Échecs et Romance ➡ (Benny Watts)

Chapitre 2♟

La soirée s'est déroulée des plus banalement possibles.

Je venais à peine de franchir le perron que ma mère, Emma, a fait mine de me questionner innocemment à propos de ce que j'avais accompli durant l'après-midi.

Elle savait parfaitement qu'elle devait me laisser faire ma vie et avoir mon espace personnel, ça lui arrivait donc de ne pas me poser de questions, avant que je décide de lui parler de mon propre chef. Quelques rares fois aussi, elle ne disait rien. Elle me demandait simplement si j'allais bien.

De toute façon, je n'allais pas souvent me balader seule depuis ma sortie de l'hôpital spécialisé à l'intérieur duquel, je me suis retrouvé après ma perte de mémoire.

J'ai du vivre dans cette institution durant des mois et je n'ai pu revenir chez mes parents que très récemment.

Mon état semblait s'être stabilisé et mon traitement avait l'air de fonctionner.

Suite à certaines tragédies, il est rare qu'il faille juste soigner le physique. Le mental en prend souvent un sacré coup également.

Je lui ai donc raconter ce qui s'était passé, mais elle a bien vite décroché, lorsque j'ai commencé à entrer dans les détails des pions et de l'échiquier.

Bon soit, au moins elle avait fait l'effort d'écouter le début de mon récit.

Cependant, j'avais bien vu qu'elle se demandait ce qui m'était passé par la tête, pour avoir pu penser à me distraire de cette façon. J'imagine que de son point de vue, il y avait d'autres manières plus utiles d'utiliser son temps libre.

Quant à mon père, David, il n'avait pas essayé d'entamer une réelle conversation avec qui que ce soit. En entrant du travail, il s'était drapé dans son mutisme, ne levant que rarement les yeux de son journal. J'avais vite appris que ce comportement signifiait qu'il avait passé une dure journée et qu'il valait mieux lui ficher la paix.

Il ne fallait pas se méprendre pour autant, sa façon d'être à cet instant ne le résumait pas entièrement.

C'était un homme qui aimait ma mère et qui avait tout fait pour que notre famille ne manque de rien. Il était certes, peu démonstratif en matière de gestes affectifs et parfois rigide, mais je trouvais qu'il n'avait pas un mauvais fond.

Il m'avait, par exemple, offert quelques présents pour fêter mon retour et je me rappelle m'être sentie touché et émue par cette gentille initiative.

Suite au Diner, je suis allée me relaxer en prenant un bon bain puis après en avoir fini dans la salle d'eau, je me suis dirigé vers ma chambre.

J'aimais extrêmement cette pièce que je considérais comme mon refuge. Du beige crème recouvrait les murs de la chambre, qui étaient également ornés de quelques images, ayant été pour la plupart découpées dans des magazines .De plus, on pouvait aussi y trouver certaines photographies, chères à mes yeux, juxtaposer les unes aux autres.

On y percevait un lit à baldaquin dont la tête était situé contre le mur Ouest, près de la fenêtre. À la droite du matelas, sur lequel était déposé une douillette couverture blanche ornée de fleurs, on y trouvait une petite table de nuit en bois, avec une lampe de chevet qui trônait dessus.

Sur le sol, devant le meuble, il y avait un tapis sur lequel quelques livres non rangés étaient disposés en forme de pile.

Au mur parallèle à celui qui possédait une fenêtre, il y avait un bureau avec divers objets dessus comme par exemple, une machine à écrire ou encore une platine à Vinyles.

Pour finir, on pouvait y voir une armoire contenant ma garde-robe, ainsi qu'un meuble de taille moyenne, avec des étagères sur lesquelles des livres et des 33 tours étaient soigneusement rangés.