Chapitre 10♟

1.5K 97 107
                                    

La magie du baiser fut interrompue par notre manque de souffle respectif. Je repartis presque aussitôt à l'assaut de ses lèvres, comme avide de son contact et désireuse d'y gouter à nouveau. Je me rétractais lorsque je sentis sa main passer sous mon haut et imposa finalement un petit écart entre nous.

-Désolée, je ne suis pas prête...à aller aussi loin, déclarais-je d'une voix fluette, les yeux rivés sur le sol.

-Je comprends. Je n'ai aucune envie que tu t'imagines que je t'ai invité dans le but de coucher avec toi, dit-il sérieusement

-Cette idée ne m'a jamais effleurée et rien n'a changé, si c'est ce qui te préoccupe, répondis-je vivement pour le rassurer.

-Tant mieux alors.

-Le film est terminé et il se fait tard...on devrait peut-être aller dormir, suggérais-je timidement.

-Tu as sans doute raison.

-Bon, je vais préparer mon matelas, annonçais-je en me levant.

Benny fit de même tout en ayant un sourire en coin, avant de hocher négativement de la tête. Je ne comprenais pas vraiment ce que cela signifiait, jusqu'à ce qu'il m'attrapa gentiment la main et m'entraina vers sa chambre avec douceur.

-Tu peux dormir ici, le lit est bien assez grand et ce sera beaucoup plus confortable, commença-t-il. Évidemment, tu es libre de faire comme tu veux, c'est simplement une proposition, termina-t-il d'une voix chaude et empreinte de bienveillance, après avoir lâché ma paume.

-Si tu es sûr que ça ne te pose aucun problème...

-Je t'assure que non.

Je me demandais ce qui m'arrivait car je n'étais pas du genre à passer la nuit avec un homme de la sorte, peu importe le contexte, mais à l'heure actuelle, je mourais d'envie de me sentir physiquement proche de lui. Une partie de moi me disait que ce n'était point convenable mais l'autre, qui désirait fortement de la chaleur humaine, était bien plus puissante.

Je commençais à ouvrir les draps pour me glisser à l'intérieur, afin de montrer à Benny que je m'étais décidée.

-Je vais aller me changer, je reviens, déclara-t-il tout en emportant des vêtements hors de la pièce.

Il revint quelques instants plus tard et s'allongea à mes côtés, seule la lampe de chevet illuminait la chambre et sa faible lueur rendait l'atmosphère apaisante. Tout d'abord, une certaine distance et pudeur s'étaient instaurés entre nous. Je pressentais qu'après mon refus, il craignait d'avoir un geste susceptible d'être mal interprété. Je me décidai donc à lui faciliter la tâche et effaçai une certaine distance entre nous, en me rapprochant timidement.

Ses prunelles sombres me fixaient avec attention, comme s'il voulait me sonder et fouiller mon esprit. J'étais sur le point de me détourner, ayant la curieuse impression qu'il serait capable de lire en moi si je continuais à le laisser m'envouter de la sorte, mais il finit par diriger sa vision sur un point situé au niveau de mon épaule droite.

Je me figeai sur place, comprenant que trop bien ce qu'il avait remarqué. Du bout de son doigt, il effleura la partie visible de ma cicatrice qui ne se trouvait pas sous le tissu de mon pyjama. Je le laissai faire, comme si cela n'avait aucun impact, mais le fait qu'il me touche à cet endroit réveilla brusquement le souvenir passé de la douleur de cette plaie, qui m'avait marqué à jamais. Je me retrouvais dans l'incapacité de retenir l'émotion que j'éprouvais. Je repensais non seulement à ça et à mon amnésie qui m'avait fait me sentir stupide, mais aussi à la discussion entre mes parents qui subitement désiraient me marier à un parfait étranger, puis également à ma fuite ainsi que mes doutes concertant l'avenir.

Échecs et Romance ➡ (Benny Watts)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant