Chapitre 7♟

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Je franchissais la porte d'entrée et pénétrai à l'intérieur de la maison, à la fois perplexe et excitée, la main refermée sur le bout de papier que Benny m'a laissé, après y avoir inscrit les informations me permettant de pouvoir le joindre avant qu'il ne rentre chez lui. Il m'a précisé qu'il s'en allait dimanche, je n'avais donc qu'une petite journée pour décider si je faisais partie du voyage ou non.

Je montai directement dans ma chambre sans un mot ni regard envers quiconque et, sans aucune grâce, m'étalai sur le lit. Je fixai nerveusement le numéro que le joueur d'échecs m'avait donné en tentant de rassembler mes pensées entremêlées à cause de la surprenante proposition.

Qu'irais-je donc faire à New York ? Est-ce que du changement serait favorable pour ma santé mentale ? Combien de temps allais-je y rester ? Ce ne serait probablement que pour une semaine ou deux tout au plus, avant que je ne revienne pour les fêtes de fin d'année.

Quand bien même, mes parents me laisseront ils y aller sans essayer de m'en dissuader ? Certes, je n'étais plus une enfant mais je doutais qu'ils n'essaient point de me retenir un minimum. J'étais parfois capable de faire preuve d'impulsivité et d'imprévisibilité, de plus, ma fragilité psychologique n'arrangeais rien. Je savais qu'il arrivait à mes parents de faire des messes basses à mon sujet. J'ignorais de quoi ils parlaient exactement mais une fois, alors qu'ils discutaient ensemble, ils se sont immédiatement tu suite à mon apparition dans la pièce.

Deux coups frappés à la porte, me firent sortir de mes réflexions et ma première réaction fut de cacher le morceau de papier à l'intérieur du tiroir de ma table de nuit.

-Je me disais que tu pourrais porter ta robe à fleurs pour demain, déclara ma mère en me rejoignant, sans même avoir attendu que je lui signifie qu'elle pouvait entrer.

"C'est vrai qu'elle est chez elle après tout mais alors à quoi cela sert-il de toquer dans ces cas-là?" pensais-je en me retenant de lui faire la remarque.

-De quoi tu parles ? questionnais-je un peu confuse face à ses propos.

-Du repas de demain organisé par ton père voyons ! Ne me dis pas que tu avais oublié, soupira-t-elle

-Je m'en rappelle, j'avais simplement l'esprit ailleurs, désolé.

-Ça ne fait rien. Tu as passé une bonne après midi ? demanda-t-elle, se radoucissant en se rendant compte qu'elle ne m'avait encore posé aucune question.

-Oui merci mais le tournoi est terminé maintenant, j'aimais bien y assister alors je suis un peu triste.

Ma mère passa son bras sur mes épaules, dans un geste réconfortant et compatissant.

-Je comprends, je suis sure que tu auras de nouveau l'occasion d'assister à des matchs de ce genre, ne t'inquiète pas.

-Tu as raison, merci maman, répondis-je pour lui montrer que j'étais reconnaissante de sa présence et de son soutien.

Elle était incapable de comprendre que cette semaine avait été spéciale pour moi car elle ignorait ce que j'avais vécu durant ce temps-là. Ces bons moments que j'avais partagés avec Benny et ce sentiment de bonheur intense qui avait débarqué, alors que je croyais ne plus jamais être capable de ressentir cela de la sorte.

Depuis mon accident, j'avais l'impression que les gens m'observaient avec de la peine mêlée à une sorte d'insupportable pitié.

Benny, lui, il m'avait traité comme une personne "normale" et bon sang que cela m'avait fait du bien ! Au travers de son regard, je n'étais point la pauvre rescapée avec qui il fallait être patient et indulgent mais simplement son ancienne voisine retrouvée.

Échecs et Romance ➡ (Benny Watts)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant