Chapitre 10

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Elsa et moi regardons nos pieds d'un air coupable. Face à nous, ma meilleure amie nous fait la morale.

- Je n'en reviens pas ! Heureusement que ce n'est que moi ! N'importe qui aurait pu rentrer et vous voir ! Vous êtes inconscientes, idiotes et j'ai encore tout un tas d'adjectifs pour vous qualifier mais comme ce n'est pas très poli, je vais me retenir !

- Mathilde...

A peine son nom prononcé qu'elle repart de plus belle :

- Ah non, tu n'as pas le droit de prononcer mon nom et de me faire cette tête là ! Vous êtes irresponsables ! Vous pourriez vous faire renvoyer l'une comme l'autre !

Elle continue de s'enerver pendant encore quelques minutes et nous encaissons en silence. Quand elle se calme enfin, je relève la tête. Elle à l'air excédée. Je prendrais sûrement en compte ses paroles et m'en voudrais d'avoir risquer notre avenir à toutes les deux mais je suis toujours dans l'euphorie des derniers instants. Elle m'a invitée à sortir ! Enfin à sortir, dans la mesure du possible ce qui se limite à un repas chez elle demain soir. Sans que je m'en rende compte, Elsa prend la parole :

- Nous sommes désolées madame, vous avez raison.

- La prochaine fois je ferais attention de fermer à clé, j'ajoute.

Mathilde se rapproche dangeureusement de moi et je sens Elsa prendre ma main prête à me tirer derrière elle. Ma meilleure amie ne me fera pas de mal mais je ne peux m'empêcher de trouver ça très mignon. Bordel j'ai quel âge pour craquer comme ça ?

- Charlotte Théodora Sands je te jure que si je ne tenais pas un minimum à toi et que tu n'étais pas la marraine de mon fils, je t'aurais déjà jeté par la fenêtre.

Sur ces mots, elle me frappe le haut du crâne. Peut être que j'ai sous estimé sa colère en entendant mon deuxième prénom sortir de sa bouche.

- Mathilde, je soupire, je suis vraiment désolée et tu as raison, nous aurions dû faire plus attention.

- Tu m'étonnes que vous auriez dû faire plus attention. Vous avez quatorze ans ou quoi pour vous jeter dessus dès qu'il n'y à personne aux alentours, sans faire attention ? Je descends, vous avez trente secondes pour vous dire à demain et je te ramène Charlotte. Ca vous évitera de faire des bêtises.

Elle sort de la salle en marmonnant quelque chose comme "mon fils à deux ans et pourtant je dois gérer ma meilleure amie qui se comporte comme une adolescente en chaleur". Je me tourne vers Elsa et après un regard nous éclatons de rire.

- Elle n'a pas tort par contre, nous devrions faire plus attention.

Je regarde Elsa dans les yeux et j'acquiesce.

- Tu devrais descendre avant qu'elle ne s'énerve encore, elle fait un peu peur quand elle est dans cet état.

- C'est vrai, dis-je en souriant.

Elle m'attrape par les hanches et me dépose un baiser au coin des lèvres. Elle récupère son sac et sort. Je ne tarde pas à la suivre après avoir récupéré mes affaires et fermé la porte à clés. Je rejoins ma meilleure amie à sa voiture et monte du côté passager. Mathilde paraît toujours assez énervée c'est pourquoi je ne dis pas à un mot attendant qu'elle parle la première. Finalement, elle soupire :

- Charlotte, c'est dangeureux ce que vous faites j'espère que tu t'en rends bien compte.

Je baisse la tête toujours enfermée dans mon mutisme. Bien sûr que je le sais mais je ne peux pas m'en empêcher, ça fait des années que je ne me suis pas sentie aussi heureuse. Et ça, c'est grâce à elle. C'est elle qui me fait me sentir aussi bien et ça me fait un peu peur qu'elle est autant de pouvoir sur moi.

- Je te referai bien la morale pendant tout le trajet mais je te connais depuis assez longtemps pour savoir que ça ne servirait à rien, continue ma meilleure amie. Qu'est ce qui s'est passé pour que vous vous jetiez l'une sur l'autre sans faire attention au danger ?

Je rougis et mon coeur s'accelère. Mathilde n'a pas tort, mon corps réagit comme celui d'une adolescente. Je prends une grande inspiration avant de lui répondre :

- Elle m'a invitée à dîner.

Ma meilleure amie reste interdite quelques secondes :

- Alors là je savais que vous étiez stupides mais je ne pensais pas que c'était au point de vous afficher ensemble ouvertement.

Je ris face à sa réponse.

- Ne t'inquiètes pas nous ne le sommes pas, elle m'a invitée à manger chez elle car il n'y a personne.

C'est au tour de ma meilleure amie d'éclater de rire et je reste perplexe face à sa réaction.

- Elle t'invite toute seule chez elle ? Tu es sûre que tu es prête pour ça ?

- Je ne vois pas pourquoi je ne le serais pas, c'est juste un repas. Certes un date mais ça reste un repas.

Elle rigole de plus belle.

- Tu crois vraiment que vous n'allez que manger ? C'était ça ma question, est ce que tu es prête pour ça ?

Je comprends enfin son hilarité et mes joues s'emflamment.

- Mais non ! Je suis sûre qu'elle n'avait pas du tout ça en tête et moi non plus d'ailleurs ! Mathilde, je ne vais pas coucher avec elle dans son lit après un premier rendez vous pendant que sa mère n'est pas en ville. Tu m'as prise pour qui ?

- J'en déduis que tu tiens réellement à elle.

- Oui mais pourquoi tu dis ça ?

- Si elle n'était personne, juste un coup de coeur du moment, tu serais allée à ce dîner et vous auriez couchées ensemble. Tu serais partie avant que le Soleil ne se lève en laissant un mot et tu aurais probablement ignoré tous ses appels.

- Qu'est ce que tu racontes ? Ce n'est pas du tout mon genre, dis-je en boudant.

- Rémi, Enzo, Théo, Antoine, Maxime...

- Ok c'est vrai, tu as raison, je la coupe. T'es contente maintenant ?

- Oui très !

C'est sur ces derniers mots qu'elle se gare devant chez moi et que nous nous quittons après un dernier au revoir.

Action ou vérité Où les histoires vivent. Découvrez maintenant