Échecs et Romance ➡ (Benny Watts)

Chapitre 3♟

Je me réveillai brusquement dans le noir, complètement paniquée et en sueur. Une fois que j'ai pris conscience que j'étais dans mon lit, en sécurité, je m'efforçai de me rassurer et de calmer les fortes pulsations de mon cœur, tambourinant contre ma poitrine.

"Bordel, encore ce foutu cauchemar qui revient, ça faisait longtemps." pensais-je de façon ironique, en me concentrant afin d'apaiser ma respiration pour qu'elle redevienne normale.

Je balançai mes couvertures sur le côté avant d'appuyer sur le bouton servant à allumer ma lampe de chevet. Je passai ma main dans le tiroir du petit meuble et en extirpa ma boîte de médicaments, qui servait à calmer l'anxiété, ainsi que l'angoisse qui me rongeait quelquefois les entrailles.

Il était fortement improbable de me croiser sans que je conserve ses calmants à proximité. La plupart du temps, ils n'étaient jamais bien loin de moi, tout comme je me trouvais impossiblement bien loin d'eux.

Je me levai dans le but d'atteindre la salle de bain, en essayant de faire le moins de bruit possible. Apparemment je n'avais pas crié dans mon sommeil, ce qui était déjà en quelque sorte, une chose favorable.

Je me penchai au dessus du lavabo et laissai l'eau m'aider à ingurgiter mon cachet. J'en profitai également pour m'en passer sur le visage. Sur son verre impeccablement nettoyé, le miroir me renvoyait mon reflet fatigué. Dans ces instants-là, j'aurais pu jurer avoir vieilli en à peine quelques heures.

Ce que je vivais présentement, contrastait vivement avec la journée précédente. Voilà la raison pour laquelle je tâcher de vivre au jour le jour sans prendre mes moments de bonheur pour acquit. Je n'étais pas stupide, j'avais pleinement conscience d'aller mieux dans l'ensemble, mais je savais aussi qu'une partie de moi ne serait plus jamais pareille et que je n'avais d'autres choix que de l'accepter.

Il était agaçant et frustrant de se rendre compte que certains de mes souvenirs s'étaient évaporées ,alors que mes songes me ramenaient sans cesse à la partie que j'aurais préférée oubliée. Dans la vie, on ne contrôle rien, on est souvent obligé de faire face et de subir ce dont on désire le plus esquiver.

Durant mon sommeil je revoyais ces gens, je ressentais de nouveau cette terrible onde de choc qui secouait tout mon être, puis les cris d'horreur qui succédaient et m'abimaient les tympans. Arrivait alors le grand final, l'atroce spectacle du chaos mêlé au gâchis que je me retrouvais à contempler malgré mon immense envie de ne pas y assister.

À chaque fois, la spirale était sans fin, rien ne changeait et tout était pareil au détail prés. Le scénario se répétait jusqu'à ce que je me réveille tremblante, au creux de mes draps.

J'écartais mes pensées de ce mauvais rêve, ça ne servait à rien de revenir indéfiniment là-dessus, à part me faire du mal.

Après avoir repris mes esprits, je retraversai le couloir sur la pointe des pieds, me glissa sous ma couette et, mis moins de temps à me rendormir que ce que je prévoyais.

À la suite des premières lueurs du jour, qui annonçait une météo riche en bourrasques de vent, je me retrouvais mélangeant la pâte, au poste de cuisinière.

Préparer à manger n'était, dans l'ensemble, pas mon fort, mais lorsqu'il s'agissait de faire des gâteaux, c'était différent. J'étais la première à sauter sur l'occasion.

Quoi de mieux que de préparer un Cake au chocolat pour Charlotte ? Je savais que ça lui ferait plaisir et par la même occasion, ça contribuait également à mon bonheur.

Charlotte est ma plus "vieille" amie. On s'est rencontrées sur les bancs du lycée lors de notre première année. Étant dans une situation similaire ; Nous étions nouvelles toutes les deux et nous ne connaissions personne, il ne fut donc pas difficile de nouer contact.