Chapitre 7 - La disparition

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La disparition

Lui


La fumée s'envole et disparaît dans l'épaisseur des nuages et de la brume naissante. La fin de ma cigarette approche et j'en profite pour rejoindre ma moto. Je m'y assois et après une dernière fois à tirer dessus, je l'écrase puis enfile mon casque. Je démarre, elle ronronne comme j'aime l'entendre et je démarre en trombe.
J'ai quasiment passé la journée à bosser au club, entre sorties et dossiers à résoudre, je suis plus que fatigué. Ça n'a pas été facile d'être là une journée entière alors que ça faisait plusieurs mois que j'y allais occasionnellement. Grâce ou à cause d'Adèle, je ne sais pas, mais ça ne me pose pas de problèmes. Ça me permet de prendre du recul concernant le travail au club et concernant aussi la vie que j'ai envie de mener. J'aime le club, son fonctionnement mais il m'arrive encore de me demander si j'y ai ma place pour toute ma vie. À vrai dire, ma place, elle y est mais est-ce que j'ai vraiment envie d'y consacrer ma vie.

Je dépasse largement la limitation de vitesse mais ça m'est égal, j'ai besoin de décompresser et de sentir la vitesse. Une petite dose d'adrénaline ne peut que me faire du bien. Quelques minutes plus tard, j'arrive facilement de l'autre côté de la ville. Je passe par le parking pour garer ma moto puis je rejoins mon appartement. Lorsque j'y entre, c'est toujours aussi calme. Pas de télévision, pas de musique, pas de paroles, ni de voix, le calme plat. Ça a toujours été comme ça depuis que je vis ici, il n'y a toujours eu que moi. Avec Adèle je pensais que ça allait changer mais non pas avec elle, pas avec sa façon d'être, pas avec sa vie.
J'avance dans le séjour, personne. Je jette un coup d'œil à sa chambre, enfin ma chambre, personne. Je continue avec la salle de bain, où je frappe puis entre par manque de réponse, puis avec la terrasse et toujours rien. Merde. Je repars dans la cuisine pour voir un éventuel papier où elle y aurait inscrit quelque chose. Pas de papier. Je fais de nouveau le tour des pièces, le lit est fait, la salle de bain et la cuisine sont rangées également. Rien n'indique la présence d'Adèle. Où peut-elle être ? Est-ce qu'elle est sortie ? Impossible ! Ça fait 2 mois qu'elle n'est pas sortie, elle ne peut pas sortir comme ça du jour au lendemain juste parce qu'elle l'a décidé. Est-ce que psychologiquement, c'est possible de se dire "ça y est je suis prête, j'y vais" ? Comment vais-je faire pour le savoir ? Beaucoup de questions me viennent et apparaissent dans ma tête, des questions sans réponses. Comme à chaque fois que ça concerne Adèle.

Merde  !

Finalement je décide d'attendre qu'elle revienne. Après tout, je ne peux rien faire d'autre. Je m'installe sur le canapé et réfléchis quelques instants. Étrangement, je me sens plutôt morose, d'humeur maussade. En fait, je suis déçu. Déçu qu'elle soit partie comme ça, sans me prévenir, sans en parler avec moi. J'ai bien conscience que nous ne sommes pas liés par un quelconque lien, ni une quelconque relation, mais quand même, ça fait deux mois que nous cohabitons ensemble, ça crée des liens, non?
Et si... Putain ! Non ! Je n'ai pas envie d'imaginer ça . Pas envie de croire qu'elle le ferait, qu'elle oserait faire ça. Pourtant au fond de moi et je ne vais pas me mentir, j'ai toujours su qu'elle tenterait de nouveau sa chance. Je savais qu'un jour elle s'en irait et je crois que ce jour est arrivé.

Ça fait trois heures que je suis rentré et Adèle n'est toujours pas revenue. Je fais les cent pas dans l'appartement et je vais bientôt user le sol à force de piétiner le parquet. Je deviens fou, ça me rend totalement fou cette histoire. Alors ça y est, elle ne va pas rentrer ? Je n'en peux plus d'attendre, c'est dingue. Je décide donc d'aller sur le balcon bien que je ne sache pas vraiment ce que je vais pouvoir voir puisque la nuit est tombée, mais je tente. Effectivement, avec le nombre d'étage et la nuit noire, je n'y vois rien.
Je rentre à l'intérieur, attrape rapidement mon manteau et fonce enfourcher ma moto. Je ne sais pas où chercher, mais je dois le faire. Peu importe le temps que ça me prend, peu importe l'argent que ça me coûte, il faut que je la sauve. Pour elle, pour moi et pour ma conscience.

La dernière aventureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant