La voiture se gare devant une maison blanche, petite mais charmante. Nous récupérons nos valises et j'essaye de rester le plus loin possible de Charlotte. Même un simple frottement pourrait probablement me faire pleurer en continu pendant une heure. Nous entrons, la petite dame nous fait visiter le rez de chaussé et j'apprends qu'elle s'appelle Dorothy. Nous montons ensuite à l'étage. Il y a deux chambres. L'une avec un lit double et l'autre avec deux lits simple. Je suis désespérée, le destin s'acharne sur moi. Ce n'est pas possible d'avoir autant de malchance. Dorothy s'excuse auprès de nous disant qu'elle a une course à faire ou quelque chose comme ça, je dois avouer que je n'écoute pas vraiment trop abassourdie par la siuation dans laquelle je me trouve, et qu'elle revient rapidement. C'est improbable. Les filles se jettent sur la chambre avec le lit deux places tout en me lançant un regard désolé. C'est l'un des rares moments où je regrette de ne pas avoir créer de liens amicaux au lycée. Une fois la porte fermée, Charlotte et moi nous retrouvons seules. Sans échanger un mot mais d'un commun accord nous dirigeons vers la chambre que nous allons occuper. Les deux lits sont séparés simplement par une petite table de chevet que nous allons devoir partager je suppose. Je choisis un lit, celui qui est le plus près de la porte. Je dépose ma valise sur le sol et sors ma trousse de toilette et ma serviette. Je vois bien qu'elle veut dire quelques chose mais je ne lui en laisse pas le temps, je fuis vers la salle de bain. J'ai besoin d'une bonne douche après ce long voyage. Une quinzaine de minutes plus tard, je suis sortie. Je laisse mes affaires dans la pièce et descend voir si Dorothy est revenue et si elle a besoin d'aide. Lorsque je suis en bas des escaliers, la porte s'ouvre. Elle entre avec une petite fille d'un an tout au plus dans les bras. Je fonds instantanemment devant la vision qui s'offre à moi. Dorothy semble s'en rendre compte puisqu'elle me demande :
- Hello again ! Do you want to hold her ? (Rebonjour ! Tu veux la porter ?)
Je hoche la tête et décharge les bras de Dorothy. Elle m'explique que la petite s'appelle Agnes et que c'est sa petite fille. C'est elle qui l'élève car sa mère, sa fille est morte en couches et que son père lui refuse de voir l'enfant la blâmant pour la mort de son épouse. Cette histoire est bien triste et les larmes me montent aux yeux et mais Dorothy me rassure rapidement. Malgré la mort de sa fille, elle est heureuse d'élever sa petite fille qui apparamment lui ressemble beaucoup. Elle en profite d'ailleurs pour me montrer des photos et me raconter un peu sa vie, il fut un temps où elle était infirmière, maintenant elle s'occupe en prenant soin de sa petite fille et en faisant famille d'accueil. Pendant qu'elle feuillette un album devant moi, Agnes se réveille doucement et commence à jouer avec mes cheveux. Un grand sourire prend place sur mon visage et elle éclate de rire. Un rire cristallin, si pure que je tombe amoureuse de ce bébé rencontré il y a moins d'une heure. Lorsque je relève la tête, Charlotte est dans l'embrasure de la porte, un doux sourire flottant sur ces lèvres pendant qu'elle nous observe. Je sens mon regard s'assombrir et tout de suite ses yeux expriment une infinie tristesse. Elle se rapproche de notre hôte et entame une conversation avec elle pendant que je joue avec la petite. Rapidement, Clara et Eléonor descende et partage mon engouement pour cette si jolie petite fille. Le temps passe et nous ne nous lassons pas de ses rires et ses sourires jusqu'à ce que Charlotte vienne nous chercher pour manger. J'attrape dans mes bras le bébé et la porte avant de la confier de nouveau à sa grand mère une fois arrivées dans la cuisine. Dorothy part coucher Agnes pendant que nous nous installons à table. Bien évidemment, Clara et Eléonor se mettent face à moi tandis que Charlotte s'installe à ma droite. Dorothy revient et s'installe en bout de table. Le repas se passe tranquillement au gré des conversations principalement tenues par notre hôte et notre professeure. Après que tout le monde est terminé de manger, mes deux camarades montent prendre leurs douches pendant que Dorothy, Charlotte et moi débarrassons et faisons la vaisselle. Cependant, Agnes se met à pleurer et Dorothy nous laisse donc seule pour aller s'occuper de sa petite fille. Un silence incomfortable s'installe, Charlotte lave pendant que j'essuye. Je suis tendue et j'attends le retour de la maîtresse de maison avec impatience mais les pleurs du bébé ne semble pas se calmer.
