L'élue

Tir à l'arc et révélations

Les jours qui suivirent se ressemblèrent tous. J'allais chasser le matin, je lisais dans l'après-midi et continuais mon entraînement le soir. Elrond ne me posait pas de question tellement il était occupé à veiller à ce que les nains ne fassent pas de bêtises. Pour ma part, et contrairement aux autres elfes, je les trouvais plutôt agréables et ils changeaient du quotidien monocorde que j'avais connu jusqu'à là. Je vins même à apprécier la compagnie du hobbit et de Gandalf, qui partageaient avec moi l'amour des livres. Un jour, quelques temps après l'arrivée des nains, je proposai à Melin de lui apprendre le tir à l'arc. Je connaissais un plateau pas très loin de là où personne ne nous verrait. D'abord réticent, il finit par accepter. Nous partîmes tôt dans la matinée pour arriver à la clairière avant l'aube. Melin n'était pas très rassuré-je crois bien que c'est le seul elfe peureux que je connaisse-car nous dûmes passés par les bois de nuit. Il n'arrêtait pas de me dire que c'était pas très prudent avec l'attaque que j'avais subie quelques jours auparavant et qu'il y avait beaucoup de bruits bizarres. Le soleil se levait tout juste lorsque nous arrivâmes. Je posai mon arc et mes flèches, ainsi que mes dagues dans un coin et commençai à m'échauffer. Ça faisait tellement longtemps que je n'avais pas fait un échauffement si complet. Je le fis exactement comme Voyin me l'avait appris, et je sentis tous mes muscles travailler. Ça faisait tellement du bien, avec le soleil qui se levait sur ma peau que j'en avais oublié la présence de Melin. M'en rendant compte, je lui expliquai comment s'échauffer doucement mais avec efficacité. Le pauvre elfe n'était pas un guerrier, consacrant sa vie à la musique et aux livres et cela devait être la première fois que je le voyais faire du sport. Malgré ça, il restait un elfe et là où j'avais mis plusieurs mois pour arriver à faire un mouvement correctement il lui suffisait de me voir le faire une fois pour qu'il le reproduise à la perfection. Sur ce, je me décidai à essayer le corps à corps. Encore une fois, il apprenait très vite et même si j'arrivais à le mettre à terre sans aucun effort, je voyais à quel vitesse il comprenait et anticipait. Je maudissais le fait de n'avoir tirée de ma mère-ou de mon père, je ne sais pas lequel est humain et lequel est un elfe-que l'aspect physique et ne pas avoir cette facilité que tout les autres elfes semblaient avoir. Il souriait et semblait beaucoup s'amuser. Je lui expliquai alors comment se battre avec des dagues. Là encore, il lui suffit de me voir une fois, réalisant une chorégraphie mortelle avec mes lames, pour que lorsque je les lui passai il refasse la même chose. Il était certes moins expérimenté que moi, et même si certaines fois il a oublié un mouvement ou avais la garde trop haute ou trop basse, il restait excellent. Je le regardais se mouvoir avec facilité, et encore une fois mes pensées divaguèrent vers Voyin. Il était lui aussi un excellent guerrier, et m'avait tout appris. Je me rappelle encore la première fois qu'il m'avait appris à me battre. J'étais tellement vexé d'avoir mordu la poussière cinq fois de suite que je l'avais attaquer pendant qu'il était encore en train d'ajuster ses lanières de cuirs qui tenaient son arc. J'étais arrivée à le faire tomber et il avait beaucoup ris, en disant que je comprenais vite et que le meilleur moment pour attaquer c'est quand son adversaire s'y entendait le moins. J'avais dû rester là à rêvasser pendant de nombreuses minutes lorsque Melin m'appela pour qu'on essaye le tir à l'arc. Je sortis l'arc que j'avais volé dans l'armurerie. En effet, personne d'autre que moi-même n'avait le droit à toucher à mon arc. Je l'avais fait toute seule et j'étais la seule-bon Voyin aussi mais ce n'était pas pareil-à n'avoir jamais tiré avec. Mon arc avait été, au fil des années, sculpté de plus en plus. Au départ je n'avais gravé uniquement mon initiale et celle de Voyin. Mais maintenant l'arc semblait prêt à se casser tellement il était sculpté fin. Des branches se croisaient sur tout l'arc et le rendaient magnifique. Je choisis comme cible un tronc d'arbre à une vingtaine de mètre de là. Je commençai par montrer à Melin le fonctionnement de l'arc, les flèches, la façon dont il fallait le tenir. Puis je lui fis une petite démonstration. Je pris mon arc, reculai encore de quelques pas et tira en plein dans la pomme que j'avais précédemment placé sur la souche. Malgré son habilité, Melin n'était pas capable de reproduire le moindre de mes gestes. J'avais toujours était douée avec un arc, c'était presque instinctif. Je n'avais jamais eu besoin de me forcer, la flèche attend toujours sa cible. J'avais l'impression de sentir l'air autour de la flèche lorsque je la tirai, j'avais l'impression de maîtriser le tracer de ma flèche même une fois que j'avais tiré. C'était parfait. Je ne vis pas le temps passer et je ne rendis même pas compte que j'avais fermer les yeux. Quand je les rouvris, ce fut pour voir Melin étalé par terre, qui me regardait tirer avec un sourire béa aux lèvres.