Mon cours de deux heures a été assez calme, j'avais prévu une évaluation à mes élèves de première. J'ai principalement corrigé des copies tout en m'arrêtant de temps à autre pour penser à cette merveilleuse soirée et nuit que j'avais passé. Maintenant que je suis enfin libérée et mes élèves aussi, je descends en salle des professeurs retrouver mes collègues et ma meilleure amie que je n'ai pas eu le temps de voir ce matin. J'entre dans la pièce et me sert un café. Je suis de dos lorsque Sana s'approche de moi :
- Salut ! Tiens, tu portes le sweat du groupe que ma fille et sa meilleure amie adore. May lui a d'ailleurs offert le même à Noël je crois.
Respire Charlotte, respire. Elle n'a aucun moyen de savoir que c'est actuellement celui d'Elsa si tu ne montres aucune émotion.
- Ah oui ? J'aime beaucoup ce groupe aussi.
- Je ne savais pas. Ne t'étonne pas si les filles viennent te parler samedi, ce n'est pas un grtoupe très connu et elle rencontre rarement d'autres personnes fans.
- Je serais ravie d'en discuter avec elle, souris-je à mon amie.
Sur ces mots, Sana retourne avec sa tasse de café dans les fauteuils. Je ne sais absolument pas quel est ce groupe, il faudra que je pose la question à Elsa, mais heureusement j'ai réussi à m'en sortir pas trop mal. Je récupère ma tasse et je me fais tout de suite entrainée par Mathilde dans l'une des petites salles de travail.
- Tu as dormi chez elle ?
Je n'arrive pas vraiment à savoir si elle est en colère contre moi ou juste exaspérée. Probablement un peu des deux.
- Oui, je me suis endormie sur le canapé et elle m'a proposé de rester lorsque je me suis réveillée vers minuit.
- Tu vois, je te l'avais bien dit que ça arriverait !
- Mais non Mathilde, on n'a pas couché ensemble, juste dormi. D'ailleurs à l'origine, elle voulait me laisser son lit et c'est moi ai insisté pour qu'on dorme ensemble.
- Et pourquoi tu n'es pas repassée chercher des affaires chez toi ce matin ?
- J'aurai été en retard en plus je n'en avais pas vraiment envie.
- Tu es quand même arrivée en retard. Je ne t'ai pas vu ce matin.
- Oui, on a un peu trainé pendant le petit déjeuner.
- D'accord.
Son regard s'est radoucie et un léger sourire flotte sur ses lèvres.
- Quoi, je l'interroge ?
- Maintenant que j'ai fait mon devoir de meilleure amie, ma petite leçon de moral pour te rappeler à quel point c'est dangeureux, raconte moi tout en détail.
Je ris, elle ne changera donc jamais. Malgré ses mises en garde et sa protection, son inconditionelle curiosité reprend toujours le dessus. Je m'empresse d'ailleurs de la satisfaire et lui raconte tout en détails. A la fin de mon récit, elle me demande :
- Tu lui as dit ce que signifiait les fleurs ?
- Non, je veux savoir si elle ira regarder d'elle même ou non. Et puis, c'est plus romantique et mystérieux que si je lui dis.
- C'est vrai. Sinon, tu ne sais absolument pas quel est ce groupe de musique ?
- Absolument pas.
Un fou rire me prend et elle me suit bientôt. Nous ne serions sûrement pas en train de rire si quelqu'un avait deviné que ce n'était pas mon pull mais heureusement ce n'est pas le cas.
***
Je rentre du lycée à pied, épuisée après ma matinée de cours. Cette soirée a été absolument géniale. Si ça ne tenait qu'à moi, je lui demanderai de revenir ce soir et probablement tous les autres jours d'ailleurs. Mais je ne peux pas, déjà parce que je ne vis pas toute seule et ensuite parce que ce serait peut être un peu étrange pour elle de l'inviter de nouveau dès ce soir. Le seul regret que j'ai, c'est que nous n'avons pas pu nous dire au revoir ce matin et je me rend compte que maintenant que je n'ai même pas son numéro pour lui envoyer un messge. Je tenterai bien le site du lycée mais, à mon avis, c'est trop risqué. Il faudra que je lui demande demain. Je sais même déjà comment je vais appeler son contact pour que personne ne puisse se douter de rien. Je passe mon après midi à travailler et le soir, j'appelle ma mère pendant que je fais à manger. Après quelques secondes de bips insupportables, elle décroche :
- Coucou ma puce ! Comment tu vas ?
