Recueil One Shot Nalu

Errance

Un an. C'est fou comme un an peut être long. À vrai dire, j'avais oublié à quel point les années pouvaient être longues quand on est seule. Seule. Je ne l'avais plus été depuis bien longtemps. Depuis que ma route avait croisé la tienne, pour ne plus jamais la quitter. À partir de ce jour, je pensais que nous serions inséparables. Tu étais devenu mon pilier, mon soutien, mon bonheur, mon feu de joie. Je pensais que ces moments seraient éternels. Mais je sais oh combien la vie peut être cruelle. Je l'ai expérimenté, plus d'une fois et bien trop tôt à mon goût. À vrai dire, je pensais que ça serait différent cette fois, mais ce ne le fut pas.

Je ne pouvais concevoir que ce que tu m'avais écrit été vrai. Bien sûr, je comprenais ton besoin de solitude, tu venais de perdre ton père et je sais mieux que quiconque combien ça fait mal. Mais jamais je ne pensais que tu aurais la lâcheté de tous nous abandonner. De m'abandonner. Si tu savais comment j'ai souffert en découvrant ta lettre. Moi qui espérais que l'on se serrerait les coudes encore une fois, comme on l'avait toujours fait. Si tu savais ce que je ressentais à cette époque. Je venais de perdre ma plus vieille amie. Je me sentais sale, souillée, inutile, faible. J'espérais pouvoir t'en parler dès que tu irais un peu mieux, mais tu ne m'en as pas laissé le temps. Jamais tu ne seras qu'Aquarius n'est plus.

Puis le coup de grâce me fit donner quand Makarof décida de dissoudre la guilde. Moi qui espérais pouvoir me reposer sur mes autres amis, pendant ton absence, je ne le pus. Au contraire, je me mis à errer. Espérant trouver un but à ma misérable vie. Les autres ne semblent pas avoir eu du mal à le faire, mais moi j'en étais incapable. Je me rendais compte que mon monde, c'était la guilde et toi. Uniquement toi. Je ne prenais l'ampleur de mes sentiments que maintenant. Et sans le vouloir, je me mis à te haïr. À te haïr, de m'avoir rendue dépendante de toi, de m'avoir abandonné comme si je n'avais jamais compté pour toi.

Mais d'un autre côté, je te remerciais, car à partir de cet instant, je décidais de ne plus jamais dépendre de personnes. Je m'entraînais sans relâche, exploitant au maximum mes capacités. Souhaitant que vous soyez fier de moi, quand vous me reverrez, que tu sois fier de moi, car oui, nous nous reverrons. Je ne sais pourquoi Makarof a dissous la guilde, mais je sais qu'il ne l'a pas fait sans raison valable. Alors je vous cherche tous sans relâche profitant de mon nouveau métier pour récolter des informations. Ces petits bouts, de votre existence, me maintenaient en vie. J'étais tellement pitoyable.

Au fur et à mesure que les mois passés, la haine que je ressentais à ton égard s'adoucit, pour se transformer en rancœur, car après tout, je te comprenais. Tu avais dû te sentir faible et tu avais comme à ton habitude foncé sans réfléchir aux conséquences. À ce que tes actes entraîneraient. À ce qu'ils provoqueraient sur mon pauvre petit cœur. Je comprenais ton besoin de vouloir progresser, afin de tous nous protéger, mais je ne pouvais m'empêcher de t'en vouloir, pour l'avoir fait sans moi. Le mot coéquipier signifiait si peu à tes yeux ?

Cette question, je ne cessais de me la poser et encore aujourd'hui alors que tu ne semblais pas comprendre, pourquoi je t'en voulais. Pourquoi malgré tous mes efforts, je n'arrivais plus à être exactement comme avant. Pour te dire la vérité, depuis ce jour où tu es réapparu dans ma vie comme lors du premier, c'est-à-dire, brutalement, subitement, à l'image de ta personne. Je ne cesse de ne me poser cette question. Vas-tu disparaître à nouveau comme tu l'as fait ? Vas-tu une fois encore m'abandonner ? Mon absence ne semblait pas t'avoir plongé dans l'état dans lequel j'avais été pendant toute cette année. Dans cette errance perpétuelle. Car le destin semblait peut-être nous réunir à chaque fois, mais que représentais-je vraiment à tes yeux ?