L'enquête
Lui
Sa vie ne tient qu'à un fil, un malheureux fil en suspend. Elle semble fragile et ressemble à une petite chose. Pourtant malgré ça, je ne ressens aucune pitié. Mais j'ai conscience qu'au moindre faux pas de ma part, elle partira, je la blesserai et sa vie s'arrêtera. Elle le fera, j'en suis sûr, comme elle l'a déjà fait. Enfin, essayé de le faire.
Je quitte le parking sur ma Harley cette fois, dans un vrombissement qui me résonne dans tout le corps. C'est cette sensation qui me plaît autant avec ce style de moto, elle me transperce tout le corps, entre et ressort de tous mes organes. J'ai l'impression que la vie pourrait se résumer uniquement par ce son.
Ça fait maintenant six ans que j'ai cette bécane et que je traverse les villes avec. J'ai quand même le SUV au cas où, et heureusement que je l'avais aujourd'hui, sinon je n'aurais pas pu garder Adèle avec moi, en sécurité.
Je file au bar rejoindre le boss. Ça m'embête de la laisser toute seule chez moi, mais je n'ai pas le choix, une affaire urgente à régler.
J'espère qu'Adèle ne va pas se tirer, qu'elle sera encore là quand je reviendrai. Ça me soulagerait qu'elle parte, mon Dieu je m'en veux de dire ça, mais je ne sais pas comment gérer cette histoire. Si elle part, je me sentirai coupable et responsable de ce qui lui arriverait. Mais là... Putain, cette fille à l'air complètement paumée et je suis curieux de savoir ce que la vie lui a pris. Adèle doit avoir vécu des choses compliquées... Ça nous fait au moins un point commun.
J'arrive au bar et je descends rapidement de ma moto pour me glisser à l'intérieur. Je pousse la porte, il me faut plusieurs secondes pour que mes yeux s'habituent au peu de lumières qu'il y a, grand contraste avec la lumière extérieure du jour.
Je file vers le bureau du boss, je connais le chemin par cœur et pousse la porte en bois. Je lance un "c'est moi" et ne prend pas la peine d'attendre que l'on me réponde. Ils m'attendent sûrement.
L'odeur présente me donne un avant-goût de ce que je vais y trouver. Une odeur de fer.
Je me dirige ensuite vers le groupe qui se trouve autour de l'unique canapé de la pièce et je le vois.
Mon boss, allongé et entouré des gars, il est couvert de sang. J'approche et je vois immédiatement la plaie au milieu de son ventre où le sang continue de s'échapper.
- Vous n'avez rien fait pour arrêter le saignement ?
Ma voix résonne dans le silence.
- Non, répond l'un d'eux. Il ne voulait pas qu'on touche à quoi que ce soit. Il voulait t'attendre.
- Pourquoi ? Parce que j'ai fait médecine ? Tout le monde sait appuyer sur une plaie pour stopper une hémorragie.
Décidément, il restera toujours aussi têtu...même le ventre ouvert. Je ne demande même pas ce qu'il s'est passé, j'attrape la sacoche de premiers soins dans l'armoire et m'occupe du boss. Lorsque je sors les gazes stériles, tout le monde quitte la pièce et le silence règne alors.
- Salut fiston ... Dit-il.
- Ça risque de faire mal.
Il rit légèrement, ça ne lui fait pas peur, il a l'habitude et en a vu bien d'autres. Puis il reprend :
- Tu me le dirais si tu avais des problèmes ?
- Je n'ai pas de problèmes... Juste une affaire à régler.
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La dernière aventure
General FictionDes rails, un métro en approche et une jeune femme prête à en finir. Elle, qui semble vraiment avoir touché le fond et visiblement, plus rien ne la retient. Mais une voix, celle d'un jeune homme, la force à réfléchir davantage et elle décide alors d...