L'élue

Télépathie ?

Je n'eus pas fermé les yeux depuis dix minutes qu'une couverture se posa sur mes épaules. Je perçu la présence de Thorin tout près de moi, et me releva. Il était grand temps qu'on est une petite conversation, lui et moi.

-Vous le sentez-vous aussi n'est-ce pas ? Demandai-je, dans un murmure.

-Je ne vois pas de quoi vous parlez. Mentit-il.

-Menteur. Vous savez très bien de quoi je parle. Répliquai-je.

-Vous savez que cela peut être punis de mort d'avoir traité de menteur son roi ?

-Vous n'êtes pas mon roi. Et je déteste quand on répond à une question par une autre question. Alors le sentez-vous oui ou non ?

Le silence sembla s'éternisait. J'entendis un bruit sur ma droite. Je compris que Thorin essayais de se lever. Je me retournai, et le tirai par la main pour qu'il se rassoit. C'est ce qu'il fit, et je plantai mes yeux dans les siens. Je ne lâchai pas sa main, et alla jusqu'à prendre l'autre. Il me regardait comme s'il allait me frapper ou m'embrasser, au choix. Même mon examen approfondi de ses yeux ne me dit pas vers quoi il penchait.

-Là. Ne me dite pas que vous ne sentez rien ?

Il ne dit pas un mot. Une de ces mains se sépara de la mienne, et vins se poser sur la joue. Sa respiration devint encore plus saccadée si c'est possible. La question, posé par une voix rauque, fusa :

-Vers qui va votre loyauté ?

La réponse fut tout aussi rapide :

-Moi-même.

Thorin continuait de me caresser la joue.

-Comment faire confiance à quelqu'un qui peut vous fausser compagnie à tout moment, et qui n'est loyale qu'à elle-même ?

La question ne m'était pas directement adressée, c'était plutôt une question rhétorique, mais il me paraissait évident que je devais répondre.

-Suivez votre cœur. L'instinct est souvent le meilleur indicateur de ce qu'on doit faire.

Ses yeux, qui s'étaient détournés, revinrent vers moi. Il se pencha vers moi, et avant que je n'aie eus le temps de me détourner, m'embrassa avec passion. La surprise me cloua sur place. Depuis quand Thorin... ? Je n'eus pas le loisir d'approfondir la question, car au fur et à mesure que Thorin approfondissait son baiser, toutes pensées cohérentes m'abandonnaient. Des souvenirs me revinrent en mémoire : un baiser de Voyin, cette soirée au lac, mon arrivée à Fondcombe, mon enfance à la taverne, la première fois que je vis Thorin, mes sentiments contradictoires à son intention. Puis mes souvenirs devinrent tout à fait différents, et plus flou aussi, juste des réminiscences. Je voyais une montagne, un trésor, une pierre et du feu, tellement de feu. Thorin s'écarta de moi soudainement :

-C'est privé ! S'exclama-t-il.

-Pardon ?

J'étais encore totalement bouleversé par le baiser qu'il venait de me donner et j'avais du mal à remettre mon cerveau en marche.

-Ne fouillez plus jamais dans mes pensées comme ça ! Rugit-il

J'avais accédé à sa mémoire ? Ces souvenirs n'étaient pas les miens ! Ce qui voulait dire...

-Vous avez vu les miens ?

Son regard fut suffisamment éloquent. Je m'arrachai de l'étreinte dans laquelle il m'avait enfermé, et me dirigea vers l'autre bout de la cellule, furieuse, envers le roi nain sans raison précise, et envers moi pour avoir trahis Voyin. Je me recouchai et tomba dans un sommeil agité.