Jour de gloire

528 20 1
                                    

On avait vaincu Zeref depuis longtemps. Ma véritable identité avait été révélée au grand public depuis quelque temps déjà. Bien que choquée, la guilde m'avait accepté tel que j'étais. Après tout, comme le disait Makarof, je suis un enfant de Fairy Tail quoiqu'il arrive. Pourtant mal à l'aise au milieu de tous mes amis, je ne pus m'empêcher de partir. Je sentais constamment leur regard sur moi, telle une bête curieuse. Je savais qu'ils s'interrogeaient. J'aurai été le premier à le faire. Mais je supportais de plus en plus mal, ce doute incessant. En accord avec le maître, j'avais décidé de partir, m'installer ailleurs. Je ferai toujours partie de la guilde, mais je ne viendrai plus régulièrement. Des ordres de mission me seront proposés par le vieux.

Persuadé que cette option était de loin la meilleure pour moi, je n'imposais pas mon choix à Happy, qui choisit quand même de me suivre, comme toujours. Une seule chose, me restait à faire alors. Je m'étais rendu chez Lucy, pour lui annoncer de vive voix mon choix. Contrairement à la première fois où j'étais parti lâchement, cette fois j'avais trouvé la force de l'affronter. Après tout, ce n'est pas comme si je quittais la guilde. Pourtant, son manque de réaction face à mon aveu me fit mal. Moi qui pensai que ça l'affecterait un minimum. Après tout, on s'était rapproché dans l'adversité et bien que j'hésitais à mettre un nom sur mes sentiments pour elle, je savais qu'elle était devenue bien plus qu'une amie, au fil du temps.

Je me souviens, le lendemain, alors que je me rendais au train, j'eus la surprise de la retrouver sur le pied de gare, m'attendant. Abasourdi, je n'objectais pas lorsqu'elle m'annonçait venir avec moi. À vrai dire, j'étais tellement heureux de voir que rien n'avait changé, que malgré tout, elle restait la même. L'une des rares à se comporter comme si de rien n'était avec moi, comme si je n'avais pas changé. Plus tard, elle m'avouait que c'est parce que pour elle, quoiqu'il arrive je reste Natsu. Je me rappelle avoir souri bêtement face à sa réflexion. Lui arrachant un rire.

Naturellement, on construisit quelque chose ensemble. Nous rapprochant inlassablement. Tout vient aisément entre nous. À vrai dire, c'est comme s'il s'agissait d'une évidence. Une logique implacable. On se devait de finir ensemble. Je ne la voyais pas avec quelqu'un d'autre que moi, malgré ma véritable nature, et je ne me voyais avec aucune autre qu'elle. Pourtant, l'on prit notre temps, ne précipitant jamais les choses. Il fallait dire aussi qu'au début, j'avais beaucoup de mal à concevoir qu'elle pouvait m'aimer comme moi je l'aimais. Elle méritait tellement mieux que moi. Mais jamais, je ne regrettais son choix, nos choix. Et alors que je n'étais pas du genre à croire au destin, je voyais mal comment, notre relation pouvait s'expliquer autrement. On se retrouvait toujours, quoiqu'il arrive et ça coulait tellement de source. Elle et moi, on était un tout.

Un tout, qui s'agrandira bientôt. Impatient, je rongeais mon frein sous la surveillance des sages-femmes, qui devaient m'empêcher de défoncer cette porte, où les cris de souffrance de ma femme me perçaient les tympans. Râlant, je n'écoutais même plus Happy, qui me disait de me calmer. Selon lui, c'était mauvais pour le bébé. Le rapport ? Je ne sais pas. Après tout, ce n'est pas moi qui suis en train d'accoucher. M'enfin bref, je suppose qu'il se rassure comme il peut, lui aussi.

Puis, vient le silence. Un silence pesant. Avant qu'on entende les cris d'un nouveau-né. Heureux comme jamais, je me mis à sourire bêtement. Pressé de voir ma femme et mon enfant. Pourtant, on me fit signe d'entrer, une montée de stress me prit, et je me sentis tout petit. Anxieux, je m'avançais vers le visage resplendissant de ma Luce. Bien que fatigué, je percevais tout son bonheur. Elle me présenta alors Nashi, notre fille. Émerveillé par cette beauté de la nature, je ne réagis même pas, quand Lucy se moqua, me disant qu'elle avait mes cheveux. Non, moi, tout ce que je voyais, c'étaient les deux grands orbes chocolat, les mêmes que sa mère, me fixait. Apeurer, à l'idée de la briser, j'hésitais avant de la prendre dans mes bras. Et alors que Happy félicitait Lucy, moi je n'avais d'yeux que pour ma fille. Ma fille. J'étais papa. Ému, je me retournais, embrassant celle qui m'avait fait ce cadeau.

Souriante, elle rit joyeusement, se moquant de mon air béat. Mais je ne lui en tiens pas rigueur. Je n'écoutais même pas quand elle me disait qu'on devrait prévenir Makarof et le reste de la guilde, maintenant qu'elle était venue au monde. Il est vrai qu'on n'avait mis au courant personne pour la grossesse de Lucy. On voulait être sûr que tout se passerait bien. Après tout, c'était la première fois qu'un démon engendrait une descendance. J'avoue avoir fait également pression, de peur d'être jugé, bien que je savais que c'était stupide, j'avais toujours peur, que les autres me fixent tel le monstre que j'étais. Seule Lucy et Happy me donnaient le sentiment d'être pleinement accepté.

Je m'installais, alors contre ma conjointe, notre fille entre nous. Le sourire aux lèvres, je la remerciais pour tout ce qu'elle faisait pour moi et m'apportait. Toucher par mes mots, elle posa sa main contre ma joue, me disant que c'est elle qui devrait me remercier. Ne cherchant pas à savoir qui avait raison, je lui soufflais juste un « je t'aime », auquel elle répondit. Heureux comme jamais, je sais désormais où est ma place. Elle se trouve entre cette femme fabuleuse et notre fille. Et j'espère que de là où tu es papa, tu es fier de moi.

Recueil One Shot NaluOù les histoires vivent. Découvrez maintenant