Chapitre 19 - L'inquiétude

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L'inquiétude

Elle

J'ouvre les paupières, la lumière vive me brûle la rétine et je les plisse pour adapter la dose de lumière. Lorsque mes yeux s'adaptent à la clarté du jour, je distingue parfaitement la pièce dans laquelle je me trouve. Les murs sont blancs, des tubes me relient des bras jusqu'à une machine, je suis dans un lit. Un lit d'hôpital. L'hôpital...

- Non !

Je me relève rapidement, trop rapidement, ce qui me donne la nausée. Les murs tanguent et je dois fermer les yeux afin de reprendre mes esprits. La bile ne quitte pas ma gorge ce qui m'oblige à attraper à la hâte le récipient que j'aperçois sur le chariot à mes côtés. Le faible contenu de mon estomac s'y déverse, je repose le récipient et me laisse tomber sur le gros oreiller. Je survole la pièce du regard, mais personne ne s'y trouve. J'inspire une fois, je remplis mes poumons d'air et j'expire lentement par la bouche. Je réitère ce geste trois fois de suite, comme je l'ai appris. Ma tête tourne un peu moins et je parviens à me relever. Je titube vers la chaise qui trône près de la porte et y prends mes vêtements. Je retire, sans tarder, la chemise en tissu à pois que je porte et enfile mes vêtements, plus confortables et plus couvrants. Lorsque j'en suis à mon pull, je dois retirer d'abord les perfusions de mes bras. Sans aucunes précautions, je tire sur les fils et le tout se retire mais aussitôt, le sang coule le long de mon bras. J'attrape de quoi essuyer et compresse un peu l'intérieur de mon coude. J'enfile mon pull, mes chaussures, mon manteau et ouvre la porte. Adam est là. Il se tient juste devant moi et son regard m'observe des pieds à la tête.

- Adèle ! Est-ce que tout va bien ?

Je secoue la tête négativement et je me rends compte que je suis légèrement essoufflée. Je devine sans mal ce qui arrive, la panique. Je ne devrais pas être ici, je ne sais pas encore ce qu'il s'est passé mais je n'ai rien à faire ici. Voilà pourquoi je dois quitter cet endroit au plus vite. Je regarde Adam qui s'impatiente, les sourcils froncés, essayant de comprendre ce qu'il se passe sous ses yeux.

- Je dois partir, dis-je.

- Quoi ? Non ! Dit-il de sa voix rauque. Tu dois encore te reposer un peu, vas t'allonger je vais appeler le médecin.

- Un médecin ? Non ! Non Adam, tu ne peux pas l'appeler.

Il m'attrape par les épaules et me force à reculer à l'intérieur de la chambre puis m'installe sur le lit. Je n'arrive pas à résister, je n'en ai pas la force physique. Alors j'obtempère et attends qu'il aille chercher le médecin.

- Il va te poser des questions, ça serait bien que tu y répondes, ajoute Adam, calmement.


Je hoche la tête tout en restant silencieuse. Des questions sur quoi ? Je ne peux m'empêcher de m'inquiéter et mon envie de quitter cet endroit est de plus en plus présente. J'attends qu'il s'en aille pour partir d'ici, mais sous mon regard étonné, il appuie sur le bouton rouge de la télécommande du lit. Il m'observe et sourit.

- Tu ne croyais pas que j'allais te laisser seule ?

Son sourire devrait me rassurer, peut-être même me faire sourire également, mais je n'y arrive pas. Étrangement et pour la première fois depuis que je connais Adam, je ne me sens pas en sécurité à ses côtés. Ça a toujours été le cas pourtant, Adam m'a constamment transmis un sentiment de confiance, de sécurité. Mais à cet instant, je me sens plutôt prise au piège, démunie, sans aucune solution.
Je ne peux pas rester, mon père me l'a toujours interdit. Je dois quitter au plus vite cet hôpital.

La dernière aventureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant