Au beau milieu de nulle part [bxb]

0.

Il est presque vingt-deux heures.

Assis sur son siège à l'arrière de la voiture depuis maintenant plus d'une heure et demie, Tristan se décide enfin à mettre ses écouteurs pour échapper aux chamailleries incessantes de ses sœurs.

Alors que la musique emplit ses oreilles, il tourne la tête pour jeter un œil à travers la fenêtre mais rien d'intéressant n'attire son regard. Des champs vides s'étendent à perte de vue.

Ça y est, se dit-il. De retour dans le trou du cul du monde.

Vingt minutes plus tard, ils sont arrivés.

Ses grands-parents les accueillent avec effusion et si Tristan tombe de fatigue, ce n'est pas avant d'avoir mangé, d'avoir entendu les derniers potins du village, et d'avoir été félicité pour l'obtention de son bac qu'il peut enfin monter dans sa chambre à l'étage.

Il n'est pas revenu ici depuis des mois. Et pourtant, la pièce n'a pas changé. Le même papier peint jaune orne les murs, la même moquette désagréable recouvre le sol et les mêmes photos sont posées sur la commode.

Tristan pose par terre sa valise sans ménagement et s'approche de la fenêtre pour fermer les volets. Il ne peut s'empêcher de jeter un coup d'œil à travers pour scruter l'horizon. Au loin, la silhouette d'une maison qu'il connaît bien se dessine de manière presque fantomatique dans la nuit noire. Toutes les lumières sont éteintes, la famille Hamon doit déjà être partie se coucher.

Pendant une seconde, Tristan laisse son esprit s'égarer et pense à ce que Martin pourrait faire en ce moment même. Il l'imagine couché sur son lit, en train de lire un livre. Il l'imagine plongé dans l'histoire, les sourcils froncés et les lunettes qu'il ne met que pour lire glissant le long de son nez. Il l'imagine se passant la main dans ses cheveux blonds ébouriffés, avant de se retourner pour lui sourire.

Avec un soupir, Tristan ferme les volets.