J'entend le son de la voiture dans le fond. Elle doit sûrement être en route pour rejoindre l'hôtel dans lequel elle va passer la nuit.
- Ca va, j'ai travaillé toute l'après midi et là je suis épuisée donc je pense que je ne vais pas me coucher trop tard ce soir.
- Tu te fais à manger là ?
- Oui. Des pâtes de toutes façons, il n'y a pas grand chose d'autre que je sais faire.
- Pourquoi tu n'as pas commandé si tu es fatiguée ?
- J'ai déjà commandé hier soir.
J'entends la voiture s'arrêter dans le fond.
- Je te laisse récupérer la clef de ta chambre d'hôtel et tu me rappelles après.
Je raccroche. Quelques minutes plus tard, on sonne à la porte. Je me demande bien qui ça peut être mais je vais ouvrir. Quelle n'est pas ma surprise de découvrir ma mère sur le seuil. Elle me prend dans ses bras.
- J'ai pu rentrer bien plus tôt que prévu.
Elle dépose ses affaires dans l'entrée et pose un carton de pizza sur la table avant de s'y installer. Je la rejoins après avoir éteint le feu sous les pâtes.
- C'est donc pour ça que tu ne m'as pas appelé hier soir.
Je la regarde perplexe.
- Comment ça ?
- Apparement c'est assez sérieux avec cette fameuse personne pour que tu l'invites à la maison et qu'elle te ramène des fleurs et pas n'importe lesquelles d'ailleurs.
Mes joues s'échauffent et je baisse le regard.
- Qu'est ce qu'elles ont de particulier ses fleurs ?
- Si ma mémoire est bonne, ce sont des résédas, des tulipes rouges et des gardénias. Les deux premières représentent l'amour secret et la dernière, une déclaration cachée, discrète.
Je suis impressionée. Je n'aurai jamais pensé à chercher la signification des fleurs qu'elle m'a offert mais par dessus tout je ne savais pas que ma mère en savait autant sur le sujet.
- Comment tu sais tout ça ?
Son regard se voile et je sais ce que ça veut dire, elle va parler de lui, de mon père et sa réponse me donne raison.
- C'est ton père qui me l'a appris lorsque nous étions ensemble. Je lui ai d'ailleurs annoncé être enceinte de toi avec une fleur, un lila. Et lui est parti en ne laissant derrière lui qu'une scabieuse, la fleur de l'abandon et des veuves.
Malgré le choix de la fleur, mon père n'est pas mort. Il a simplement fuit ma naissance. Ma mère m'a toujours dit qu'on est bien mieux sans lui et qu'il s'en mordrait les doigts en voyant la jeune femme merveilleuse que je suis devenue. Cependant, je sais qu'elle souffre encore de cette rupture. Il était son grand amour et il est parti parce qu'elle m'a choisie. Je sais qu'elle l'aime encore même dix-huit ans après et c'est pour ça que je le déteste sans le connaître. C'est un lâche, il a préféré partir en ne laissant qu'une fleur plutôt que de discuter avec la femme qui l'aimait, l'aime éperduemment. Je prends ma mère dans mes bras et après quelques minutes de silence, nous montons nous coucher toutes les deux exténuées.
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Action ou vérité
RomanceSi quelqu'un vous avait dit que vous tomberiez amoureuse de votre professeure d'anglais pendant votre dernière année de lycée, vous n'y auriez pas cru. Et si cette même personne vous avait dit que tout partirait d'un simple "Oh dommage.", vous l'aur...