La dernière aventure

Chapitre 9 - Un nouveau monde

Un nouveau monde

Lui

Je sors du bureau et pour une fois, sans claquer la porte. Adèle est toujours là, assise sur le fauteuil et elle n'a pas bougé. Je remarque une deuxième fois sa plaie, de loin ça n'a pas l'air joli mais l'absence de sang qui dégouline me rassure un peu. Je m'approche d'elle et sa réaction est de se lever. Je l'observe davantage, son jean noir est craqué au niveau d'un genou, qui par la même occasion est un peu égratigné, sa veste est sale et ses cheveux sont en bataille. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé exactement mais ça n'a pas dû être facile à subir.
Je pense que son état ne va pas s'améliorer après un événement pareil. Mais je vais être là pour elle, je dois continuer de prendre soin d'elle et peut-être même plus que je ne l'ai fait. Je dois tout savoir et plus tard, je questionnerai davantage Dom à propos des informations que je lui ai demandées, mais pas maintenant.

Lorsqu'elle lève la tête et que son regard croise le mien, des larmes perlent au coin de ses yeux puis une, finit par rouler le long de sa joue. Une autre menace d'en faire de même et instinctivement, je prends Adèle dans mes bras. Elle sanglote légèrement et je comprends qu'elle se retient et se maîtrise. Elle prend sur elle et ça me procure encore plus de peine. Quand j'éloigne mon regard d'elle, il se dirige directement vers les gars qui ne ratent pas une miette de cette scène. Je râle intérieurement et je fronce les sourcils afin qu'ils comprennent qu'ils doivent dégager. Cela semble fonctionner puisqu'ils retournent à la table de billard en chahutant, de vrais gamins.

Je relâche mes bras du dos d'Adèle et elle s'éloigne aussi de son côté. J'attrape son menton pour lui faire pivoter le visage afin que je puisse observer son arcade. Elle a saigné mais ça me semble s'être arrêté. Je l'attrape ensuite par le poignet et l'emmène dans le bureau. Dom est toujours là et je m'en fiche un peu d'ailleurs, je veux juste prendre de quoi soigner la blessure. Je sais que ça ne le dérangera pas et aussi que je pourrais parler tranquillement à Adèle puisque je n'ai rien à cacher à mon patron. La confiance a toujours été présente entre nous deux et c'est ce que j'ai d'abord apprécié dans ma relation avec lui. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien qu'il a été la première personne à laquelle j'ai parlé d'elle.

Installée sur le fauteuil, elle lève son regard interrogateur vers moi quand elle me voit arriver avec la trousse à pharmacie.

- Je vais te soigner la tête, tu as été blessée, dis-je simplement.

Par réflexe, elle pose ses mains sur son visage en tâtonnant les divers endroits qui auraient pu être touchés. Lorsque sa main se pose sur la plaie, elle grimace.

- Ne touche pas, tu peux l'infecter. Ce n'est pas grand chose, je vais vite arranger ça, ne t'en fait pas.

Je nettoie cette plaie, pourtant délicatement, mais Adèle a malgré tout des mouvements de recul qui m'indiquent que ça la fait souffrir. Ce n'est pas inquiétant, la blessure n'est que superficielle et dans quelques jours elle n'aura plus rien. Je suis presque persuadé qu'elle n'en gardera aucunes traces. Et pourtant , ça ne m'aide pas à me sentir moins coupable. Pour le moment je ne suis sûr de rien, mais au fond de moi je sais très bien que je suis responsable de ce qu'il vient de se passer. Je n'en suis pas sûr, ça non, mais mon instinct me le dit. J'attends quand même les nouvelles de Dom qui doit déjà être en train de mener son enquête. Je lui jette un rapide coup d'œil et il pianote sur son ordinateur. Il doit être en train de fouiller partout, dans les caméras de surveillance ou demander à tous ses contacts et je prie pour que ça ne soit pas de notre côté. Ça serait bien pour elle, je ne veux pas qu'elle y soit mêlée, même si je sais qu'il est déjà trop tard et ce que je craignais fortement depuis son arrivée chez moi, vient finalement de se produire. Elle ne peut pas subir ça, pas à la suite de l'événement duquel je l'ai sauvée. Connaître ce monde ne l'aidera pas, ça ne lui sera jamais bénéfique, en aucun cas.