Gon x Killua : Tu es la Lumière.

33- Tueur.

Il y a plus de dix-huit ans.

Illumi

- Je te parie cinquante-mille que ce sera une fille ! Une petite aux cheveux et aux yeux noirs, comme nous ! me dit Miruki, d'un air idiot, son nouveau portable à la main.

Une fille, hein...

- Miruki, as-tu bien effectué tes commandes d'aujourd'hui ?

- Grand frèreuuu ! Tu peux pas me lâcher la grappe avec les commandes ? Aujourd'hui est un grand jour, tout de même ! me dit-il de sa voix aigüe, se tortillant par terre.

Un grand jour ?

Et pourquoi est-ce qu'aujourd'hui serait un grand jour ?

Nous allons bientôt rencontrer un nouveau servant de la volonté des Zoldyck, rien de plus.

J'observe mon petit frère pianoter au clavier de son énième téléphone, assit sur le sol glacé de notre couloir s'étendant à perte de vue, même pas fichu de rester quelques minutes sur ses deux jambes.

- Pourquoi n'y a-t-il aucun intendant ici ? On est totalement seul dans ce couloir, ça fait froid dans le dos... se plaint-il.

Je lève les yeux, afin d'atteindre le haut de cette immense barrière faite d'ébène, aussi sombre et énigmatique que mon regard noir, gravée en sa surface de tous les noms des majestueux membres de la dynastie Zoldyckienne.

Ces deux portes colossales, renfermant un lieu sacré, nous séparent tels de viles miséreux de nos parents, des personnels soignants les plus renommés de la surface de la Terre, et de ce nouvel assassin pour l'instant anonyme, ayant goûté pour la première fois à l'air maussade de ce monde cruel et impitoyable.

Miruki, situé à quelques centimètres de cet autre côté du monde attend avec impatience d'apercevoir le nouveau-né. Son regard navigue, hésitant entre son appareil électronique, ce à quoi il est addict depuis son plus jeune âge, et une toute autre chose, inédite pour lui.

Une chose, un moment, un instant, matériel et authentique, qui diffère de tout ce monde virtuel d'une imposture inouïe auquel il aspire et s'adonne lors de son temps libre.

Tout n'est que mensonge.

Ces écrans, ces jeux, ces victoires gagnées, ces messages échangés, cette vie abstraite, vécus par le biais de fenêtres numérisées demeurent et demeureront intouchables, inaccessibles, amovibles, et aveuglants.

Tout n'est que tromperie.

Rien de ce monde n'est attrapable.

Et il le comprendra.

Un jour.

Mais il sera trop tard.

Il sera trop tard pour le sortir de toute cette torpeur, et de ce mensonge d'un goût amer ayant animé sa vie.

Il s'y est enfermé.

Il s'est remplié sur lui-même, lorsqu'il tremblait de tout son être, et doutait de sa destinée.

Il s'y est enfermé, dans ce monde immaculé, dépourvu de symphonies de couleurs, dès qu'il a su se servir de ses deux mains potelées.

- Eh, oh ! Grand frère, tu m'écoutes ? Pourquoi est-ce qu'il n'y a pas d'intendants avec nous ? demande-t-il, tournant la tête vers moi.

- Je ne voulais pas être encombré par leurs présences. Je leur ai donc ordonné de nous laisser tranquille. lui dis-je près de la fenêtre, éloigné de cette détestable porte.