Échecs et Romance ➡ (Benny Watts)

Chapitre 9♟

Je gardai mes yeux clos quelques instants après avoir émergé du sommeil. L'oreiller sur lequel je reposais me paraissait tout à coup d'un confort prodigieux. Le doux pépiement d'un oiseau qui devait se trouver proche de la fenêtre, parvenait à mes oreilles ainsi qu'un son que je reconnaissais bien désormais ;

Celui des pions se déplaçant sur un échiquier.

-Quel heure est-il ? demandais-je d'une petite voix ensommeillée.

-Hum, je dirais qu'il doit désormais être dans les alentours de 10 h, répondit-il sans réaction.

Je me redressai d'un bond, tellement rapidement que des étoiles dansèrent dans mon champ de vision pendant quelques secondes.

-10h ?! Comment se fait-il que je ne me sois pas réveillée avant ?! Je me suis endormie assez tôt et j'ai rarement dormi autant !

-C'est surement que tu en avais besoin.

-Décidément, je ne fais que te ralentir. Heureusement pour moi, tu n'as pas l'air trop pressé, soupirais-je vraisemblablement soulagée qu'il n'ait aucun rendez-vous urgent auquel il devait assister, à New-York.

-Je t'ai déjà dit d'arrêter de t'en faire. Au fait, j'ignore ce que tu manges pour le petit déjeuner mais je t'ai pris de quoi te remplir l'estomac, déclara-t-il tout en se retournant, avant de me tendre un sachet qui semblait provenir d'une boulangerie. Tu veux du café?  Renchérit-il après que je me sois emparé de ce qu'il me tendait.

Je répondis par la négative avant d'inspecter l'intérieur du sachet et tombai nez à nez avec une part de cake au chocolat, que j'affectionnais.

-Benny, tu viens officiellement de faire une heureuse avec cette pâtisserie, dis-je avec enthousiasme.

-Tant mieux, je t'avoue que j'ai hésité mais je me suis dit que c'était sans doute le meilleur choix et comme d'habitude, j'ai visé juste on dirait, se complimenta-t-il avec tout le culot dont il était capable de faire preuve.

Je levai les yeux au ciel, sachant pertinemment qu'il ne se rendrait pas compte de mon expression faciale car son attention n'était aucunement focalisée sur ma personne à cet instant. J'avais beau dire mais malgré tout, sa fâcheuse tendance à se lancer des fleurs ne m'agaçait plus autant qu'auparavant.

Benny n'attendait apparemment plus que moi pour quitter le motel et j'eus donc la décence de me hâter pour me préparer afin qu'il n'ait pas à patienter encore plus longuement, même s'il semblait avoir de quoi s'occuper.

On rendit donc les clefs de notre chambre avant de s'engouffrer de nouveau dans la voiture. Dehors, le soleil était de sorti et il restait peu de temps avant d'arriver chez Benny, car nous avions déjà effectué le plus gros du trajet. Je me sentais en forme et un rien suffisait à me mettre de bonne humeur.

J'aimais ces journées-là, celles où l'on arrivait à voir de la beauté partout autour de nous et où l'on avait la sensation que notre esprit était plus léger, ainsi que le sentiment d'être en harmonie avec tout ce qui nous entourait.

Lorsque l'on atteignit enfin New York, je ne savais plus ou donner de la tête. J'observais avec curiosité et fascination, ses immenses buildings et édifices qui me donnaient l'impression d'être minuscule. La ville grouillait de vie, partout les rues étaient remplies de passants pressés d'atteindre leur destination. On se retrouvait emportés au milieu des bruits des klaxons, mêlés au brouhaha des gens. En roulant près d'un parc, je vis des enfants se courir après et chahuter sous l'œil attentif de leur mère. Je me pressai contre la vitre, comme si je ne voulais rater aucune miette de ce qui était offert à m'a porté. Tout paraissait si vaste et vivace que cela m'intimidait. Il était certain que cela me changeait comparé au quartier calme que je côtoyais habituellement.