Le début
Elle
J'observe cette main tendue vers moi. Dois-je la prendre ? Dois-je l'écouter ou dois-je fuir pour trouver un autre moyen ? Un autre moyen d'en finir, d'abandonner cette vie pitoyable et d'en finir une bonne fois pour toute sans que quelque chose ne se mette en travers de mon chemin.
Je n'en veux pas à cet homme, je ne peux pas lui en vouloir. Je me demande simplement, pourquoi. Pourquoi a-t-il fait ça ?
Après plusieurs secondes d'hésitations qui devaient lui paraître une éternité, je pose délicatement ma main dans la sienne et il m'aide à me lever. Une fois debout, il fait quelques pas en m'entraînant derrière lui avec un pas d'avance sur moi. Puis peu après il lâche ma main. Je marche lentement, la tête baissée vers mes pieds et les mains tenant la sangle de mon sac en bandoulière. Je ne demande rien, pas même où nous allons, ni ce que nous allons y faire, mais je le suis. Est-ce que je risque quelque chose ? Peut-être. Est-ce que ça m'est égal ? Oui. Je ne peux pas le savoir si je n'y vais pas, alors je prends le risque. Pour l'instant, c'est ma seule motivation, le risque.
Nous empruntons l'escalier qui mène à la surface, à l'air frais de la rue. Il était temps que l'on quitte cet endroit trop fréquenté et bondé. Habituellement je n'emprunte jamais ces transports en communs.
Il part en direction d'un parking, sûrement pour y rejoindre sa voiture. Je le suis toujours en silence. Je le vois lancer des regards rapides vers moi par moment, est-ce qu'il s'assure que je suis toujours là? Que je ne vais pas me jeter sur les rails ?
Lorsque nous y sommes, nous nous installons, toujours dans un silence complet. Soudain, sa voix s'élève, il me rassure en insistant sur le fait qu'il n'est pas dangereux et qu'il n'allait rien me faire. Je le crois sans difficulté, j'ai envie de le croire et il a l'air de tout sauf d'un pervers, méchant ou tortionnaire. Il attache ensuite sa ceinture et sort son téléphone de sa poche. Il y compose un numéro, qu'il doit connaître par cœur.
-Je ne pourrai pas venir ce matin, envoie quelqu'un d'autre pour le boulot aujourd'hui. Non, en fait pour la journée. Oui je sais... Désolé boss... Je t'explique demain.
Je le regarde durant toute la conversation et détourne rapidement la tête lorsqu'il raccroche. Comme s'il m'avait prise sur le fait. Il range ensuite son portable, je sens son regard sur moi et je regrette aussitôt mon côté curieuse. Après quelques instants, il se tourne, démarre la voiture et c'est quand je reprends ma respiration que je m'aperçois que j'avais arrêté de respirer.
Après une dizaine de minutes de route, nous arrivons dans un parking souterrain où l'obscurité règne. Je ne sais même pas où nous sommes. J'avoue ne pas avoir regardé la route ou le chemin qu'il a pris. J'étais tellement plongée dans mes pensées que je n'ai rien vu. J'essayais de penser à après, à la suite, à ce qui allait m'arriver et à ce que j'allais devenir...
Les phares de la voiture aident à y voir plus clair mais lorsqu'il coupe le moteur, le noir reprend sa place. Nous sortons de la voiture et il me rejoint rapidement en quelques enjambées. Il me prend par la main et m'entraîne vers les ascenseurs. Il appuie sur le bouton de ce dernier, un bruit sourd se fait entendre et les portes s'ouvrent.
Au septième étage, les portent s'ouvrent de nouveau et je sors de cette boîte métallique. Mes battements de cœurs s'accélèrent soudainement. Qu'est ce qui me prends de faire ça, de suivre des inconnus chez eux? Pour quel genre de fille vais-je passer ?
Ces sentiments sont étranges. Je me pose des questions, je stresse puis l'instant d'après, je les repousse et me dit que ce n'est rien de grave et que ça m'importe peu. De toute façon, peu importe ce qu'il m'arrive, plus rien ne m'atteint. Je ne m'en fais plus pour moi depuis bien longtemps. Je chasse donc mes peurs, mon pouls revient à la normal et j'avance vers une porte pour le suivre. Je relève la tête vers cette porte. Soixante-six.
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La dernière aventure
Genel KurguDes rails, un métro en approche et une jeune femme prête à en finir. Elle, qui semble vraiment avoir touché le fond et visiblement, plus rien ne la retient. Mais une voix, celle d'un jeune homme, la force à réfléchir davantage et elle décide alors d...