Nous sommes samedi, il est dix heure. Je vais retrouver May qui m'attend à l'arrêt de bus. Pendant mon temps de marche, je repense à la fin de la semaine. Après le retour de ma mère et la découverte de la signification des fleurs, j'ai été en cours le lendemain. J'en ai bien sûr profité pour demander à Charlotte son numéro de téléphone et j'ai enregistré son contact au nom de "Théodora", pour que ça ne paraisse pas trop suspect, sans oublier le petit emoji de la tulipe rouge. Lorsque j'ai obtenu son numéro, mon intention première a été de lui parler des fleurs mais je me suis dit que ça pourrait être amusant de m'en servir sans qu'on en parle toutes les deux. Pour l'instant, je n'ai absolument aucune idée du contexte dans lequel je vais pouvoir me servir de tout ce que ma mère m'a appris sur le sujet mais je trouverais bien. J'arrive enfin à l'abribus devant lequel May attend déjà.
- Salut !
- Salut Ela ! Tu as l'air fatiguée...
C'est assez normal, Charlotte et moi avons discuté jusque tard dans la nuit or May a décidé que nous prendrions le bus de huit heure quinze pour pouvoir, je cite "choisir les tenues parfaites pour mon nouveau look". J'ai essayé de freiner ses ardeurs mais ça a, semble t-il, eu l'effet complètement inverse.
- Oui, c'est de ta faute aussi. Quelle idée de vouloir se lever aussi tôt un samedi.
Elle fait la moue devant mon accusation mais répond d'un ton jovial et moqueur :
- N'es tu donc pas contente de passer la journée avec ta meilleure amie ?
Je soupire et acquiesce au moment où le bus s'arrête devant nous. Nous montons, payons nos tickets et direction la zone commerciale de la ville. Après une bonne vingtaine de minutes, nous nous dirigeons vers le premier magasin. La matinée défile à tout allure et nous nous retrouvons bientôt l'une comme l'autre, affamées les bras encombrés de quelques sacs. Arrivées à notre fast food préféré, après avoir commandé, May me demande :
- Alors Ela, qui est cette fameuse personne ? Parce que tu avais promis de me le dire aujourd'hui et j'ai attendu toute la matinée que tu lances le sujet mais là je n'en peux plus ! Dis le moi s'il te plaît.
Durant sa prise de parole, elle a joint ses mains et me supplie presque du regard. J'éclate de rire. Je ne m'attendais pas à ce que ça pique autant sa curiosité elle qui est d'habitude la plus patiente de nous deux.
- Comme promis, je vais te le dire mais promets moi d'abord de ne pas crier ou t'énerver et que malgré tout, on reste amies.
- Ela, tu me fais peur mais soit, je te promets de rester calme et rien ne pourra m'empêcher d'être ta meilleure amie.
Je respire profondément. Comment on annonce à l'une des personnes les plus importantes de notre vie que l'on sort avec la collègue de sa mère ? Il devrait faire des tutos sur internet quoique ça ne doit pas être une situation très commune.
- Je sors avec...
La sonnerie de mon téléphone nous interrompt. Je vois le nom "Théodora" s'afficher sur mon écran et un sourire s'affiche automatiquement sur mon visage. Je m'empresse de décrocher en me levant de ma chaise pour m'éloigner un peu de la table.
- Salut ! Qu'est ce qu'il se passe ?
- Je suis totalement paniquée. Je ne sais pas quoi porter ce soir et je me suis dit que tu pourrai peut être m'aider.
- Tu veux me demander à moi des conseils en matière de mode, j'éclate de rire ?
- J'avoue que si je t'ai appelé c'est particulièrement pour entendre ta voix... Tu me manques.
- Ouh Ouh, la personne au bout du fil, j'espère que c'est important parce qu'elle était sur le point de m'annoncer le nom de sa copine.
May a fait irruption dans la conversation sans que je ne me rende compte qu'elle s'était approchée de moi. Je rougis, génée qu'elle dévoile mes intentions à ladite copine.
- Tu es avec May ?
- Oui, nous faisons les boutiques. Son idée.
- Et tu comptais lui dire pour nous...
Je sens la panique dans sa voix.
- Il faut bien, déjà je ne lui ai jamais caché quelque chose aussi longtemps. Ne t'en fais pas, je suis sûre qu'elle t'adorera. Pour elle tant que je suis heureuse, tout lui va. Par contre je ne te garantis pas de réussir à te faire échapper à son interrogatoire.
Elle rit nerveusement. Je sens bien qu'elle n'est pas totalement rassurée.
- Si tu veux je t'envoie un message après. Et rappelle toi, tout va bien se passer. Je t'aime.
Je raccroche et retourne à table où May a repris sa place.
- Merci May, tu as réussi à faire complètement paniquée ma copine avant même de savoir qui elle est.
- C'était elle ? Oh mon Dieu, désolée. Je m'excuserai quand je le rencontrerais.
- Tu en aura l'occasion ce soir.
Elle me regarde perplexe attendant que je poursuive.
- Cette personne, ma petite amie, c'est Charlotte, madame Sands la collègue de ta mère.
Pendant de longues secondes durant lesquelles je comprends l'état de panique de Charlotte, May reste figée. Lorsqu'enfin un éclair de vie passe dans ses yeux, j'inspire enfin ne m'étant même pas rendue compte que j'avais retenu ma respiration.
- Je n'ai qu'une question. Pourquoi tu ne me l'a pas dis plus tôt ?
- Je dois avouer que j'avais un petit peur de ta réaction et puis je voulais attendre d'être sûre que c'était sérieux avant de t'en parler.
- Ca veut dire que maintenant ça l'est.
Son ton sonne plus comme une affirmation que comme une question mais j'hoche tout de même la tête de haut en bas.
- Ecoute Ela, elle soupire, je ne vais pas te mentir. Pour moi cette histoire me paraît compliquée mais après tout si tu es heureuse, je suis derrière toi à cent pour cent.
Je la remercie et nous finissons de manger. J'envoie un rapide message à Charlotte pour lui raconter la conversation que je venais d'avoir avec ma meilleure amie.
- Maintenant, il est temps de te trouver une robe dans laquelle tu seras absolument merveilleuse ce soir sachant en plus que ta copine fera partie de la fête.
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Action ou vérité
RomanceSi quelqu'un vous avait dit que vous tomberiez amoureuse de votre professeure d'anglais pendant votre dernière année de lycée, vous n'y auriez pas cru. Et si cette même personne vous avait dit que tout partirait d'un simple "Oh dommage.", vous l'aur...