- Elsa...
Le son de sa voix me fait sursauter et je lâche le verre que je tenais dans mes mains. Celui ci vient se fracasser sur le sol. Je me penche pour ramasser mes bêtises mais je m'entaille profondément le doigt dans la précipitation. Charlotte se baisse doucement, rassemble les morceaux de verre et m'attrape la main.
- C'est profond, tu vas peut être avoir besoin de points de suture.
Elle me relève et passe ses doigts sur mon visage. Je ne m'étais pas rendue compte que les larmes avaient commencées à couler. Mes yeux observent son visage inquiet et refusent de s'en détacher. Elle est si belle même avec cette expression d'angoisse. Elle relève son regard vers moi sans pour autant détacher ses mains de mes joues. Nous restons un instant comme ça, si proches que d'un léger mouvement nos lèvres pourraient se rencontrer. La magie du moment est brisée par Dorothy qui revient. Nous nous éloignons l'une de l'autre espérant que notre hôte ne suspecte rien.
- What happened ? (Qu'est ce qu'il s'est passé ?)
Charlotte explique la chute du verre et ma blessure. Dorothy m'attrape la main et l'examine.
- You will need one or maybe two stitches. (Tu vas avoir besoin d'un ou deux points de suture.) You have to go to the hospital. (Vous devez aller à l'hôpital.)
- But can't you do it for me ? (Mais tu ne peux pas les faire pour moi ?) Sooner you told me that once you were a nurse. (tout à l'heure tu m'as dit qu'avant tu étais une infirmière.)
- I can but are you sure ? (Je peux mais tu es sûre ?) Maybe you prefer it to be done by a doctor.(Peut être que tu préfères que cela soit fait par un médecin.)
- No it's ok, I trust you. (Non c'est bon, je te fais confiance.)
Elle acquiesce et me fait signe de la suivre. Charlotte qui était restée silencieuse jusque là me demande :
- Tu es vraiment sûre ? Je peux t'emmener à l'hôpital si tu as besoin.
- Ce n'est pas nécessaire, Dorothy m'assure qu'elle en est capable alors pas besoin de se déplacer.
Nous entrons dans une petite salle de bain et Dorothy prépare du fil et une aiguille. Elle me dit de m'assoir et de poser ma main sous la lumière.
- I don't have anaesthetic but it shouldn't be too painful. (Je n'ai pas d'anesthésiant mais ça ne devrait pas être trop douloureux.)
Après s'être assurée une dernière fois que je suis prête, Dorothy commence. Je grimace lorsque l'aiguille s'enfonce dans ma peau. Charlotte, d'une main attrape ma main valide et de l'autre me caresse le dos en signe de réconfort. Pour la énième fois aujourd'hui, tout un tas d'émotions se mélangent en moi. Cependant même si je n'arrive pas vraiment à les démêler, elles ont réussi à me faire oublier la douleur et je ne me rend même pas compte que mon doigt est refermé. Dorothy m'applique un pansement par dessus. Elle m'envoie ensuite me coucher malgré mon insistance pour les aider à finir de ranger. Cependant je capitule lorsque Charlotte prend le parti de notre hôte. Je monte, me mets en pyjama et m'endors la tête à peine posée sur l'oreiller épuisée par cette journée.
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Action ou vérité
RomanceSi quelqu'un vous avait dit que vous tomberiez amoureuse de votre professeure d'anglais pendant votre dernière année de lycée, vous n'y auriez pas cru. Et si cette même personne vous avait dit que tout partirait d'un simple "Oh dommage.", vous l'aur...