Souvenirs...

753 51 3
                                    

J'arrivai enfin dans ma chambre et souris en regardant l'état de mes habits : la tunique verte que j'avais emprunté à Melin était en lambeau, mon pantalon en cuir quoique plus résistant était lui aussi troué par endroit. J'enlevai ma tunique et regardai mon corset. Comme je m'y attendais il n'avait pas une égratignure. Je retirai le reste de mes habits en grimaçant de douleur. Ils ne m'avaient pas loupé ! De nombreux bleus s'étalaient sur mes côtes et la griffure que m'avait fait l'orc était toujours aussi rouge. M'approchant du miroir, je ne regardais plus mes blessures mais les tatouages qui ornent mon corps. J'en avais plusieurs et chacun me rappelait un souvenir plus ou moins bon. Je me laissai alors aller à mes pensées et me remémorai mon enfance avant d'arriver à Fondcombe.

J'avais été élevé dans une taverne, par le dirigeant M. Orme et sa femme. Mes parents m'avaient laissés devant la porte un jour d'orage et je n'avais aucun souvenir d'eux. M. Orme ne savait pas non plus qui ils étaient mais il n'avait pas tardé à découvrir que je n'étais pas humaine. Pas entièrement du moins. Dès mon plus jeune âge je travaillais dans les cuisines avec Ben mon « frère ». M. Orme a toujours été, si ce n'ai gentil, tout du moins correct avec moi. Il ne m'a jamais frappé et faisait attention à moi. Pourtant je n'étais pas facile : plus d'une fois je répondais de travers au clients et je m'enfermais de longues heures dans ma chambre pour apprendre à lire avec Ben. Plus je grandissais, plus les gens me voyaient différemment : il faut dire que je ne passais pas vraiment inaperçue, outre mes oreilles pointues que j'essayais de cacher le plus possible j'avais des cheveux roux et des yeux de différentes couleurs. Puis un jour, M. Orme vient à mourir. Ce fut sa femme qui repris l'auberge et ma vie fut différente. Mrs Orme me frappait souvent pour mon impolitesse et le fait que je ne travaillait pas assez vite. Je ne pouvais plus voir Ben, sur qui j'avais soit disant une mauvaise influence. Je dû devenir serveuse-et danseuse- et le rôle ne me convenait absolument pas. Un jour où j'en avais eu assez des mains baladeuses et des remarques sur mon passage je me décidai à partir. Il me fallut une petite semaine pour préparer mes bagages. Je savais plus ou moins ce que j'allais faire: un soir d'affluence j'allais voler un cheval et partir vers la Comté. On m'a dit que les hobbits étaient des gens charmants et je m'étais dis que je pourrais peut être rester là-bas quelques temps. Tout ne tourna pourtant pas comme prévu. Le soir de mes 15 ans, une dizaine de mercenaires attaquèrent le village où je me trouvais. On disait qu'ils cherchaient une elfe rousse. Tout le monde ayant bien sûr tout de suite pensé à moi je dû me résoudre à partir un peu plus tôt que prévu. J'étais en train de voler un cheval quand un mercenaire me tira par la cheville. Il aurais réussi à m'enlever si un jeune homme blond ne lui avait pas tiré une flèche en pleine tête à ce moment là. Il me cria de prendre le cheval et de le suivre. N'ayant pas d'autre choix je lui obéis. Pendant longtemps je restai avec cet homme qui m'avait sauvé. Il refusa de me donner son nom même après plusieurs années c'est pourquoi je l'appelai toujours Voyin. Pour ma part je changeai mon prénom « Myrcella » pour un nom qui me plaisait plus. Je devins donc Azaël. Nous restâmes pendant longtemps dans les bois autour de Bree avec Voyin. Il m'apprit à chasser et à tirer à l'arc. Il m'appris également à me battre et à me servir de dagues. Les mercenaires nous traquaient toujours alors on teignait nos cheveux pour passer inaperçue et on se faisait passés pour des frère et sur orphelin quand on devait traverser un village. Nous nous dirigeâmes alors plus vers les montages. Voyin cherchait Fondcombe pour une mystérieuse raison. Mais les temps devinrent plus sombre et nous dûmes nous cacher beaucoup plus, plus uniquement des mercenaires mais aussi des orcs et d'autres créatures qui commençaient à passer les montagnes. Je devins alors une vrai guerrière et je me battais maintenant avec toujours plus de férocité. Plus les années passaient plus nous étions proches avec Voyin. Celui que j'avais toujours vu comme mon grand frère commença à m'inspirer d'autres sentiments. Voyin me fit faire un corset en cuir si solide que je l'ai encore aujourd'hui. Il m'appris aussi à sculpter le bois, et m'aida à confectionner mon arc. Voyin et moi avions l'habitude de nous tatouer lorsque une étape de la vie était franchie : j'avais une flèche entre les seins pour la première fois que j'avais tué un adversaire, une feuille sur mon pied pour ma première crème de soin à base de plantes ainsi que plusieurs runes sur mes bras. J'avais également une lune autour de mon nombril pour ma première fois. Le soir où Voyin me traçait le tatouage, une bande de mercenaire nous prîmes au piège. Nous en tuâmes la plupart mais ils arrivèrent quand même à nous faire prisonniers. Un nouveau tatouage orna alors mon épaule : un E marqué au fer rouge. J'étais devenue une esclave. Je dû restée peut-être une dizaine de jours sous leurs ordres. Voyin et moi échafaudâmes un plan pour partir mais il tourna mal. Voyin fut gravement blessé. Jessayai tant bien que mal de le soigner mais il finit par mourir. Dans son dernier souffle il me demanda de prendre ses dagues et de trouver le Seigneur Elrond à Fondcombe. Je l'enterrai sous un saule pleureur, son arbre préféré. La première chose que je fis après fut de me tatouer une larme sur les doigts:pour la première fois que j'avais perdu un être cher. Je partis vers Fondcombe et trouva Elrond qui me pris sous son aile. Il m'appris à être une jeune femme cultivée et de bonne compagnie.Ce ne fut pas facile car outre mon tempérament fougueux, cela faisais 5 ans que je ne vivais en compagnie de personne d'autre que Voyin. Elrond fut plus réticent quand je lui parla de ma passion pour les armes et le combat. Il m'interdit de me battre et je commençai ainsi à lui désobéir. Je ne me suis fait qu'un seul véritable ami, Melin, qui me rappelle un peu Ben. Et je retourne souvent au lac où j'avais passé ma dernière véritable soirée avec Voyin malgré l'interdiction d'Elrond. Même si cela fais cinq ans que je suis à Fondcombe, Elrond ne veut toujours pas que je sorte et que je mentraîne. Et même après cinq ans le souvenir de la mort de Voyin reste encore douloureux.

L'élue Où les histoires vivent. Découvrez maintenant