mages noirs de tous les temps. Il a essayé de vous tuer tous les deux. Mais, allez savoir pourquoi... il a échoué.

Ses yeux se posèrent sur la cicatrice en forme d'éclair de mon frère.
— C'est ce qui t'a laissé cette marque, Harry. Et Ava... toi aussi, tu as survécu. Mais il n'a pas réussi à vous briser.

Je déglutis avec difficulté. Tout ce que je croyais savoir venait de s'effondrer.

Vernon tenta une dernière fois de reprendre le contrôle :
— C'est assez ! Ces enfants n'iront nulle part !

Mais Hagrid eut un sourire mauvais.
— C'est pas vous qui décidez.

Et d'un geste brusque, il pointa son parapluie rose vers Dudley, qui s'empiffrait de biscuits dans un coin. Une étincelle jaillit, et soudain, un grognement aigu remplit la pièce : une queue de cochon se tortillait au bas de son pyjama. Dudley hurla, se roulant au sol.

Je portai mes mains à ma bouche, entre horreur et hilarité. Harry, lui, éclata de rire pour la première fois depuis longtemps.

— Oh, et avant que j'oublie, ajouta Hagrid en se relevant, vous deux êtes attendus à Poudlard. Une école de sorcellerie. C'est là que vous apprendrez à contrôler vos dons. Et croyez-moi... vous avez un sacré potentiel.

Je crois que c'est à ce moment-là que j'ai vraiment compris : notre vie venait de basculer à jamais. 



~Ava Potter~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant